Chapitre 49

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JAKE

Québec, Canada

Il  y a un peu plus de cinq ans, je suis tombée très bas après mon accident. Je ne l'ai jamais avoué mais sortir de ma dépression a été difficile et pour cela j'ai dû quitter le Québec. Cette province Canadienne où j'ai vu le jour et qui m'a vu grandir. La ville de Montréal a bercé les meilleurs comme les pires moments de ma vie. J'y ai rencontré Sara, on a eu notre fille et nous l'avons vu grandir dans cette ville que nous avons si longuement traverser. J'ai fui cette ville pour tenter de surmonter ma peine. Aujourd'hui, je reviens pour tenter de réparer ce que j'ai brisé chez mes proches en disparaissant. Je n'aurais pas dû réagir ainsi, eux aussi était en deuil, m'éloigner sans leur donner de nouvelle n'était pas une chose à faire. May m'a permis de me rendre compte de ce que je risquais de perdre si je continuai à me voiler la face. Voilà pourquoi, nous sommes dans cet avion en direction de Montréal. A l'approche de cette ville qui a beaucoup compter pour moi, je me sens nerveux, il y a temps de souvenir qui risque de m'assaillir. C'est déjà le cas dans cet avion, je me souviens d'un retour de vacances avec Sarah. On était tous les deux heureux d'avoir appris sa seconde grossesse, Laya fixait le hublot émerveillée de voler au-dessus des nuages. J'étais tellement heureux de tenir ma fille et de l'observer vivre ce moment avec des étoiles dans les yeux. Je m'imaginais déjà avec notre second enfant. Thomas, n'auras même pas eu la chance de connaître sa sœur. Je suis sûr qu'ils se seraient entendus à merveille. Laya était un amour, toujours câline et gentille. Elle me manque. A cet instant, plus que jamais.

Ému et le cœur lourd, je quitte mon siège pour rejoindre les toilettes quand une hôtesse m'interpelle.

- Nous allons atterrir, veuillez rejoindre votre siège, s'il vous plaît.

Contraint d'obéir pour ma sécurité, je retourne m'asseoir auprès de ma petite amie. J'attache ma ceinture et elle glisse sa main dans la mienne comprenant sûrement que ça ne va pas.

- Ça va bien se passer, je suis là.

- Merci, dis-je avant de l'embrasser tendrement. Ça ne va pas être simple mais c'est nécessaire.

- Ils seront contents de te voir.

- Ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus.

- Qu'est-ce qui te stresse ?

- Ma belle-mère, elle vit dans le même quartier que mes parents.

- Elle a peut-être déménagé depuis.

- Aucune idée, dis-je alors que nous sommes secoués par l'atterrissage.

Ça y est, nous sommes au Canada, à Montréal. A quelques minutes de route de la maison de mes parents. Le stress monte en moi bien que je tente de le camoufler au mieux. Nous quittons l'avion pour rejoindre l'aéroport et récupérer nos valises. May accepte mon silence et ne tente pas de me faire parler davantage, je la remercie intérieurement pour ça. Il me faut du temps pour gérer mon anxiété et ma peur. Nous récupérons nos affaires afin de rejoindre l'air de taxi.

- Tu veux qu'on aille se prendre une chambre d'hôtel ?

- Non, je vais être désagréable et je ne vais faire que reculer, si on ne va pas voir mes parents maintenant.

- D'accord, allons chez eux alors.

Nous montons dans un taxi et je donne cette adresse que je n'ai pas prononcée depuis des lustres. Le chauffeur démarre sans attendre alors que je m'affale dans mon siège le regard tourné vers la fenêtre. May se blottit dans mes bras malgré mon long silence. Pas un mot ne quitte nos lèvres pendant le trajet, mes yeux ne quitte pas le paysage, je reconnais les rues, les magasins et les endroits touristiques. Lorsque nous passons devant le parc du Mont-Royal, je sais que nous nous rapprochons du quartier où j'ai grandi, Outremont. Les majestueuses maisons de style victoriennes se dressent sous mes yeux et mon cœur se serre. J'ai grandi dans ce quartier, je reconnais chaque maison et me rappelle des noms de chaque propriétaire. Je me les remémore silencieusement, la famille Leblanc dont le fils fait un boucan d'enfer avec sa batterie tout le dimanche, les Tremblay dont les triplets partageaient une passion commune pour notre équipe du lycée, Madame Gauthier réputé pour ses bons gâteaux, et enfin au bout de cette rue, la maison de mon enfance. Le taxi s'arrête devant la boîte à lettre où est inscrit Harrison en grosse lettre.

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant