Chapitre 41

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JAKE

La chaleur est intenable, je me sens vraiment mal. Mais ce n'est rien en comparaison de cette odeur, une odeur que je ne saurais décrire ou nommé. J'émerge difficilement de la noirceur où j'étais enfermé pour me retrouver dans ce qui ressemble à l'enfer. Des flammes s'élèvent dangereusement devant moi, alors que je reprends à peine conscience des événements. Je me lève d'un bond, retombant instantanément comme une feuille en automne. Mes mains ont été détachées par je-ne-sais qu'elle miracle mais il semblerait que ma prothèse a été quelque peu endommagé par les flammes. Je fais de mon mieux, puisant en moi le peu de force qu'il me reste pour me lever malgré les étourdissements dus au coup que j'ai reçu. Je rejoins le lit où est étendu May, la chair de mes bras brûle lorsque je tente de l'atteindre. Malgré la douleur, je l'attrape pour la sortir de là. Je ne sortirais pas de cette pièce sans elle.

Je n'ai pas la force de la porter, et la fumée me fait tellement tousser que je me sens au bord de l'évanouissement. Mais l'amour est plus fort que tout, je parviens à la traîner jusqu'à la porte avant de m'échouer sur elle. La fumée et la chaleur ont eu raison de moi, j'aurais fait de mon mieux pour nous sortir de là. Je plonge de nouveau dans l'obscurité, mon corps plaqué contre celui de May. J'aurais fait mon maximum pour finalement finir dans les flammes.

L'amour et l'adrénaline n'auront pas été suffisants cette fois. Tout le monde n'est pas fait pour être un héros. J'aurais tout essayé et j'ai au moins le mérite de m'être battu jusqu'au bout. Mais parfois, il faut savoir rendre les armes. Mon corps est meurtri par toute cette histoire, et je sens au fonds de moi que même mon instinct de survie tari a mesure que je respire cette fumée. Il n'y pas de héros ou de prince charmant dans toutes les histoires. Parfois, il y a juste des mecs comme moi qui feront de leur mieux même si de temps en temps ce n'est pas suffisant pour avoir la fin d'un conte de fée.

***

Ce bruit strident et répétitif qui résonne dans ma tête, je l'ai déjà entendu. Cette sensation d'avoir le corps en miette, je les déjà ressentis, tout comme le fait d'avoir le cœur en morceau. J'ai déjà ressenti et vécu ça, je sais donc ce qui se passe après. Je n'ai pas le courage d'ouvrir les yeux. Je les déjà fait et a ce moment-là, la chute a été vertigineuse. Entendre que j'avais perdu ma famille m'a suffi, je ne veux pas revivre la mort d'une personne que j'aime. C'est pourquoi je n'ouvrirai pas les yeux. Personne ne me forcera à revivre l'enfer. Le souvenir de ce jour où on m'a annoncé les conséquences de l'accident est encore bien présent à mon esprit. Je revois le médecin comme s'il était devant moi !

* Flashback*

- Monsieur Harrison, ce que j'ai à vous annoncer va être difficile à entendre, êtes-vous prêt à m'écouter ?

- Dites-moi seulement où est Sarah ? Où sont nos enfants ?

Le ton de ma voix est faible mais il se veut tout de même brusque et ne laisse pas la place à l'hésitation.

- Je suis au regret de vous annoncer que votre femme est décédée ainsi que votre fille et votre bébé.

- Non... Ce n'est pas possible.... Leïa... Ma princesse. Non, je ne vous crois pas. Sarah a donné naissance à notre fils, comment il va ?

- Ils sont tous les trois décédés, m'annonce ma mère en larmes en venant auprès de moi pour me prendre dans ses bras.

- Non, ils sont vivants, je... ce n'est pas possible... Je veux mourir aussi...

Les larmes ruissellent sur mes joues, alors qu'on injecte quelque chose dans ma perfusion. Rapidement, je me laisse envahir par un nuage cotonneux. Le sommeil m'emporte en un rien de temps, loin de ma famille et de ma souffrance. Dans cet épais brouillard dû au médicament, je revois le visage rieur de ma petite amie, nos moments passés ensemble me passe par la tête. Je revois le jour où elle m'a annoncé sa première grossesse. Tous les objets qu'elle avait dissimulés dans la maison, les bodys, les tétines et les jouets. Je revois tout ça, ainsi que le moment où j'ai compris, j'ai aimé notre bébé. Ce fût encore plus le cas quand j'ai vu ma fille lors de l'échographie. Leïa a été l'amour de ma vie autant que sa mère, du premier cri qu'elle a poussé, j'ai su que ma vie valait le coup pour elle. Elles me rendaient heureux, agrandir la famille était donc une évidence. Un fils, Thomas, je n'aurais pu rêver mieux pour me combler....

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant