Chapitre 33

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MAY

* Flashbak *

Je déteste ce sentiment de solitude lorsque je suis entouré par l'obscurité. Tous les soirs, c'est pourtant ce sentiment qui me traverse quand maman éteint la lumière après l'histoire du soir. Elle sait que je n'aime pas quand les lumières sont totalement éteintes, mais depuis que j'ai soufflé ma dixième bougie, maman et papa veulent que je sois raisonnable. D'après eux, il est temps que je comprenne qu'il n'y a pas de monstre dans l'obscurité et que je ne suis jamais seule. Ils sont dans la chambre à l'autre bout du couloir, et Jimmy est dans celle en face. Je ne suis pas seule dans la maison, il n'y a pas de monstre dans ma chambre. 

Pourtant ce sentiment est toujours là, je serre mon ours contre moi en fixant le trait de lumière sous la porte de ma chambre. Je ne suis pas seule dans la maison, il n'y a pas de monstre dans ma chambre. Je continue de me répéter cette phrase pour me rassurer, mais quelque chose me dit que ce n'est pas totalement vrai. J'ai l'impression d'être observé. D'habitude, j'ai peur, mais là ça va au-dessus de ça. Je m'apprête à appeler ma mère quand une ombre passe devant la porte et un bruit se fait entendre. On aurait dit un grognement, je me redresse sur le lit en serrant mon ours contre moi. La peur au ventre, je sens quelque chose bouger auprès de moi. Je me mets à hurler quand on m'agrippe le bras.

Papa entre dans la chambre précipitamment, il allume la lumière alors que le grognement s'est changé en un rire. La lumière remplace l'obscurité ce qui me permet de constater que le monstre qui m'effraye, n'est autre que Jimmy ! 

- Jimmy ! Qu'est-ce que tu fais dans la chambre de ta sœur ? Dit-il en venant vers nous. Va te coucher, on en parlera demain.

Mon frère me tire la langue en sortant de ma chambre pour rejoindre la sienne, mon père me serre dans ses bras pour faire cesser mes larmes en me réconfortant.

- Ce n'est rien ma puce, dit-il de cette voix douce et légèrement rauque que j'adore. Ton frère sera puni demain, tu dois dormir.

- J'ai peur, dis-je en sanglotant.

- Tu sais l'obscurité fait peur à tout le monde, mais je peux t'assurer que ton instinct est ton meilleur ami. Ce que tu entends ou ce que tu ressens. Tu n'as pas besoin de voir pour savoir. Si ton corps ne te signale pas qu'il y a un danger, tu peux dormir en paix. Ton frère t'a fait peur ce soir, mais il n'y a rien ici qui te fera du mal. Tu es ma fille et je te protégerai toujours !

- Merci papa, je t'aime, dis-je en me blottissant dans ses bras. 

- C'est normale ma princesse. Maintenant, dors, je vais m'assurer que ton frère est bien dans son lit. Fais de beau rêve ma princesse, dit-il en se levant pour m'embrasser sur le front.

Il quitte la pièce en éteignant la lumière et en fermant la porte. Blottis dans mon lit, je serre mon ours contre moi et me concentre sur ce que j'entends, ce que je ressens. Cette nuit, après cette frayeur, je m'endors avec la certitude d'être seule et en sécurité. Mon papa a su me rassurer, et chaque soir qui ont suivi, je suis resté assise sur mon lit à écouter pendant plusieurs minutes avant de m'endormir.

***

Quand j'ouvre les yeux après ce doux rêve qui est aussi un très beau souvenir. Je sens l'adrénaline monter dans mes veines. L'obscurité m'entoure, ainsi que le silence. C'est effrayant, étouffant, et complètement déroutant. Je n'ai aucun moyen de savoir où je me trouve, aucune lumière pour me donner une indication de temps. Je suis dans l'incapacité de bouger ou de hurler, donc tous mes sens sont en effervescence. A l'affût du moindre son et du moindre mouvement. Mais il ne se passe rien. Le silence est assourdissant, je me sens totalement perdu et apeuré.

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant