Chapitre 5

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Ça y est ! C'est le jour J. Je dois me rendre en ville, pour répondre aux questions au tribunal. Les choses sont plus sérieuses à présent, plus question de faire face à la police, je vais faire face à des magistrats qui passent leur journée à régler des affaires de ce genre. Je vais devoir leur parler et surtout les convaincre. Enfin quand je dis, les convaincre, je veux surtout dire, que je dois leur faire comprendre le cauchemar que m'a fait vivre Darren. Ils devront ensuite se référer aux preuves pour être vraiment convaincue, mais dans ce cas, pourquoi je flippe autant ?!

J'ai passé une très mauvaise nuit pour la première fois depuis que je suis arrivée dans ce petit cottage. Mes nuits ici ont été les meilleurs depuis longtemps et voilà que la possibilité de retourner en ville m'empêche de dormir. Paris n'est plus une ville pour moi à présent. Cette ville est le centre de mon cauchemar, m'éloigner m'aidera mais pour cela je dois prendre mon courage à deux mains et de nouveau affronter la cruelle réalité de ma vie !

Harvey frappe à la porte de cette pièce exiguë qui m'a servie de chambre pendant plus de deux semaines. Mes blessures physiques ne sont plus qu'un lointain souvenir mais mes blessures mentales sont toujours bien ancrées en moi. Il faudra bien plus de quelques semaines pour que je sois totalement remise de tout ce qu'il m'a fait subir. Trois ans de cauchemars, de coups, d'insultes et de traumatisme. Il me faudra sûrement bien plus pour me remettre. Cette guérison doit continuer aujourd'hui en me rendant au tribunal, je me redresse dans mon lit, mes pieds nus rencontrent le parquet froid de la chambre. La lumière du soleil emplie la pièce par les fins rideaux, je me lève pour me diriger vers la petite commode en bois pour prendre les vêtements que m'a achetés Harvey pour ce jour si spécial ! Un chemisier et un tailleur pour faire bonne figure devant le juge.

Mes vêtements sous le bras, je me rends à la salle de bain, et me glisse sous la douche après avoir posé ma tenue sur une commode contenant les serviettes. J'ouvre le robinet et l'eau froide, ou devrais-je dire, gelé, entre en contact avec ma peau me faisant sursauter. Ce coup de froid me réveille instantanément, l'eau dans cette maison met toujours très longtemps à chauffer donc j'ai appris à supporter l'eau froide.

Dix minutes plus tard, l'eau est à peine tiède quand je sors de la douche. Je m'enroule dans une serviette pour ne pas avoir plus froid et je me sèche vigoureuse. Une fois sèche et surtout réchauffée, je m'habille, attache mes cheveux en une queue-de-cheval plutôt structurée et je me mets un trait d'eye liner. Pour me donner meilleure mine, j'ajoute plus de maquillage que je ne l'avais prévu. Lorsque je me juge prête, je sors de cette salle de bain microscopique et dénoué de charme pour rejoindre le petit salon au décor ancien. Harvey sort de la cuisine tout aussi rustique avec deux tasses de café encore fumante. 

- Parfaite, dit-il en m'observant rapidement. Vous allez faire bonne impression comme ça. Par contre votre pantalon semble un peu grand. 

- Oui, je crois que j'ai perdu du poids depuis l'agression. 

- Ah, il faudra manger davantage ! Mais pour le procès, c'est parfait, en un coup d'œil ils verront que tout ça pèse sur vous.

- Sûrement, dis-je en prenant la tasse de café. On part vers quelle heure ? 

- Dans une dizaine de minutes, l'agent Thomas sera au tribunal. Il tient à vous voir, dit-il en s'asseyant sur le canapé. 

Dix minutes plus tard, nous sommes tous les deux dans la voiture, en route vers le tribunal. Le trajet est très long car nous sommes en dehors de Paris, en plus Harvey et moi n'avons pas énormément de conversation ! Je passe donc mon temps à fixer la route, les arbres et les campagnes défilent à vive allure sous mes yeux. C'est une belle journée et j'espère que ça sera toujours le cas après avoir passé cette nouvelle étape pour me débarrasser de Darren. Le temps passe tout comme les paysages. Finalement, les arbres laissent place aux lampadaires, aux panneaux et aux feux tricolores, la nature verte et pleine de vie laisse place à la rudeur des routes et des bâtiments car la campagne laisse place à la ville ! 

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant