Without you, I breathe

Chapitre 22

JAKE

Travailler ne m'a pas aidé comme je l'aurais imaginé, j'ai donc ressorti du placard un vieil ami. Pas de l'alcool, non, ça ne m'aidera pas. Actuellement, je suis en rogne. La rage grandie en moi depuis mon réveil ce matin. Je suis en colère contre la vie, pour ce qu'elle m'a volée. Je suis en colère contre cette ville, qui a fait de cette journée une fête ! Je suis même en colère contre moi, pour la simple raison que je suis en vie, et pas elle. Je passe donc ma colère contre un sac de frappe que j'ai accroché au milieu de mon garage. Entouré des voitures de mes clients et de cette musique Rock, je laisse cette rage m'envahir et s'évacuer violemment dans chaque coup de poing, chaque coup de pied. Je n'ai aucune pitié pour ce sac qui a déjà connu pire !

Essoufflé et en sueur, je me permets de penser à ce moment de ma vie où j'ai touché le fond. Je m'exprime avec violence. Aujourd'hui, plus que tout les autres jours depuis ce jour tragique, j'en veux au monde de tournée alors que j'ai l'impression d'être au point mort. Je laisse les larmes se mêler à ma sueur alors que des cris de rage s'échappent de mes lèvres. Ce coup de poing qui fait trembler le sac est pour l'homme qui a décidé un jour de neige de prendre cette route avec son poids lourd alors qu'il avait bu. Celui-ci est pour le blizzard qui ne m'a pas permis de réagir assez tôt. Celui-là et pour toutes les personnes qui m'ont rabâché que j'avais de la chance d'être en vie !

Être en vie est loin d'être une bénédiction pour moi, c'est une punition. Je n'ai rien fais pour les garder auprès de moi. La douleur que je ressens dans ma jambe n'est pas suffisante à mon goût, je prends appui sur ma prothèse et m'acharne sur ce sac de frappe sans me préoccuper un instant des douleurs que je devrais subir pendant des jours au niveau de cette jambe qui pèse par son absence.

Je sursaute presque quand un bruit se fait entendre contre la tôle qui entoure mon garage. Surpris de ce bruit, je me retourne vers la porte. May est visible par la fenêtre ce qui me surprend encore davantage, pourquoi vient-elle ici surtout après notre dernière discussion, qui était plutôt une dispute.

Je retire mes gants et arrête la musique pour aller lui ouvrir. Elle a l'air étonnée de me voir dans cet état. Je la laisse entrer, car je suis en short, ma prothèse est donc visible. Je ne souhaite pas qu'un passant la vois. May entre alors que je referme la porte derrière elle et baisse le store sur la fenêtre de la porte.

- Que me vaut cette visite ?

- Je voulais te parler.

- Je t'écoute, dis-je en croisant les bras.

- J'aimerais qu'on aille ensemble à la fête de ce soir.

- Non, j'en ai marre de me répéter donc écoute-moi bien, je ne mettrais pas les pieds à cette soirée !

- Mais pourquoi ?

- Ça me regarde.

- Tu es chiant !

- Toi aussi, dis-je en retournant vers mon sac de frappe. Pars et referme la porte derrière toi.

- Jake, s'il te plaît, explique moi ce qui te bloque. C'est ta jambe ?

- Non, je peux très bien danser avec ce truc ! Laisse-moi tranquille.

- J'essaie de t'aider, tu voulais qu'on soit ami, après tu m'embrasses et tu me dis ressentir plus. Quand j'essaie de t'aider, tu m'envoies bouler.

- Tu veux que je m'ouvre à toi alors que tu n'es pas capable de le faire.

- Je dois me protéger.

- De moi ? Tu crois que je pourrais te faire du mal, May ?!

- Tout le monde est capable de faire du mal ! Dit-elle la gorge serrée par l'émotion.