Chapitre 43

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MAY

Cette nuit cauchemardesque prend fin au levé du soleil, je sors de mon lit sans attendre. Je débute ma journée par une bonne douche pour me débarrasser de la sueur qui perle chaque parcelle de mon corps. La douche est devenue mon endroit préféré, c'est sûrement bizarre à avouer mais c'est vrai. Sous l'eau, je me sens à l'écart, et surtout, je me sens laver des mains de Darren sur mon corps. Certes, les hématomes et les cicatrices marquent encore ma peau, les cicatrices resteront jusqu'à mon dernier souffle, elles ne s'estomperont jamais totalement. Les traces qu'il a laissées seront à jamais ancrées à moi. Sous cette eau tiède, je laisse couler les larmes et ce sentiment étrange d'être toujours sale. Je déteste Darren, et je me fais la promesse de lui faire face quand je me sentirai assez forte. Mon psy m'a dit que parfois avancé en tentant d'oublier est bien plus difficile que de faire face au monstre qui nous enchaîne au passé. Je dois profiter de le savoir en prison où il ne peut pas m'atteindre pour lui dire ce que je ressens. Je ne suis pas sûr que mes proches apprécient cette idée, mais je sens que j'en ai besoin. J'évoquerai cette idée avec mon psy, tout à l'heure. Pour l'instant, un bon petit-déjeuner s'impose. 

J'essuie mes larmes et sors de la douche. Il ne me faut que très peu de temps pour être prête à affronter cette nouvelle journée. Joe m'attend à la cuisine, comme la veille, pour un petit-déjeuner en tête à tête. Je n'ai pas encore le courage de retourner chez Sandy donc nous avons un peu modifier notre habitude matinale. Vous l'aurez donc compris, mon travail est également mis en suspens. Priorité à la santé, et ma santé mentale à grandement besoin de temps et de soin. 

- Tu as réussi à dormir un peu cette nuit ?

- Oui, merci encore d'être venue me réconforter.

- C'est normale, j'espère que bientôt tout ira mieux pour toi, tu sembles si fatigué.

- Oui, je me maquillerai un peu après le petit-déjeuner.

- Un petit pas en avant ! 

- Oui, enfin, c'est surtout que je vais voir Jake après.

- Excellente nouvelle, dit-il en souriant joyeusement. Ça te va si je te pose à l'hôpital et que je reviens te chercher quand tu m'appelleras ?

- C'est parfait, dis-je en le pensant vraiment.

L'idée de faire face à Jake m'effraie un peu. Les paroles de Joe, la veille dans la voiture, sont mon unique raison de me rendre à l'hôpital pour faire face à celui que j'aime. J'ai tellement peur de sa réaction, je ne sais même ce que je pourrais lui dire. Je décide de ne pas penser plus à cette future confrontation ou retrouvaille, appelez ça comme vous voulez. Je vais avancer pas à pas, une mission à la fois. Je termine mon petit-déjeuner, débarrasse mon bol et monte dans ma chambre afin de me laver les dents et me maquiller rapidement. Nous quittons la maison peu de temps après, Joe me conduit à l'hôpital. Le trajet se fait en musique, la voix de Brett Eldredge résonne dans l'habitacle sur cet air de country que j'adore. Je fixe le paysage en essayant de me convaincre que cette journée sera bonne. La voiture ralentie devant l'hôpital alors que les battements de mon cœur s'accélèrent. Ça y est, c'est officiel, j'ai peur de faire face à Jake.

- Ça va aller, tu veux que je t'accompagne ?

- Je vais m'en sortir, merci.

- D'accord, appelle-moi quand tu as fini.

- Promis, à tout à l'heure, dis-je avant de l'embrasser sur la joue.

Je quitte le véhicule pour me rendre à mon rendez-vous. En marchant dans cet hôpital, je tente de me rassurer, en me disant que je ne devrais affronter Jake dans une heure seulement. Ça ne me rassure que très peu car je sais que pour ce rendez-vous, je vais devoir me dévoiler et parler des pires années de ma vie. Dans les couloirs de l'hôpital, j'évite le regard des gens car chacun d'eux connaît à présent mon histoire. Je n'ai pas envie de supporter leur pitié, leur question ou encore leur méfiance. Je préférais quand personne ne savait rien sur moi, c'est ça le problème des petites villes, tout se sait vite ! C'est donc, tête baissé, le regard fixé sur mes pieds que je rejoins le bureau de mon psy. Ce dernier m'accueille joyeusement en m'invitant à prendre place où bon me semble dans son bureau, je choisis une chaise qui me semble beaucoup moins cliché que le sofa où il m'avait invité à m'allonger le premier jour.

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant