Passé - 31 janvier 2018
Un verre par personne, il se vidait à vue d'œil. Les rôles étaient attribués, chaque groupe savait quoi faire. Ils se lançaient des banalités, des rires faux se baladaient entre des anecdotes déjà racontées. Les plateaux passaient entre les mains, la famille picorant plus que nécessaire.
— Non merci, j'en ai déjà eu assez, s'exclamèrent-ils au fur et à mesure que l'heure avançait.
La sonnerie retentit et annonça la venue des retardataires. Le bonsoir s'ensuivit d'une bise et d'un comment ça va, répondu à l'affirmative, comme toujours. Évidemment, qui avouerait que ça n'allait pas bien ? Une discussion de sourds serait alors entamée. On avait tous des problèmes, alors évitons d'avoir ceux des proches sur nos frêles épaules. Meika se fraya un chemin entre les tables, jetant des coups d'œil vers sa copine.
— Maria ! Alors tu es la fameuse amie de Meika.
— Oui et vous sa grand-mère, répondit la concernée en détachant ses cheveux crépus.
— Cesse de me vouvoyer et appelle-moi Solange.
Un sourire apparaissait entre ses rides. Seule sa petite fille ne le remarqua pas, elle était trop concentrée sur le feu qui dansait dans la cheminée. Elle se retenait depuis tout à l'heure de crier à sa famille que Maria n'était pas qu'une amie. Mais pour l'instant, elle se contentait de serrer furtivement sa main pour se donner du courage. Une nouvelle année avait commencé, elle savait qu'elle parviendrait à prendre confiance en elle et à affirmer qui elle était vraiment.
Un fauteuil roulant se mit en travers de sa vision. Son attention s'attarda alors sur George, son beau grand-père. Il les fixa un instant et continua son chemin. Machinalement, Meika porta ses ongles à sa bouche. Les yeux du doyen ne cessaient de jongler entre elles et le téléphone fixe. Elle ne comprenait pas son comportement, lui qui d'habitude se tenait à l'écart, sans cesse assoupi.
Elle quitta le duo de femmes et partit se ravitailler avec les derniers biscuits apéritifs. À son retour dans la salle à manger, elle manqua de renverser le plateau de toasts tant la vision qui se déroulait sous ses yeux était irréelle. George et Maria discutaient avec animation vers les bois enflammés. Ses sourcils se joignirent un instant et elle analysa la situation. Depuis quand parlait-il avec autant d'animation ? Et pourquoi discutait-il avec Maria ? Il n'avait jamais laissé s'échapper plus d'une phrase depuis son arrivé à ses six ans. Le voir aussi... vivant la surprenait.
Ils cessèrent immédiatement leur conversation quand ils remarquèrent la présence de Meika, figée au milieu de la pièce. Cette dernière se mit à nouveau en marche et essaya de garder une contenance. Elle attrapa le bras de sa bien-aimée et la questionna quand elles furent assez à l'écart.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? chuchota-t-elle en fixant les invités.
— J'en sais rien moi, il me parlait de toi. Il voulait juste faire la conversation. Arrête de stresser, tout se passe bien.
Elle se retint de la prendre dans ses bras et se contenta de la regarder intensément. Meika était persuadée qu'elle lui mentait. Dans ses yeux noirs, elle voyait qu'elle était troublée. Elle la connaissait beaucoup trop bien.
Une sonnerie de téléphone l'empêcha de parler. George décrocha le combiné et Meika sentit son regard se poser à nouveau sur elle lorsqu'il sortit du salon.
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NDA : Les chapitres avec les chiffres romains se situent avant l'histoire. Il y aura des indications temporelles avant chaque chapitre. Si ce n'est pas clair, vous pouvez me le signaler. Merci !
(chiffre romain)
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(chapitre-X)
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Courir après la mort. [FINI]
ParanormalSuite au décès de son beau grand-père, Meika s'est refermée sur elle-même. Un terrible accident la plonge dans un profond coma où elle ne reste ni immobile ni même inconsciente. Elle n'a qu'une idée en tête : comprendre le passé de cette famille rec...