Chapitre-3:

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Présent- 11 mars 2018

La semaine qui suivit fut étrange. Sa bande d'amis restaient assez prévenants, même si certains l'ignoraient totalement. Ce dimanche, elle accepta de revenir chez sa grand-mère. Son but n'était pas de profiter de sa compagnie, mais d'en savoir plus sur George.

Elle réfléchissait depuis plusieurs jours à tout cela. Pourquoi les dernières paroles de celui-ci auraient-elles pu déranger Solange ? Était-ce en rapport avec Meika ? Elle ne lui donnera rien du tout. De toute manière, il n'avait révélé aucun secret, c'était juste un conseil. Alors, autant se servir de ce mystère qui planait afin de lui tirer les vers du nez.

Après l'échange de banalités, Fabrice, son père, s'en alla. L'après-midi allait s'étirer en longueur. Meika ne voulait pas attirer l'attention sur ses recherches. À son plus grand bonheur, la propriétaire téléphonait avec un certain Jean.

— Ton fils fait quelque chose de juste, comme nous pendant tant d'années. L'hôpital n'en saura jamais rien, Baptiste est en sécurité...

Elle s'enferma dans la cuisine. Meika saisit cette occasion et sortit discrètement de la pièce avec son sac de cours sur les épaules. Le bureau avait été vidé de tous les effets personnels du défunt et ils étaient entassés dans le garage.

Sa détermination s'essouffla, il y en avait tant. Des inscriptions ornaient les cartons : « Bureau », « Salon » « Volière et cabane à outils ». Interpellée par ce dernier, elle l'ouvrit. Il était composé de tickets de caisse pour du grillage, de la nourriture pour oiseaux avec des gants à moitié déchiquetés. Elle se souvenait d'un vieux bâtiment au fond du jardin, ils avaient dû l'aménager.

Cela lui fit penser au corbeau qui se posait sans cesse sur sa fenêtre. Et si... Elle secoua la tête, c'était peu probable que cet oiseau possède un quelconque lien avec George. Elle le voyait mal se prendre d'une passion soudaine pour le dressage. Et ce n'était sûrement pas Solange qui allait l'encourager. Elle détestait ce qu'elle appelait la volaille sauvage. Son attention se porta sur un objet qui n'avait pas sa place ici : un album photo apparemment neuf. Elle le feuilleta et découvrit trois pauvres photos qui se battaient en duel. Elle n'eut pas le temps de les détailler car des pas arrivèrent rapidement. Elle s'empressa de ranger le précieux objet à l'intérieur de son sac. Le cœur battant, elle se leva.

— Bon sang, je te cherchais partout ! J'ai besoin de ton aide pour mettre de la paille aux plantes.

Normalement, le sol ne devrait-il pas être sec et chaud ? Elle ne discuta pas. Les nuages gris s'étaient dissipés, mais d'autres cumulus assombrissaient déjà le ciel. Elle ne se fit pas prier et posa ce qu'elle avait sur le dos à l'entrée.

La fameuse cabane donnait l'impression d'avoir été cambriolée. Des graines jaillissaient de tous les côtés et des dizaines de plumes étaient restées coincés dans le grillage. La brouette remplie, elle se mit en marche vers le jardin. Ses cheveux noirs ressentaient l'humidité. Ses pensées se tournèrent vers sa maigre découverte. Que cherchait-elle vraiment ? Était-ce vraiment utile ?

Elle s'arrêta. Pourquoi ce rosier était-il entouré de bûches ? Cet espace vert immense détourna son attention et la marge de travail lui fit oublier ce détail inédit.

Ses yeux la piquaient, la cheminée avait l'air de carburer. En faisant bien faire attention, elle remarqua que la fumée ne venait pas de l'intérieur de la maison, mais de derrière. Une vague de panique la submergea, sa grand-mère pouvait être en danger !

La roue s'arrêta dans un crissement strident et elle porta ses mains vers son visage. C'était volontaire. Un énorme brasier au centre du jardin entamait sa danse, alimenté par tous les cartons. Solange attrapa les tas de feuilles avec rage et les balança. Les crépitements s'intensifièrent. L'adolescente sortit de sa torpeur et se précipita pour l'empêcher de détruire les seuls indices qu'elle possédait.

— Laisse-moi ! Ça ne sert plus à rien, sanglota-t-elle en poussant sa petite fille sur le côté.

L'odeur âcre engourdissait les membres de Meika. L'adrénaline retomba brusquement et sa phobie la paralysa. Une fois tous les papiers condamnés, la personne âgée se retourna vers elle.

— Tu ne dis rien ? Tu as une vie parfaite et tu t'en rends pas compte.

Elle prit le coup sans rechigner.

— Ne me réponds surtout pas !

L'esprit de Meika n'attachait pas d'importance à ses accusations. Elle se focalisait sur sa frayeur. Elle mit un pied en arrière et s'éloigna enfin de la source de chaleur. Solange revint sur terre et éteignit le désastre avec un tuyau. Qu'avait-elle fait ? Elle n'arrivait plus à rien en ce moment, elle était sans cesse envahie par cet élan de rage et de tristesse. George ne pouvait pas lui avoir fait cela. Il n'avait pas le droit de mourir, pas avant de lui avoir dit la vérité. Pendant ce temps, la jeune asiatique envoya un message à sa mère et lui demanda de venir la chercher immédiatement.

***



— Pourquoi tu as fait ça quand elle était là ! Tu sais très bien qu'elle est terrorisée par le feu, s'énerva Katy dès son arrivée.

La jeune fille ne supportait plus la dispute. Elle avait déjà fait plusieurs crises auparavant, mais celle-là était encre plus violente, sûrement à cause de Solange et de son plan qui était tombé à l'eau. Avec un pauvre album, elle n'irait pas bien loin. Meika se rendit compte que la pièce était enfin plongée dans le silence. Elles étaient tournées vers elle.

— Désolée, ma chérie, je perds la boule, murmura Solange avec un grand sourire triste.

L'adolescente savait que ses excuses ne concernaient pas seulement le brasier. Elle ne parvenait plus à cerner sa grand-mère.

Avouer ses erreurs, c'est accepter que nous ne sommes pas parfaits. C'est un tout autre domaine quand une vie est en jeu.

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Meika subit les humeurs de sa grand-mère on dirait.

S'il y a des coquilles, dites-les moi, ça permettra de rendre le texte plus fluide. Si vous avez des remarques à faire, ça améliorera cette histoire. Merci beaucoup !

Pourquoi lui en veut-elle autant ?

Pourquoi Solange a-t-elle voulu brûler toutes les affaires de son défunt compagnon ?

Courir après la mort. [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant