XVIII-

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Passé- 3 juin 2018

Nathanaël traversa les jardins en compagnie de l'orphelin.

— Mon père est-il vraiment avec moi ? C'est vraiment étrange mais les informations que tu m'as données sont réelles.

Il ne répondit pas, se concentrant sur le chemin qui restait à parcourir avant d'arriver à la voiture, pour être loin des oreilles indiscrètes.

— Je comprends ce que tu veux faire mais...

Baptiste n'acheva pas sa phrase, le doute lui retournait l'estomac. Ils étaient arrivés sur le parking. Le goudron était brûlant et la fatigue accumulée à cause de son tour de garde ne l'aidait pas.

— Mon père n'aurait pas voulu que je recommence. J'ai fait une erreur en donnant le produit à George Miret, je ne le referai plus. Je n'ose pas imaginer ce qu'il avait pu faire avec.

Nathanaël n'avait pas besoin de l'imaginer parce qu'il l'avait vu de ses propres yeux. Il se garda bien de lui donner cette information car cela compromettrait son plan. Il avait très peu de temps avant que Jean n'arrive. Quelques voitures passèrent devant sans se douter de ce qui se tramait.

— Monsieur Leroy m'a affirmé que c'était l'occasion de faire une cause noble. Il l'a déjà fait par le passé.

Les sourcils de l'infirmier se joignirent et sa main s'attarda sur sa barbe de trois jours. L'infirmier ne parvenait pas à s'adresser directement à son père. Tout lui paraissait flou. Son interlocuteur semblait vraiment sincère et tous ses dires s'étaient avérés totalement vrais. Comment lui faire confiance alors qu'il demandait une si grande chose ? Il ne pourrait se le pardonner si Meika mourrait à cause de lui. Cela faisait deux bonnes heures qu'ils discutaient de tout cela.

Il lui avait demandé de passer plus tard, lorsque l'infirmier serait reposé. Le téléphone dans les mains, il regretta à l'instant même d'avoir envoyé son adresse au pompier. Les longues heures à parler de son père lui avaient permis d'avancer dans son deuil.

***

Quand ils se trouvèrent devant la boite contenant les doses, ils sentirent un léger frisson envahir leur corps. Jean se trouvait là, non pour donner des informations sur sa vie mais pour désespéramment avertir Baptiste. L'infirmier insista pour que ce soit lui qui fasse l'intervention.

— C'est de la tétrotoxyne B, cela permet de ralentir le cœur jusqu'à un battement par minute, associé avec un autre produit, cela permet de... tuer en douceur. Bien sûr, je n'ai pas mélangé mais cela reste très dangereux, surtout pour une personne qui est plongée aussi longtemps dans le coma.

Lorsqu'ils allaient repartir, Nathanaël attrapa une dose de produit et le cacha dans sa poche. Seul Jean avait pu voir son manège et il ne pouvait qu'assister à la scène, impuissant. Un corbeau croassa au bord de la fenêtre ouverte.

— Quand faudra-t-il le faire ?

— Avant le mois de juillet, je te tiendrai au courant, répondit le rouquin.

Courir après la mort. [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant