Présent- 5 juillet 2022
Sa chambre avait seulement pris quelques grains de poussière. Meika s'accroupit et sortit plusieurs boîtes du dessous de son lit. Baptiste regardait les multiples photos qui ornaient le mur.
— J'ai l'impression qu'on déménage, on va juste partir en voyage, pas besoin de trier toutes tes affaires, ricana-t-il.
— J'ai besoin de tout remettre en ordre après cette année de prépa catastrophique.
Il s'attarda sur un cliché qui datait du bal de promo. Elle portait une robe bleue toute simple en compagnie de son nouveau groupe d'amis. Il la complimenta.
— J'étais encore une petite gamine de dix-sept ans. Tu n'avais pas encore aperçu ma beauté intérieure.
Il la prit par la taille et lui rappela qu'elle en avait désormais deux de plus au compteur.
— Toi c'est bientôt un quart de siècle, tu te fais drôlement vieux.
Il lui balança un sourire de lama et elle ne peut s'empêcher de rire. Elle continua de fouiller dans ses affaires et il repartit sur son analyse. Une photo de Maria était sur le point de se décrocher, datant de trois ans déjà. D'après les explications de la jeune femme, la distance n'avait pas amélioré leur relation, qui s'était éteinte d'elle-même.
Un long soupir le détourna de sa contemplation. Sa petite amie venait de jeter à la poubelle quelque chose. Intrigué, il le feuilleta. C'était un album qui contenait quelques photographies.— Tu ne veux pas le garder.
Elle hocha la tête et ajouta :
— Tu sais j'ai revu Natha il y a quelques semaines. Il parlait avec Tao, son beau-père au bar. Aujourd'hui, il envisage de travailler pour les pompiers de Paris.
Elle essayait d'annoncer cela avec détachement mais le revoir avait été un choc. Il appartenait à une période de sa vie trop douloureuse. Pour le barbu à côté de lui, elle avait mis du temps avant d'accepter de lui parler à nouveau. Elle brandit avec fierté une lettre et lui proposa :
— Dis-moi, ça te dirait de passer en Colombie pour voir ton ami d'enfance ?
L'enveloppe avait été envoyée depuis longtemps. L'expéditeur voulait s'assurer qu'elle soit en bonne santé et comprendre ce qui avait causé l'accident. Elle était restée mystérieuse et il était temps de tout lui raconter de vive voix. L'enthousiasme se lisait sur leur figure.
— Après on ira voir Isaïah en Israël, ajouta-t-il en posant l'album sur le bureau. Il fait de merveilleux attrapes rêves. D'ailleurs tu m'as jamais dit ce que tu voyais dans tes songes.
— Je visitais la planète, expliqua-t-elle d'un air mystérieux. Et durant cette année sabbatique, j'aurais l'occasion de le faire avec toi.On les appela et ils rejoignirent le salon où une petite troupe les attendait.
— N'oublie pas de me dire s'il y a des esprits, murmura Baptiste en scrutant les couloirs avec suspicion.
— On ira dans les endroits les plus hantés de la Terre, rien que pour toi, se moqua-t-elle en saluant sa grand-mère qui venait d'arriver.
Elle la prit dans ses bras avec force, heureuse de la voir une dernière fois avant son départ.
— Ma chérie, j'espère vraiment que tu vas en profiter un maximum.
Une certaine réticence s'entendait tout de même dans sa voix. Elle n'appréciait pas vraiment qu'ils partent aussi longtemps et sans filet de sécurité. Solange avait tout de même compris que sa petite-fille en avait réellement besoin. Ces derniers mois avaient été très durs, elle n'avait pas réussi à tenir le coup en classe préparatoire. Une tasse de café ou de thé à la mangue dans les mains, ils profitèrent des deniers instants en leur compagnie.
— J'ai appris il n'y a pas longtemps que la médecin Girodo a été arrêtée avec un infirmier pour avoir appliqué le droit à l'irruption volontaire de vie à certains patients, dont un petit garçon de moins de dix ans. Je me demandais, tu ne travaillais pas pour lui ? questionna Fabrice en posant le journal.Un certain malaise survint dans l'assemblée. Baptiste jeta un coup d'œil à la doyenne.
— Il avait un cancer, devança Meika, elle voulait sûrement abréger ses souffrances. Il était condamné.
Elle n'avait jamais réussi à parler de son don à sa famille.
— Mon père a pratiqué cela pendant des années.
— Maman, tu travaillais avec Jean Leroy, tu n'as jamais su pour...
L'aînée évita son regard perçant. La cadette sortit de son mutisme et sa figure fut marquée par un éclair de lucidité. Sa grand-mère et son ami d'enfance avaient effectivement mis fin à des souffrances inutiles. Elle ne connaissait jamais réellement son entourage.
Baptiste lui prit la main sous la table, il avait décidé de couper les ponts avec le monde médical pour découvrir le monde. Même si Meika devait cohabiter avec le monde des morts, elle ne manquera plus aucune occasion de savourer pleinement sa vie.
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Ah ! J'ai fini cette histoire. C'est étrange mais je suis extrêmement heureuse !
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Courir après la mort. [FINI]
Siêu nhiênSuite au décès de son beau grand-père, Meika s'est refermée sur elle-même. Un terrible accident la plonge dans un profond coma où elle ne reste ni immobile ni même inconsciente. Elle n'a qu'une idée en tête : comprendre le passé de cette famille rec...