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Passé- 25 septembre 2017

Un pied sortit du bâtiment et s'en suivit de nombreux autres. Le brouhaha s'amplifia et gagna chaque recoin de la cour. Les garçons s'emparèrent des trois quart du terrain et quelques jeunes écolières louchaient sur le ballon. Elles étaient envieuses de les voir se défouler alors qu'elles devaient se contenter d'une plage d'herbe envahie par les feuilles d'automne.

Rory jongla entre les balles et les cordes à sauter. Sa chevelure rousse s'envolait de tous les côtés. Il ne jouait pas vraiment à ces jeux d'enfants. Lui, ce qu'il préférait, c'était de voir comment les rôles étaient attribués. Personne ne faisait vraiment attention à lui. Il avait comme tous les autres enfants ses chaussures en scratch et son sac de billes dans sa poche.

Un vent frais le fit frémir et s'insinua dans sa veste violette. Il referma sa fermeture éclair jusqu'à son cou et vit du coin de l'œil un garçon de sa classe, entouré par la bande de footballeurs. Il tenait derrière son dos le ballon. Le groupe l'encerclait, mais il n'en démordait pas. Le rouquin s'approcha, curieux de savoir ce qui se passait.

— J'ai failli me prendre la balle dans le nez !

Un rire secoua l'assemblée, et énervé, un autre rétorqua :

— Ballon ou pas, on voit pas la différence, t'as un pif dégueulasse.

La remarque siffla dans les oreilles de l'agressé et il en perdit le ballon. Instinctivement, il porta sa main au milieu de son visage.

— N'importe quoi ! Vous êtes vraiment débiles les garçons. Arrêtez de vous moquer de mon petit frère ! cria Mathilde en récupérant l'objet de toute cette haine.

Elle le leur jeta à la figure avec un regard noir.

— Rory, défends-le quand même ! Tu vois pas que ces débilos n'ont rien dans la cervelle !

Il acquiesça, un peu honteux de ne pas être intervenu alors qu'il n'était qu'à deux mètres d'eux. La bande s'éloigna, effrayée par les regards suspicieux des enseignants.

— Désolé, Gabriel, j'savais pas quoi dire...

Ce dernier secoua la tête, dépité.

— Pas grave, j'ai l'habitude, soupira-t-il en fixant ses lacets défaits. Tu viens ? On va jouer à loup glacé avec les filles.

La vérité, c'était que Rory avait peur. Il était perdu ces temps-ci et semblait en proie à un mal-être, qui grandissait depuis six mois.

Courir après la mort. [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant