Chapitre-25 :

34 8 16
                                    


Présent- 26 mai 2018

Trente-six heures plus tard, Meika atterrit dans le jardin du pompier. Ce dernier n'allait pas tarder. Il tenait sa promesse : il servira d'intermédiaire entre elle et Isaïah. Il avait fait un premier tour chez lui la veille en lui omettant de la prévenir. Meika ne connaissait donc pas le contenu de leur brève échange. Depuis la soirée dans la salle de danse, la tension s'était évaporée entre les deux. Ils avaient enfin crevé l'abcès.

Rory était passé en coup de vent dans la chambre ce matin. Meika ne lui avait pas révélé leur projet. Il n'avait toujours pas expliqué pourquoi il avait réagi ainsi durant leur première escapade dans l'église, elle ne souhaitait pas retenter l'expérience avec lui.

Un bruit de voiture l'alerta et elle traversa l'herbe fraîchement coupée pour rejoindre le retardataire. Ils se saluèrent brièvement et il fila directement dans sa chambre pour récupérer l'album.

— Tu nous as promis que tu allais manger avec nous, rouspéta le beau-père en coupant les carottes avec minutie.

— Désolé, affaire urgente à la caserne, je peux pas rester, mentit-il en récupérant une salade composée dans le réfrigérateur.

L'aîné sortit sans plus de cérémonie pour retourner dans l'automobile. La portière refermée, il se tourna vers le fantôme et lui sourit nerveusement.

« C'est le grand jour ! »

Son anxiété se ressentit lorsqu'il alluma le moteur : ses doigts tremblaient.

— Tu lui as dit pour ton don ?

« Non, je préférais le faire avec toi. Je sais pas... il est étrange. »

Entre deux changements de vitesse, il prenait une bouchée de son repas.

« Tu le verras bien, pas besoin de plisser des yeux comme ça », s'exclama-t-il en l'imitant.

Meika tenta de lire dans son esprit mais il ne laissait filtrer que des remarques moqueuses. Elle se résigna et croisa les bras, exaspérée. L'humour était de retour et malgré les apparences, cela lui faisait un bien fou.

***


Après un rapide coup d'œil à l'église, ils se dirigèrent vers la maison d'Isaïah. Meika scrutait les environs, à la recherche du corbeau. Depuis tout à l'heure, sa vision se floutait pendant plusieurs secondes. Le pompier ne remarquait pas ses moments d'absence, il réfléchissait à la suite des événements. Elle se ressaisissait rapidement et portait son attention sur les ruelles alambiquées.

A la vue de tous les bibelots, son enthousiasme prit le pas sur son malaise. Le propriétaire de la petite demeure était assis sur le fauteuil, radieux. L'accueil fut chaleureux. Il dégageait une certaine sérénité et un équilibre rassurant. Sa barbe noire encadrait sa mâchoire carrée, il l'avait laissé pousser contrairement à ses cheveux, qui étaient toujours rasés.

— Meika, ravie de te revoir, salua-t-il en regardant dans la mauvaise direction.

Il s'excusa de ne pas avoir pu discuter plus tôt avec elle.

— J'aurais aimé avoir le don pour communiquer mais nous allons faire comme cela, continua-t-il en les invitant à s'asseoir.

« Pose-moi ta question, je le transmettrai comme on l'a dit : au mot près »

Elle s'était imaginée des milliers scénarios différents.

— Comment connaissiez-vous George et pourquoi l'attendre ? récita-t-il.

— Je vous préviens, je suis là pour raconter mon histoire et pas celle des autres.

Elle hocha la tête, même si c'était inutile. Faisait-il référence à son voisin de droite ? Qu'est-ce qu'ils s'étaient dits hier ?

— Par où commencer...

Courir après la mort. [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant