Présent- 20 juillet 2018
Une nuit sans étoile se dessinait dans l'avenir de Meika, c'était du moins ce qu'elle ressentit quand elle atterrit dans ce monde entre rêves et réalité. Une silhouette s'approchait d'elle, cette fois, la lueur qui en émanait n'était pas rassurante. Son cerveau avait chassé le voile noir qui empêchait toute réflexion.
L'inconnue arriva à sa hauteur, l'adolescente demeura paralysée alors que tout son corps lui criait de déguerpir. Sa main se posa sur sa joue, sa peau était étrangement chaude. L'apaisement prit le pas sur la peur, elle avait envie de se plonger dans un profond sommeil.
Deux bras s'enroulèrent autour d'elle, elle avait délaissé son morceau de musique au profit de l'étreinte de Maria. Un souffle se réfugia dans son cou. Elle enroula ses doigts autour du poignet de la batteuse.
Son battement de cœur effréné la sortit de sa rêverie. Elle perdit pied et eut du mal à ouvrir les paupières. Elle se trouvait encore dans cet entre-deux mondes. Elle vérifia si ses mains étaient intactes. Deux corps se superposaient, l'un fait de lumière et l'autre de chair.
Instinctivement, elle se frotta la peau. Elle était la seule source lumineuse, tout était trop noir, trop obscur, tout et n'importe quoi pourrait s'y cacher. Le son de ses pas résonnait dans cet endroit intemporel. Quelqu'un l'épiait et son angoisse grandissait à chaque mètre parcouru.
Impossible de s'échapper.
Alors elle courut mais pour fuir où ? Ses genoux touchèrent le sol. Était-ce de la terre, du carrelage ou même son parquet ? Est-ce qu'elle était morte ? Peut-être qu'elle n'avait pas besoin de passer un mois dans le monde des vivants. Des larmes tranchèrent sa figure. Sa poitrine lui faisait terriblement mal, l'air sortait de plus en plus vite de ses poumons.
Son cœur battait trop vite.
Ce n'était pas un simple songe, la douleur était bien réelle. Un élastique la tira en arrière et elle s'effondra.
Ses doigts pianotaient sur le volant et les pédales subissaient ses angoisses. Les virages s'enchaînaient à vive allure. Sa respiration sifflait à cause des poumons qui se contractaient violemment. Elle ne savait pas d'où provenait ce changement brutal de comportement. Elle avait juste vu son ancien collège, avec ce grillage qui enfermait les élèves. Sa bouche devenait pâteuse et sa langue cherchait de la salive.« Ce n'est pas moi. Je ne contrôle pas totalement mes pensées», constata Meika, paniquée.
Elle rigola nerveusement et serra la mâchoire. C'était normal que ces années s'étaient dissipées de sa mémoire, on grandit et le cerveau faisait le tri. Pourtant, son corps tout entier criait le contraire. Sa crise de panique s'accentuait. Elle ne parvenait pas à s'arrêter. Cela allait passer, comme toujours.
Le compteur s'affolait.
Le moteur qui vrombissait n'arrivait pas à masquer ses pensées. Elle avait entre ses doigts la clef pour ouvrir cette fichue serrure. Il suffisait de la tourner et elle accéderait à son passé. Terrifiée, elle espérait s'isoler du monde réel mais cela ne marchait pas ainsi.
La chute fut brutale.Les souvenirs se superposèrent à sa vision. La voiture se dévia de sa trajectoire initiale. Les anciens murmures de réprobation se mélangèrent au craquement de la taule.
Amoureuse et naïve, elle avait désiré être aimée. C'était juste pour lui faire plaisir, était-ce vraiment de sa faute ?
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Courir après la mort. [FINI]
МистикаSuite au décès de son beau grand-père, Meika s'est refermée sur elle-même. Un terrible accident la plonge dans un profond coma où elle ne reste ni immobile ni même inconsciente. Elle n'a qu'une idée en tête : comprendre le passé de cette famille rec...