Tattooed for you

Chapitre 16 🏆

Il est assez difficile de mettre des mots sur ma relation avec Warren, elle est assez particulière. Je le connais sans véritablement le connaître, mais nous ne sommes pas vraiment des inconnus l'un pour l'autre. Je sais comment il vit, comment il est et comment il se porte, mais je ne connais pas son passé, tout comme il ne connaît pas le mien. Nous avons encore des tas de choses à découvrir l'un sur l'autre.

Aujourd'hui, on est samedi et Warren n'a exceptionnellement pas de combat. Il doit quand même s'entraîner pour être toujours aussi efficace, alors je suis venue avec lui. Pour une fois, Hazel nous accompagne parce que Dexter a un rendez-vous.

Ça me fera un peu de compagnie au moins. Même si, en temps normal, je prends un livre avec moi, Warren attire toujours mon attention. J'abandonne souvent mon livre pour l'observer. Je le trouve tellement fascinant. Ses muscles saillants qui donnent des coups de plus en plus puissants, ses tatouages humidifiés par sa transpiration, de même pour ses cheveux.

J'ai récupéré ma place de la semaine dernière, en compagnie de Hazel qui a décidé de faire la conversation entre nous deux.

-Warren, c'est ton amoureux ? Me demande-t-elle.

-Mais dis donc tu ne nous espionnerai pas toi, par hasard ? Ris-je avec un grand sourire.

-Moi ? Non !

Elle me fait les yeux doux et je lâche un nouveau rire. Elle vient de se trahir elle-même. Je lui chatouille les côtes et elle éclate de rire en se tortillant, tout en me demandant d'arrêter. Aussitôt fini, elle reprend son interrogatoire.

-Alors ? T'es amoureuse de lui ?

-Peut-être... Tu aimerais ?

-Ouais ça serait trop génial ! Comme ça, tu ne partirai jamais de la maison ! J'aime bien que tu sois avec Warren et moi.

Je souris et ses mots semblent s'ancrer en moi comme l'encre des tatouages dans le corps de mes clients.

-J'ai un appartement aussi, tu sais ?

-De toute façon, mon frère ne te laissera pas repartir maintenant que tu habites chez nous.

-On attend juste que l'histoire avec le bombardeur soit réglée et je retournerai chez moi.

Elle me jette un œil entendu, comme si elle n'y croyait pas le moindre du monde.

-On verra bien !

-On verra...

Je continue à discuter avec elle pendant tout le temps où Warren s'entraîne. On parle aussi de lui, commentant ses coups. Après son entraînement, Warren part à la douche et nous annonce qu'il veut aller voir les combats des autres participants pour voir leurs stratégies. Étant donné qu'il y a des combats ce soir à l'arène, je décide de l'accompagner. Après avoir déposé Hazel à Dexter, on se rend au combat du jour.

Nos places ne sont pas trop au bord, mais pas trop éloignées non plus. La main de Warren est posée sur ma cuisse et ma tête repose sur son épaule. Le présentateur arrive au bout d'un temps, accompagné par son micro, et se pose au centre du ring.

-Mesdames et messieurs, bonsoir ! Crie-t-il à travers son micro. Vous êtes encore venus nombreux ce soir, comme beaucoup d'autres soirs ! Malheureusement, j'ai une nouvelle à vous annoncer. Pour certains, ce sera une bonne nouvelle, mais pour d'autres, ce sera une bien mauvaise nouvelle...

La foule commence à faire du bruit, les discussions s'éveillant de tous les côtés, mais le présentateur réclame le silence.

-Un de nos participants, le fantôme, s'est avéré positif au test de drogues, nous informant qu'il se dopait pour gagner ses combats. Vous savez autant que moi que c'est interdit, alors nous sommes dans l'obligation de l'exclure des nationales ! C'est donc le grand retour d'un des participants que vous avez aimé, le bombardeur !

Un frisson me prend le long de l'échine et Warren se raidit contre moi, alors que nous voyons Jonas monter sur le ring. Les doigts de Warren serrent de plus en plus ma cuisse et je grimace de douleur.

-Warren, calme toi... Tu me fais mal.

Il enlève sa main d'un coup, comme s'il avait été brûlé et me regarde avec peine.

-Désolé, je ne voulais pas...

Je relève la tête vers lui et il se penche pour déposer un baiser sur mes lèvres. Tout devient silencieux autour de nous et nos lèvres se détachent pour regarder ce qui se passe. Le bombardeur est appuyé sur les cordes du ring, à nous regarder en souriant.

-Si tu savais, crie-t-il. Si tu savais Morgane !

Je fronce les sourcils en regardant Warren.

-De quoi il parle ?

-N'écoute pas ce qu'il dit, Morgane, murmure-t-il. Ne lui fais jamais confiance.

-Si tu savais que tu sers d'objet ! Tu as besoin d'un homme, un vrai ! Si tu avais choisi le bon côté, tu ne serais pas traitée comme tel !

-Warren...

-C'est rien, c'est rien.

-Tu vas être traitée comme Jenah, il va te jeter comme une vieille chaussette une fois qu'il t'aura mit dans son lit ! Et comme toutes les autres aussi d'ailleurs. Ne te donne pas à lui, tu mérites mieux ! Il te veut parce que je te veux, comme toutes les autres !

L'oxygène me manque et je me remets à tousser brutalement. J'étouffe ici, je décide de sortir, tandis que toute la salle me regarde. J'ai foutrement oublié de prendre ma bonbonne toute à l'heure, parce que je ne pensais pas qu'on irait dans un endroit bondé de monde.

Je n'aime pas du tout la prendre en public, les gens me regardent comme si j'étais monstrueuse, et d'autres fuient. Comme lorsque je me rends à l'hôpital, masquée, en tirant ma bonbonne. Les gens pensent que je suis contagieuse, mais la vérité, c'est que ce sont eux, qui sont contagieux. Je me protège des bactéries qu'ils peuvent me transmettre.

Warren me suit à l'extérieur et j'entends le bombardeur rire amèrement, ainsi que le présentateur qui annonce un autre concurrent.

-Putain Morgane, tu comptes me dire ce que tu as ?! J'en peux plus de te voir dans cet état sans rien savoir ! Tu vas mal, tellement mal, je le sais et ça me rend dingue de ne pas savoir pourquoi tu te portes si mal !

Je secoue la tête en attendant que je finisse enfin de tousser. Une fois que je suis bien calmée, je réponds, la voix rauque :

-Va voir les combats, je retourne chez moi.

-Écoute-moi, ce qu'il dit est complètement faux !

-Je ne t'écouterai pas Warren. Pas pour le moment.

-Va chez moi Morgane...

-Non, je vais chez moi.

Je n'ose pas lui lancer un dernier regard lorsque je fonce dans la rue. J'arrête un taxi et monte dans celui-ci toujours sans un regard envers Warren. Un simple regard suffirait à me faire changer d'avis et à le suivre. J'ai juste besoin de réfléchir, de prendre du recul. Tout a été si vite entre nous finalement. Mais est-ce que je connais vraiment Warren ? Les idées se mélangent dans mon esprit et je me mets à douter de tout. Pourquoi me traiterait-il différemment des autres, après tout ? Je n'ai rien d'exceptionnel, au contraire, je ne suis qu'une pauvre femme gravement malade.