Tattooed for you

Chapitre 44 🏆

👤PDV Warren

Elle est là, sur ce lit. Endormie, elle semble paisible. Dans le coma, il nous reste un dernier espoir pour la sauver. Ses poumons sifflent à chacune de ses inspirations et je me maudis de ne m'être rendu compte de rien. Elle allait si mal et je n'ai rien vu, parce que j'étais trop à la boxe.

On est toujours en recherche d'un donneur, mais c'est chose difficile, voire impossible. Des machines lui permettent de respirer, elles la maintiennent en vie. Ça fait maintenant quatre heures que je suis à l'hôpital et je deviens complètement fou. J'ai envie de taper dans des objets, des murs, mais ça ne changera rien. Tout ce qui pourra me permettre de me calmer, c'est elle. Mais elle est également la raison pour laquelle je deviens fou.

Je sors de sa chambre pour aller me tirer un café, je ne compte même plus combien j'en ai bu depuis que je suis là. Owen m'a rejoint après l'appel de Clark et je vois ses collègues arriver accompagnés par Joy. Les deux filles sont en pleurs, complètement inquiètes pour leur amie comme nous tous. Joy se fait réconforter par Scott et je me dis Morgane aurait été heureuse de voir ça, surtout qu'elle sait que Joy plaît à Scott.

Les deux autres collègues se réconfortent mutuellement, même si c'est dur d'essayer d'aller mieux sans qu'elle aille mieux. En si peu de temps, leurs deux nouveaux collègues sont devenus vraiment importants pour eux en quelques semaines. Tout le monde trouve qu'ils ont bien fait leur choix, moi y compris. J'aime voir Morgane d'autant plus heureuse parce que je veux qu'elle profite de sa vie comme il se doit. Lorsqu'elle tatouait, elle était très sérieuse, mais elle peut désormais rire avec ses collègues, ce qui apaise ses clients et ramène encore plus de bonheur dans sa vie.

À chaque fois qu'on vient de nouveau à l'hôpital, je me rends un peu plus compte de son importance pour moi. Morgane, j'ai passé des heures à l'observer me tatouer sans pour autant lui parler. Je savais qu'elle avait la préciosité d'un diamant, mais aussi sa fragilité sans même la connaître.

Et puis je me suis jeté à l'eau une fois, et je me suis renseigné sur elle. Elle ne disait pas tout, j'ai dû faire des recherches de mon côté, sauf qu'elle est un fantôme, il n'y a aucune trace de son passé. Il a fallu son premier malaise pour que je découvre tout de sa maladie. C'est une fille fragile au grand cœur, ce qui me fait encore plus l'aimer. Lorsqu'elle est à l'hôpital, elle ne se soucie pas de sa santé, mais de la nôtre. Elle demande toujours un nombre incalculable de fois si on va bien. Elle est admirable. Ce petit bout de femme est si fort et courageux à la fois.

Je vais jeter mon gobelet en plastique dans la poubelle puis je vais vers la sortie, les mains dans les poches de mon bas de jogging.

-Tu vas où ? Me questionne le coach.

-Courir, réponds-je simplement.

-Je viens avec toi.

John ? C'est comme un second père pour moi. Mon père était très présent dans ma vie, ça m'a détruit quand on m'a annoncé sa mort. Je me suis réfugié à la salle de sport quand ce boxeur retraité est tombé sur moi. Ça a été comme une évidence et je me suis confiée à lui. Il a dit que j'avais beaucoup de forces, et il a proposé de me coacher. C'est devenu une personne très importante pour moi. Il a toujours été là depuis cet accident. Là, il s'est mis en tête de me surveiller parce qu'il a peur que je fasse une connerie puisque je n'ai pas Morgane à mes côtés.

Je sors de l'hôpital et je cours. Je cours vers je ne sais où, sans aucune direction précise en tête. L'important, c'est que je cours. Le coach court à mes côtés pour me montrer son soutien, mais il ne parle pas. Il se contente de me suivre dans cette course. Je m'arrête finalement lorsque j'arrive face à l'église, celle non loin de la boutique de Morgane. Il est deux heures, mais l'église est toujours ouverte.

-On n'arrive pas ici par hasard, tu as été guidé ici, me dit John. Je t'attends là.

Je regarde la devanture de l'église avant d'entrer. Un homme est en train de prier face à la sainte dont je ne connais pas le nom. Il se tourne vers moi en entendant la porte claquer. Je suis croyant, mais pas pratiquant alors je viens rarement dans ce genre d'endroit.

-Oh, désolé, je vais y aller.

Je fais demi-tour sur moi-même, mais il m'arrête.

-Viens, si tu es rentré ici ce n'est pas pour rien. Que t'arrive-t-il ?

Je m'avance et me pose sur un banc non loin de lui en prenant une grande inspiration.

-La femme que j'aime est atteinte de la mucoviscidose, et elle ne respirait plus. On a appris qu'il lui faut une greffe des poumons de toute urgence si elle veut continuer à vivre et... Et c'est pas facile de trouver un donneur d'urgence en si peu de temps.

-Eh bien mon garçon, je prie pour votre amour. Je prie pour qu'une personne vous fasse ce don et que vous puissiez vivre votre amour comme il se doit.

-Merci beaucoup.

Je fais un sourire sincère comme je n'en ai pas fait depuis quelques heures.

-Alors, on court encore ou on y retourne ? Me demande John après qu'on ait repris la course.

Je suis sorti il y a une heure de l'église ce qui fait qu'il est trois heures et demi, mais je suis toujours en train de courir. Pas que ça me détend, mais ça fait passer le temps. Je hausse les épaules et continue à courir. Je suis comme un fantôme, je suis où mes jambes m'emmènent, mais je n'ai pas l'impression de choisir la direction de moi-même. On arrive à l'hôpital une dizaine de minutes plus tard, et je décide d'entrer au lieu de continuer à courir. Je serai toujours ramené ici, parce que mon monde tourne autour de celle allongée sur un des lits.

-Warren ! Crie Joy en pleurant, de joie ?

-Un homme, il était en train de mourir et il avait une lettre pour don de ses poumons ! Hurle Owen en pleurant également.

-Quoi ?!

-Il a écrit avoir ressenti votre amour, et c'est un saint alors autant l'écouter.

-Un saint... ?

Je repars en courant vers l'église, plus vite que tout à l'heure, sans me demander si John me suit. Je rentre et ne vois plus l'homme, mais une lettre posée devant la sainte. J'avance vers elle le cœur battant et la saisis avant de l'ouvrir.

《Pour le boxeur au cœur fragile,

Vous êtes encore jeunes, vous avez toute la vie pour vivre votre amour. Tandis que moi, je l'ai perdu il y a plusieurs jours. Sans elle, ma vie n'est plus rien. Je t'offre mes poumons, mettant fin à ma vie pour la rejoindre dans l'au-delà. J'ai un cancer du cerveau, je dois mourir dans quelques semaines tout au plus. Je ne te dirai pas comment j'ai réussi à faire ça parce que tu n'es pas sans savoir que l'euthanasie est interdite, mais ne te pose aucune question. Je te demande une seule chose, c'est de vivre pleinement votre amour. Profitez, c'est tout ce que je demande. Viens te confier à notre Dieu dès que tu as un souci, une âme charitable te sera envoyée.

Un homme bon, et amoureux.》

Je passe ma main dans mes cheveux en me posant sur le banc tandis que les larmes coulent sur mes joues. Merde, il a mit fin à ses jours juste pour que je puisse retrouver la femme que j'aime. Et lui, il retrouve également celle qu'il aime dans l'au-delà.

-Merci. Merci. Je n'ai pas de mots pour exprimer ma gratitude, mais je ne vous oublierai jamais. Vous êtes mon ange gardien.

Je n'oublierai jamais cet homme, grâce à lui, elle pourra peut-être revenir à mes côtés, si la greffe se déroule bien. On n'a plus qu'à attendre, et je n'ai plus qu'à retourner à l'hôpital pour prendre des nouvelles. Je reste encore un bon moment à l'église et par curiosité, j'avance vers la sainte et lis l'écriteau.

"Sainte Rita de Cascia, sainte patronne des causes désespérées, des maladies graves et des couples."

Ma bouche s'ouvre de surprise et je me dis que c'est probablement le destin que je sois atterri devant lui, qui priait cette sainte. Il priait pour son amour et pour sa maladie, et au lieu de poursuivre, il a prié pour mon amour et pour la maladie Morgane...