ᴏʀɪɢɪɴᴇꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ³⌟

Les Murs, nid d'espions - Partie 4

Shiganshina, 1er mars 852

« Ils ont enfin récupéré la seconde chèvre... » songea Erwin en regardant la missive qu'il avait reçue le matin même. Gustav, le garde de Pixis présent dans le vaste bureau, regarda les deux officiers soupirer. A sa droite, Anka, sa collègue aux cheveux châtains ramenés derrière les oreilles, observait la scène avec impassibilité.

Après un léger silence, le commandant sortit sa flasque, et but deux gorgées de l'alcool mystérieux qu'il conservait dedans. Le jeune homme eut tout juste le temps de voir pointer de l'exaspération chez la soldate avant que son attention n'en soit de nouveau détournée.

« Qui la gardera ? demanda le blond.

— Excellente question. L'escouade de Rico Bretzenska pourrait suffire, mais il nous faut des hommes sur les Murs... »

Gustav fronça les sourcils. Dans son ton, il y avait quelque chose qui leur était destiné. S'il lui était habituellement aisé de saisir de quoi il en retournait, cette fois-ci, il ne trouva rien. Le simple fait que sa camarade plisse également les paupières en dit long sur la difficulté de cette énigme-là.

« Le Bataillon est déjà assez occupé, il me semble... Peut-être qu'on peut temporairement la confier à Kenny.

— Ce qui m'a l'air raisonnable. Nous avons des ennemis, dans nos cachots. La garder chez nous serait très risqué.

— En effet. On va aller y faire un tour... Anka, Gustav ?

— Oui ? demanda-t-elle avant lui.

— Cette fois-ci, pas de sieste. »

Silence. Elle ouvrit la bouche, puis parut se raviser. « Très bien, commandant. » L'intéressé eut un petit sourire. Il se leva de son fauteuil, et se dirigea vers la porte – qui était d'ailleurs bien plus simple que celle de Trost.

En réalité, tout était plus rustre ici : les paillasses, la nourriture, les sanitaires. Mais cela ne le dérangeait pas. Ils avaient d'autres priorités, comme, au hasard, assurer la protection du plus vieux. Sans lui, après tout, nous ne sommes pas sortis de l'auberge...

Encore les couloirs sable et étroits de la base, encore les escaliers de bois. Ils arrivèrent très bientôt dans le hall carré. Les bottes des quelques soldats qui passaient par là claquaient sur les larges dalles.

Ils passaient par les lourds battants, déboulaient du rez-de-chaussée, ou naviguaient dans les deux pièces auxquelles ils avaient accès. Pièce de droite, ou de gauche ; dont le seul point commun était la position de leur entrée, c'est-à-dire en plein milieu du mur ; qui menaient respectivement au petit guichet d'accueil et au long réfectoire.

Celui-ci était peu animé à cette heure, et Gustav devina sans mal qu'on y allait seulement pour faire le ménage et préparer le dîner. Ils passèrent de toute manière rapidement devant, et sortirent dans la cour. Elle aussi était carrée, pavée, et fermée par les bâtiments sobrement construits en bloc. Il y avait tout de même le toit pour faire office de sommet rouge, et donner un peu de relief à tout cela.

En face d'eux, l'écurie longue d'environ cinquante mètres. Le centre de sa façade comportait, elle aussi, une ouverture uniquement destinée aux humains. L'odeur de paille et de cheval envahit les narines de l'homme dès qu'ils quittèrent l'atmosphère relativement douce de l'extérieur.

Ainsi s'étalait la large allée, frontière des deux lignes de boxes qui se faisaient face. Le corridor permettait à deux chevaux de passer côte à côte : question de praticité. Trois étaient d'ailleurs préparés, ce qui fit froncer les sourcils de Gustav. Ils n'avaient pas été prévenus de leur visite chez le marchand de thé, et pourtant...