Viva l'aripiprazol en gougouttes - Partie 3

45 14 3
                                    

Ehrmich, Mur Sina, 2 janvier 852

« Après discussion avec Pixis et le commandant de la division Nord de la Garnison, nous avons constaté un grand manque de soldats, surtout au Bataillon d'Exploration, exposa Naile Dork. C'est pourquoi nous devrions réquisitionner le ou la plus jeune de chaque famille pour intégrer les Brigades d'Entraînement. Le service militaire ne durerait plus trois mais deux ans : nous pensons qu'il est possible de condenser un peu plus l'apprentissage de nos techniques de combat.

— Il faudrait aussi prendre en compte le corps-à-corps dans la note finale, compléta Pixis lui-même. Nous n'avons plus seulement des titans en face de nous, mais des humains. Vous avez déjà demandé aux ingénieurs de perfectionner notre technologie dans ce sens : ces réformes permettraient de prolonger cela. Voilà nos propositions. »

Sur ce, les deux chefs d'armée se turent, et attendirent une réaction de la part de leur interlocuteur.

Ils étaient assis côte à côte à une longue table de bois. Autour d'eux, une pièce rectangulaire, meublée de placards remplis de documents allant du dossier à l'encyclopédie. Le soleil d'hiver filtrait au travers des carreaux de la fenêtre à leur droite, faisant scintiller la neige qui s'était déposée sur son rebord.

A leur gauche, la porte était solidement gardée par Anka et Gustav, les deux subalternes du chauve ; Marlowe se tenait dans un coin, attentif au moindre mot prononcé. Enfin, Daris Zackley, installé en face, les scrutait de ses petits yeux acérés.

« Beau travail d'équipe, dit-il finalement. Naile, je suis toutefois surpris que vous vous préoccupiez du Bataillon.

— Ils sont devenus utiles à l'instant où les titans ont pénétré le Mur Maria. »

Le général-en-chef passa un doigt sur son menton.

« Vos propositions sont pertinentes, mais je doute qu'elles soient bien acceptées par la population. Il reste des personnes qui regrettent le Roi.

— Notre coup d'état est encore frais, admit Pixis. Toutefois, la situation se fait de plus en plus urgente. Le Bataillon garde peut-être le Titan Cuirassé et son capitaine, le fameux... Comment s'est-il nommé, déjà... ? Ah, voilà : le « Cracheur ». Mais il reste le Titan Bestial et Ymir au-dehors. Un assaut peut nous tomber dessus au moindre moment.

— Je vous rejoins là-dessus. Je souhaiterais cependant éviter que nous essuyions une rébellion.

— Nous avons une solution à cela, mais nos avis divergent... »

La curiosité piqua le regard du plus âgé. « Naile propose de faire de la propagande au travers d'une majorité de journaux, pas seulement celui du gouvernement. Je préfère jouer la carte de l'honnêteté. Puisque notre débat s'avère sans fin... De toute façon, c'est à vous de trancher. »

Il réfléchit un moment. « Il y a besoin de redorer l'image de l'armée. Nous sommes déjà transparents sur l'intégralité de la composition de notre gouvernement, et sur nos prises de décision. De la propagande, dites-vous... En réalité, nous le faisons déjà », sourit-il. « Mais nous pouvons leur insuffler un nouveau sens du devoir qui justifierait ces réformes. Il faudra toutefois passer sous silence nos difficultés : nous devons avoir l'air fort. Ce sont des temps de crise que nous traversons. »

Il y eut un silence. Zackley finit par soupirer. « Très bien... Nous mettrons cela en place. Vous pouvez disposer », annonça-t-il en se levant de son propre siège. Les trois subalternes le saluèrent. Il a certes raison... La réaction du peuple ne sera peut-être pas jolie, pensa le responsable des Brigades.

Il regarda son supérieur passer la porte. « Il me reste encore quelques heures pour m'amuser... » l'entendit-il alors murmurer. Ses sourcils se froncèrent. Il échangea un regard entendu avec Pixis. Les loisirs du général-en-chef étaient manifestement toujours aussi douteux.

Mais que pouvaient-ils y faire ? Cet homme était le plus compétent de toute l'armée. Tout le monde a ses défauts... tenta-t-il de se convaincre. Il quitta à son tour la pièce. « Eh bien... A la prochaine, Naile », dit son collègue avant de partir de son côté. Le brigadier se retrouva seul au milieu du couloir.

Mais quand même. Entre un alcoolique et un tortionnaire, sans compter Erwin qui sacrifie des vies sans ciller... Il n'y a que le commandant de la division nord qui a l'air sain d'esprit. Il secoua la tête. Il n'était pas mieux, à les avoir trahis lors du coup d'état. Qu'allait devenir l'armée avec de tels énergumènes à sa tête ? Il posa ses yeux sur Marlowe, qui venait de le rejoindre. Ce n'est peut-être pas si dramatique que ça...

Lien vers l'image : https://www.deviantart.com/fellow-traveller/art/Nile-Dawk-Cdr-412880442

ᴏʀɪɢɪɴᴇꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ³⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant