« Kenny... » L'énième appel douloureux de Marion fit un peu plus ployer ses épaules ; il ferma les yeux, pour les reporter sur la pièce dans laquelle ils se trouvaient.
Ils étaient retournés dans leur petite auberge de jeunesse bas-prix. Le jeune homme était agenouillé sur le plancher lisse de leur chambre étroite, sobrement meublée d'un bureau, de deux lits simples et d'une armoire.
La lumière du soleil de fin de matinée filtrait avec peine au travers des rideaux bruns, tirés devant leur fenêtre rectangulaire au double-vitrage douteux. Leur couleur foncée contrastait étrangement avec le bois clair des meubles. S'ils étaient là depuis deux jours, il ne s'y était toujours pas habitué, peut-être car leur piaule de la base possédait des couleurs bien réglées. Ainsi observa-t-il et observa-t-il et observa-t-il encore...
Mais il devait se rendre à l'évidence : il n'allait pas parvenir à se détacher des tremblements de la chercheuse.
Elle s'était laissé tomber par terre dès qu'ils étaient revenus. Son visage était désormais réfugié dans son veston noir, que ses doigts enserraient d'ailleurs avec un talent cruel. Il l'avait laissée faire, comme toujours. Son bras entourait son dos, sa main maintenait l'arrière de sa nuque, son pouce caressait brièvement ses cheveux secs.
Peu importe que Philippe soit en train d'attendre, adossé à la tapisserie jaunâtre du couloir. De toute façon, même s'il avait été là, il aurait été trop horrifié par les évènements pour remarquer la singularité de la scène. Kenny qui rassure une gonzesse ? C'était une blague du même niveau que le mec qui rentrait dans un bar, voire dans un café en cas d'extrême nécessité.
Elle avait choisi les américains. Les Résistants avaient tenté de s'y opposer, il les avait mis hors de nuire ; la jeune mère y était passée, mais cela relevait de l'accident, puisqu'une voiture s'était précipitée devant eux. Marion l'avait bien vu, elle ne lui avait rien reproché.
La science avait primé, et ce n'était pas étonnant de sa part. Après tout, les États-Unis lui offraient un sujet de recherche qu'elle ne pouvait retrouver nulle-part ailleurs. « Tant pis pour le monde », avait-elle dit : c'était parole tenue. Et puis, une fois son frère parti, il comptait bien lui expliquer pourquoi elle pouvait toujours revenir sur ce choix.
D'ailleurs, le cadet l'avait vue, la baston... Et n'avait rien dit. C'était quelque chose que Kenny appréciait chez lui : il ne se mêlait pas de ce qui ne le regardait pas. Marion venait du futur ? Pas de problème. Les américains menaient depuis plusieurs décennies un complot qui allait changer la face du monde ? Quelle aventure. Stéphane Bern était le général d'une organisation secrète qui s'y opposait avec ferveur ? Grand bien lui fasse. Si Kenny était un connard d'élite, Philippe majorait chez les lâches, et cela avait des côtés positifs non négligeables.
« J'ai fait le mauvais choix, non ? » Son menton se baissa.
« Bah... Tu peux gérer ses répercussions, voire changer d'avis.
— Et les attentats...
— Dommages collatéraux. Et puis, tu penses vraiment qu'ils auraient pris le risque de prévenir un truc pareil ? »
Elle releva la tête avec surprise. Il put remarquer qu'aucune larme n'avait coulé sur ses joues.
« Ils auraient pu se faire démasquer.
— Oh, c'est vrai... »
Elle prit une grande inspiration, au bout de laquelle elle posa son front brûlant contre son torse. « Cette situation est fatigante. Les tours jumelles, la femme... J'ai l'impression que mon cerveau va exploser. C'est la première fois que quelqu'un se fait renverser à quelques mètres de moi... » Un long soupir s'échappa de ses lèvres. « J'espère que les secours sont arrivés à temps... »
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ᴏʀɪɢɪɴᴇꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ³⌟
FanfictionPeut être lu sans connaître SNK. Tome 3 de la saga ! ⓪⓪⓪⓪⓪⓪_❼ Lorsque Marion, une simple lycéenne de dix-sept ans, se retrouve dans l'Attaque des Titans, tout son monde bascule d'un coup. Désespérée de retrouver sa vie d'avant, elle mettra tout de c...