Chapitre 13

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Il me dévisage de ses yeux bleu éteints. Je me retiens de ne pas lui sauter dans les bras. Lui dire que je suis désolé. De ne pas avoir été là lorsqu'il avait besoin de moi. D'avoir si peur d'affronter mes sentiments tant réprimés.

J'ai envie de fondre sur Josh et lui exploser le visage d'un coup de poing afin que cette arrogance soutenue se transforme en humiliation et désolation.

Mais je ne bouge pas. Ne cille pas. Je fixe Enzo, imprenable. Cet homme dont je suis malgré moi tombé amoureux. Pourquoi ?

La présence de Charlie près de moi m'apaise. Suis-je vraiment amoureux de lui ?

Je crois que je l'aime elle aussi.

Putain, je ne suis que tourment et paradoxe sentimental. Pourquoi a-t-il fallu que ma vie soit à ce point misérable. Au milieu de ces photos trop gaies, trop parfaites, je sens mon corps faiblir.

Enzo ne dit pas un mot. Josh me regarde durement, serre les dents.

« Enzo ? Il faut que Sasha et toi discutiez. Allez à l'arrière, propose Charlie. »

Je lui lance un regard noir. Plein de terreur. Non, je ne parviendrais pas à l'affronter. Pas après tout ça.

Charlie me dépasse pour s'enfoncer dans une petite salle hors de la vue de tous ces amateurs de la photo.

Enzo lâche la main de Josh et suit Charlie. Je fais de même, ravalant mon appréhension.

La pièce est vaste, il y fait sombre et chaud. De nombreuses photos y sont entreposées.

« Il faut vraiment que vous discutiez tous les deux. Qu'importe si nous sommes en plein milieu de mon exposition de photos. »

Elle referme la porte derrière elle en s'en allant.

Je n'ose pas soutenir le regard d'Enzo. Sa présence me paralyse. Il est là, immobile face à moi, espérant que quelque chose se passe.

Mais je n'ai pas cette ténacité que tout le monde attend de moi.

Je suis faible. Je suis mourant.

Quel est le but de tout cela ? Alors que je ne serais plus en vie dans peu de temps. Je n'ai pas la force de me battre vainement. Ça ne rime à rien. Je baisse les yeux, fixant mes vieilles baskets blanches salies par le temps et la poussière.

« Je ne savais pas que tu aimais la photo, je dis.

—   C'est Charlie qui m'a convié à son exposition. J'aurais dû me douter que t'y serais, toi aussi. »

Charlie, toujours aussi délurée et obstinée. Tout ça signifiait quelque chose pour elle, c'était une occasion en or.

J'aurais dû rester nu dans mon lit défait.

J'aurais dû lutter contre la curiosité, ou plutôt l'envie, de contempler l'art de Charlie. Celui des instants. Je ne les aime pas. Et je ne les ai toujours pas compris.

Il fait un pas vers moi. L'odeur qui flotte dans la pièce est celle du parfum que je lui ai offert à son dernier anniversaire. Ses cheveux sont ébouriffés et l'éclat de ses yeux a disparu. Mais son courage de me regarder malgré tout ce que j'ai fait me trouble.

Après tout, il est le plus fort de nous deux. 

« Je suis désolé Enzo. Pardon de ne pas avoir été là. »

Je lève les yeux vers lui. Il est relativement proche.

« Pardon de ne pas avoir eu le courage de confronter ces sentiments incertains. J'étais juste... perdu. »

Crève-CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant