Chapitre 5

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Cela fait maintenant 6 jours que je n'ai pas eu de nouvelle d'Enzo. Depuis qu'il a quitté mon appartement, il a comme disparu de la surface de la Terre. Je suis assez inquiet.

Maël est affalé sur mon sofa, une bière à la main.

« Mec, ça me fait peur. Il ne décroche à aucun de mes appels, il n'est pas chez lui. Sérieux, j'ai l'impression d'avoir perdu quelque chose. Ça me saoule, s'inquiète Maël.

—   Laisse-lui du temps pour... pour se reposer, je mens. Je crois qu'il est un peu fatigué en ce moment.

—   Ouais, je sais pas. Il m'a rien dit du tout et il disparait comme ça ! Je suis censé être son meilleur pote. Tu es sûr qu'il ne t'a rien dit à toi ? »

Je ferme les yeux et me représentais Enzo, brisé sur ce même sofa, récitant les atrocités qui lui sont arrivées.

« Non, je suis comme toi. Je ne sais rien. Rien du tout. Peut-être que sa mère a enfin accepté de lui parler ? J'en sais rien, mais tu ne devrais pas t'inquiéter. »

Je suis un gros con. Je suis moi-même au summum de l'inquiétude. J'ai envie de retrouver mon ami pour le prendre dans mes bras et ne plus jamais le lâcher. Je suis un idiot, je n'aurai jamais dû le laisser partir. Et c'est si dur, de tout garder pour soi. L'envie est si tentante de tout expliquer à Maël. Mais il me l'a fait promettre...

Je ne peux pas le trahir.

Pas une fois de plus.

Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine.

« Tu en es certain ? Tu n'as pas l'air très serein non plus, tu sais ? J'ai l'impression que tu n'as pas dormi pendant des jours ! »

C'est vrai. Je n'ai pas dormi. Mes nuits sont tourmentées pas de sombres pensées que je ne parviens pas à faire cesser.

« Tu sais ce qu'il nous faudrait ? Une soirée ! Mon pote organise une soirée pour l'anniversaire de son amie. On pourrait y aller ?

—   Je ne sais pas trop. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, tu sais. »

Il lève les sourcils, surpris.

« Écoute, je sais que ça ne va pas. Avec... tout ça. Mais on ne doit pas s'interdire de vivre. Et puis tu m'as assuré qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Je suis certain qu'il va bien. Ça te changera les idées, promis. »

De ses yeux bruns, il me lance un regard de supplication. J'espère vraiment que ça me changera les idées, finalement, j'en ai peut-être besoin. Même si ce dont j'ai besoin le plus c'est d'un peu de sommeil...

J'acquiesce et mon ami saute de joie. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je m'en empare et observe attentivement la notification qui s'affiche : Enzo.

Je montre l'écran de mon portable à Maël, avec un regard plus lumineux.

Il est sain et sauf. Maël lit à voix haute :

« Sasha, je vais bien. Je peux passer ? »

Je réponds aussitôt à mon ami, un sourire folâtre aux lèvres.

On passe l'heure suivante à attendre que la porte de mon appart' s'ouvre en grand sur le visage fatigué de notre vieil ami. Nos regards hagards ont détruit l'ambiance qui était déjà pesante. Et l'attente semble interminable. Plus le temps passe, plus les quelques bières dans le frigo terminent vides, jonchant le sol. Même la console de jeu poussiéreuse ne suffit plus à faire passer le temps qui se fait long. Il semble que notre ami ne viendra pas.

« Bon Sasha, il est temps d'y aller. Ça fait 1h et demi que la soirée a commencé. De toute manière, tu m'as dit qu'on y allait, donc on y va ! Aller lève-toi ! »

Crève-CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant