Chapitre 17

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Sans la contrainte du travail, je reste longtemps dans mon lit, éveillé. Cette nuit était moins tourmentée que les autres. Malgré les quelques secousses et le mal de tête dû à ma maladie, je suis suffisamment reposé.

Allongé sur le ventre, je songe pendant très longtemps.

Maintenant que je connais l'origine de mon inspiration : Charlie ; que suis-je supposé faire ?

L'enfermer dans mon appartement jusqu'à ce que je termine mon roman, résolue à n'être que ce simple fournisseur personnel ? C'est assez sordide. Et complètement en désaccord avec ma maladive intention de ne pas la blesser.

Mais je ne peux pas l'utiliser de cette manière.

Elle que j'ai tant repoussé, espérant ne pas l'endeuiller à ma mort. J'en ai rapidement conclu que c'était trop tard, qu'elle sera obligatoirement affligée par mon décès précipité.

Si seulement je n'avais pas suivi Maël à cette absurde soirée.

Si seulement je n'avais pas laissé cette colère me dominer.

Si seulement je n'avais pas frappé Josh.

Il n'y aurait pas de Charlie.

Et je serai mort sans avoir achevé mon roman.

Quelqu'un frappe à la porte. Je grogne et me terre sous ma couverture. Blotti confortablement dans mon lit, je n'ai nulle envie de me lever pour aller ouvrir.

Pourquoi y a-t-il constamment des allés et venus dans cet appart' ? Suis-je à ce point intéressant ?

Je ris intérieurement.

Évidemment que non. Je ne suis qu'une âme vagabonde qui persiste à vivre.

Je me frotte les yeux, constatant que les coups contre ma porte ne cesseront pas.

J'ai la tête qui tourne en me levant et mes yeux piquent et s'assèchent. Je vacille un instant avant d'atteindre ma porte. J'ouvre paresseusement et découvre le visage rayonnant de Maël.

Je me souviens alors qu'hier soir, je lui avais demandé de passer.

« Quoi de neuf, vieux ? dit-il machinalement en entrant. »

Je referme la porte et vais dans la cuisine. Je bois du lait à même la bouteille. Maël m'observe curieusement.

Je m'essuie la bouche d'un mouvement de la main et vais m'assoir près de Maël sur mon sofa.

« J'ai trouvé ce qui m'inspire. »

Il me lance un regard avec de grands yeux suppliants.

« C'est Charlie. »

Et ma voix tremble. Comme si je n'assumais pas complètement.

Le sourire sur le visage de Maël s'efface aussitôt. Les étincelles dans ses yeux s'éteignent. Il baisse la tête, manifestement déçu de ma réponse.

« Quoi ? »

Il hausse les épaules.

« Je pensais que tu allais dire autre chose. »

Il expire.

« Quelqu'un d'autre.

— Qui ? l'interrogé-je.

— Enzo.

— Pourquoi ? »

Il lève les yeux au ciel.

« Laisse tomber. Je pensais que...

— Que quoi ? j'aboie, mécontent de ses hésitations.

— Qu'enfin tout était clair entre vous. »

Crève-CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant