Chapitre 22

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Les yeux clos, la main posée sur mon torse. Qui se gonfle. Et se dégonfle. Je me concentre sur les bruits qui m'entourent. Il y a des hommes à la voix bourrue parlant d'un anglais marqué d'un fort accent australien réunis dans le jardin contigu. Il y a le bruit de l'eau qui coule. Je prends une profonde bouffée d'oxygène. Il y a le bruissement des oiseaux dehors. J'expire. Et le bruit du monde qui s'ébranle. Allongé dans le confortable canapé du salon, je me laisse aller à de singulières divagations, un sourire hébété sur les lèvres. Je dessine le corps de Charlie dans mon esprit. Les gouttes d'eau qui perlent son corps. Le ruisselant. J'imagine ses épais cheveux mouillés. Le creux de sa poitrine. L'eau cesse de couler. Charlie sort de sous la douche. Mais où avais-je la tête ?

Je fronce les yeux et me masse le front. Je n'ai pas envie de me lever. J'ai envie de rester ici. Pour toujours. À jamais. Distrait par mon imagination dissolue aux tendances perverses. Je passe une main dans mes cheveux : ils sont toujours humides et pleins de sables de la plage. Quelques minutes plus tard, Charlie, une serviette enroulée sur sa tête et vêtue d'un simple peignoir blanc, me surprend alors :

« Tu dors ? »

J'ouvre les yeux. Tous les sons qui s'intensifiaient disparaissent brusquement. J'ai l'impression que mes pupilles se dilatent.

« Non, je réponds en me redressant. »

Elle s'approche et vient s'asseoir près de moi. La savoir nue sous ce simple peignoir me trouble.

« Va prendre ta douche, tu as encore plein de sable, m'invite-t-elle en passant une main dans mes cheveux. »

Je referme les yeux. J'aime la sensation du sel de la mer sur ma peau. Et celle du sable dans mes cheveux. Entre mes orteils...

« Je la prendrai plus tard, j'admets. »

Elle me lance un regard affolé, les joues encore roses de la douche.

« C'est bon Charlie, je n'ai pas dit que je ne la prendrai pas. Calme-toi ! »

Elle sourit.

« Bon, je vais m'habiller puis aller faire quelques courses pour ce soir. Je vais te préparer une recette de ma grand-mère ! Tu viens avec moi ? »

Je réfléchis un instant.

« Je crois que je vais écrire un peu. Vas-y toi ! »

Mais elle ne se lève pas. Elle me dévisage étrangement. Avec admiration.

« Tu ne m'as jamais dit de quoi parle ton livre.

— C'est un roman. »

Elle hoche la tête plusieurs fois.

« Et de quoi il parle ? »

Je tourne mes yeux vers elle. Mon expression lui indique que cette information est, pour le moment, personnelle.

« Quoi ? Si c'est un roman, il va bien falloir qu'on le lise ! Non ? Alors, dis-moi de quoi il parle, s'il te plait. »

Elle se rapproche de moi et joint ses mains en signe de supplication. Je lève les yeux au ciel et soupire. Avant que je ne commence mon résumé, elle frappe des mains, allègre.

« C'est l'histoire d'un jeune détective qui mène l'enquête sur la mort mystérieuse d'une jeune femme. Alors qu'il récolte des indices et interroge les suspects, il va rencontrer le fantôme de cette jeune femme. Tragiquement, elle ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé lorsqu'elle a été assassinée. Ils vont alors tous les deux tenter de résoudre l'enquête. Et ils vont progressivement tomber amoureux l'un de l'autre. »

Crève-CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant