Nous y sommes.
Enfin.
J'écris la finale phrase de mon livre.
Je sais que cela signifie la fin de quelque chose.
Ma fin à moi.
Je sais que ça signifie un probable échec. Le terrible anéantissement d'un rêve.
Ce rêve, ma bouée de sauvetage, qui me maintenait à la surface lorsque je me noyais dans ce vaste océan de désespoir.
Et j'ai dû me battre afin de ne pas submerger dans les profondeurs.
Que suis-je censé faire à présent ?
Mais je suis interrompu par quelqu'un qui frappe à ma porte.
Enzo se tient juste là, face à moi. Il est toujours aussi bien habillé. Il est toujours aussi beau.
Toujours aussi triste.
« Salut Sasha. Ça va ? demande-t-il d'une voix enjouée en entrant. »
Je n'y crois pas. Le revoilà.
Et tout ce qu'il s'est passé la dernière fois surgit de nouveau. Si brusquement.
Sa peau...
Son corps...
Lui. Et moi.
Dans un même temps.
« Enzo... je parviens à dire, décontenancé. »
Il se laisse tomber sur mon sofa. Comme d'habitude. Il semble que rien n'est véritablement changé...
Je vais alors m'assoir près de lui. Après lui avoir narré mon voyage en Australie et qu'il m'ait raconté ses deux longues semaines, ici, à Paris, sans moi, je capitule et laisse mes sentiments reprendre le contrôle de mon être.
Je n'en peux plus du bleu de ses yeux.
Des bagues ceignant ses doigts.
De la mèche sur son front.
De ses lèvres humides.
Et de sa voix.
Je n'en peux plus de le voir là sans vraiment l'avoir.
« Maël m'a dit que tu étais bizarre depuis que je suis parti... Qu'est-ce qu'il y a ? »
Il baisse la tête et hausse les épaules.
« Il raconte n'importe quoi. Je suis... je suis juste fatigué par mes études. »
Il déglutit et se masse la nuque en signe d'embarras.
« C'est pas trop dur ? »
Il hoche la tête et sourit.
« Horrible ! Mais tu verras plus tard, je serais le plus grand médecin de Paris. »
Non. Je ne verrais pas. Je n'ai pas de « plus tard ». Je n'ai pas de futur.
Mais je ris aussi. Juste parce qu'Enzo semble heureux.
Je me rapproche de lui, fébrile, et pose une main sur sa cuisse. Il a alterné de succincts regards entre ma main et moi avant de froncer les sourcils.
« Tu es vraiment sûr que ça va ? »
Mais ses yeux se voilent de tristesse. Il maintient ce contact visuel entre nous.
« Est-ce qu'on va en parler ? demande-t-il dans un murmure. »
Je baisse les yeux.
C'était beau. Ce fantasme dans lequel on décidait de taire nos inavouables passions l'un pour l'autre.
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Crève-Cœur
Romance6 mois. Seulement 6 mois avant d'être oublié par l'existence. 6 mois pendant lesquels il ne faut laisser personne s'attacher et ne s'attacher à personne. 6 mois avant de mourir. Mais c'est alors que, fortuitement, Sasha retrouve sa meilleure amie d...