Collées

19:49

J'ai hésité à reprendre la publication de Collées, parce que j'étais loin d'être convaincue ; mais comme j'aime bien la fin et que j'ai quand même tout écrit, j'ai décidé de lui accorder une autre chance. A voir si j'arrive à en faire quelque chose qui me satisfait ou pas <3

(et puis y a déjà Regarde-moi en stand by donc j'voulais pas que ce soit le cas pour Collées aussi...)

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ZOÉ, particulièrement fière, fait claquer la dernière bassine contre le plan de travail.

– Et... c'est fini !

Le sourire aux lèvres, elle tourne la tête vers sa camarade, dont le visage ne laisse passer aucune expression. Elle n'a pas l'air mal à l'aise, comme avant, voire même en colère ; non, elle semble juste éteinte. Instantanément, la joie de Zoé retombe, comme un soufflé.

Dépitée et légèrement contrariée, elle retourne s'asseoir sur sa chaise, les jambes bien étendues devant elle. Elle aimerait piquer un petit somme, sait pourtant que c'est hors de question. Pas qu'elle s'en prive, habituellement. Mais les circonstances ne sont pas assez optimales, pour ça. Et elle préfère observer Mia, les paupières entrouvertes, le regard scrutateur.

Discrètement, elle se masse la tempe, pour tenter de faire disparaître la migraine qui a pointé le bout de son nez. Zoé ne sait pas gérer la fatigue, ni l'effort physique ; elle en ressort toujours avec un mal de tête qui achève de la mettre KO. Rien ne va et l'attitude de Mia ne fait que l'agacer un peu plus.

– T'es pas fatiguée, toi ?

– Hein ?

– T'es pas fatiguée ?

– Euh... Non.

Inutile d'insister, elle capitule bien vite en détournant le regard.

Si elle se laisser aller, elle sait qu'elle se mettra directement à piquer du nez. Alors elle préfère rester vigilante.

Du coin de l'œil, elle aperçoit Mia se tordre les mains, tenter quelques pas dans une direction, avant de s'arrêter. Loin de l'indifférence initiale, elle paraît soudainement beaucoup plus mal à l'aise. Mais Zoé en a marre, d'essayer de lui forcer la main ; alors elle se contente d'attendre, en croisant les bras.

– Je...

– Oui ?

– J'ai envie d'aller aux toilettes.

Après un temps de flottement, Zoé éclate de rire ; et les joues maintenant rouges de sa camarade ne l'aident pas à se calmer.

Pourtant, elle se lève précautionneusement et se dirige vers la porte.

– Brunet nous a pas vraiment autorisées à quitter la pièce... tente la brune d'une voix faible.

– Ouais, mais Brunet peut pas nous séquestrer.

Elle tourne la tête, pour croiser le regard sceptique de Mia. Aucune des deux n'y croit, pourtant ça ne l'empêche pas d'ouvrir le battant pour rejoindre le couloir.

– Allez viens. Au pire, j'en prends la responsabilité.

– Comme la dernière fois.

La réplique sort dans un grommellement à peine audible, que Zoé parvient pourtant à capter. Elle lève les yeux au ciel, excédée.

– Viens j'te dis.

Avant de s'engager pour de bon, elle regarde à droite et à gauche, vérifie qu'il n'y ait pas de trace de leur enseignante, puis se dirige vers les toilettes. Mia attend quelques secondes, avant de se mettre à la suivre. Elle ne tarde d'ailleurs pas à la rejoindre, le pas de Zoé ralentissant sensiblement. La fatigue se fait ressentir ; elle a l'impression de vieillir prématurément, ce qui est loin de lui faire plaisir. Elle n'a pas encore quinze ans, après tout.

Arrivée dans les toilettes, elle abandonne sa camarade pour s'enfermer dans un cabinet. Assise sur la cuvette, elle en profite pour sortir son téléphone planqué dans sa chaussure. Évidemment, elle n'est pas censée l'avoir sur elle pour sa colle ; mais, comme à son habitude, l'adolescente a préféré ignorer l'interdiction.

Elle voit un message de Cloé et lui envoie en retour un selfie de sa plus belle grimace. Avec un pincement au cœur, elle se rend compte que sa meilleure amie lui manque et à quel point elle aimerait l'avoir à ses côtés.

Avec un soupir, elle ferme l'application pour ouvrir FaceMagik, le facebook des sorciers. Rien de nouveau sous le soleil là-bas, évidemment. Que la vie est ennuyante quand elle n'est pas là.

Avant de tirer la chasse d'eau et de ressortir, elle prend bien garde à ranger son téléphone. Mia n'a pas l'air d'être une balance, mais la jeune fille préfère rester sur ses gardes. Elle a bien trop à perdre dans cette histoire, après tout.

C'est pendant qu'elle se lave les mains que la brune la rejoint.

– Prête à retourner à abattoir ?

Elle lève fortement les yeux au ciel, dans une parodie tout ce qu'il y a de plus forcée. Mais Mia laisse échapper un léger rire, qui fait naître un sourire sur le visage de l'adolescente. Quitte à passer la soirée avec de presque inconnues, autant bien s'entendre avec elles. Et peut-être que la brune finira par lui pardonner ; ce qui, et elle en est d'ailleurs la première étonnée, lui ferait particulièrement plaisir.

Côte à côte cette fois, elles regagnent la salle de cours, Mia s'adaptant à son rythme.

– On va avoir des ennuis tu penses ?

– Nan, elle est peut-être même pas encore re-

Zoé a la décence de se taire quand elle aperçoit leur enseignante, de nouveau installée à son bureau. Cette dernière braque son regard vers les deux jeunes filles, un sourcil haussé. Mia baisse la tête, observe ses chaussures. Inconsciemment, Zoé se déplace et fait de son corps un bouclier pour encaisser toute la colère de leur professeure.

Mais à la place, Brunet détourne la tête, englobant la salle de ses bras avec un soupir.

– Rasseyez-vous.

Les deux adolescentes soupirent à l'unisson. Les épaules qui se relâchent, les expressions qui se détendent ; et le soulagement presque palpable.

Elles rejoignent leurs places dans le silence le plus total, Zoé traînant les pieds. Mais même si elles ne parlent pas, c'est d'un accord commun, qu'elles décident d'enterrer la hache de guerre.

Rassérénée et avec sa distinction coutumière, Zoé se laisse tomber sur un siège et pose son front contre la table. Avec un nouveau soupir, elle ferme les yeux. Autant grappiller ce qu'elle peut pour se reposer.