AMÉLIE regarde le dos de son petit ami disparaître au détour d'un couloir. Elle pousse un soupir, masquant sa déception du mieux possible, avant de se tourner vers sa meilleure amie. Sarah est, objectivement, presque sa copie conforme; que ce soit physiquement ou mentalement. Elles le savent, on le leur a répété de nombreuses fois. Deux vrais petits clichés ambulants. Si habituellement elle trouve ça amusant, aujourd'hui Amélie n'a pas le coeur à en rire. Elle réunit ses cheveux sur une épaule, pendant que son amie chante les louanges de ce copain merveilleux qu'elle lui envie. Amélie sourit, sans que ça n'atteigne ses yeux.
Les cours viennent de se finir et elles quittent le bâtiment principal pour rejoindre les dortoirs d'un bon.
Aujourd'hui, Amélie est d'humeur morose. Elle voulait passer la fin d'après-midi avec son copain, avait même tout prévu, sauf qu'il l'abandonnerait pour réviser avec ses amis. Elle sait qu'il est occupé, qu'il doit tout donner pour sa dernière année, mais elle n'en a cure. Elle est juste déçue et, une nouvelle fois, se sent délaissée, ne voyant là que la énième preuve de son désintérêt total. Pourtant, ça ne l'empêche pas de culpabiliser, persuadée de réagir de manière disproportionnée.
Sarah bifurque pour rejoindre le salon des sixième année, pendant qu'elle-même rejoint sa chambre, en promettant de la rejoindre bientôt. Quitte à se retrouver seule, autant se concentrer sur son nouveau projet ; plus rien ne la retient, maintenant. Elle pense à la fleur de mandragore, qui l'attend sagement dans sa chambre, sous son matelas. Connue pour ses effets curateurs autant que mortels, elle est fréquemment utilisées dans la confection de charmes en tout genre. L'excitation revient, comme un petit soleil après l'averse. Pourtant, son sourire disparaît quand elle croise les yeux écarquillés de sa colocataire, dont les tâches de rousseur ressortent sur sa peau livide. Les sourcils froncés, Amélie hésite un instant, avant d'accélérer en direction de sa chambre. Elle pousse le battant de la porte et se fige, sans y mettre un pied. De l'autre côté, madame Brunet, la professeure de potion, l'observe, adossée contre le mur. Son expression d'ordinaire radieuse, paraît si sérieuse, accentuant les ombres de son visage. Mais ce n'est pas ce qui préoccupe Amélie. Non, ce qui la préoccupe vraiment, c'est la présence de la directrice Mordant. Elle ouvre la bouche, la referme. Pas besoin d'un miroir pour qu'elle se devine aussi pâle que sa camarade.
– Mademoiselle Rivière, entame Brunet. J'imagine que vous savez pourquoi on est ici.
Piégée. Elle est piégée. Elle ne sait pas si quelqu'un l'a vue et dénoncée ou si Brunet l'a tout simplement devinée, mais elle se sait coincée. Elle qui avait été si précautionneuse, déjouant habilement les sortilèges protégeant la réserve. Elle s'était même installée le plus près possible, pendant le cours, pour qu'on puisse y associer les résidus de magie qu'elle ne manquerait pas de déposer.
Et pourtant, elle s'est fait attraper. Pendant quelques secondes, elle hésite à mentir, prétexter une erreur. Bien sûr, elle prendrait le risque de voir sa chambre fouillée. Mais elle pourrait s'en sortir.
Ou alors elle se ferait prendre et renvoyer sans sommation.
Les épaules tombantes, elle finit par capituler. Elle arborant d'ordinaire une attitude si fière et confiante, ne parvient pas à trouver les mots. Elle se contente de lâcher, dans un filet de voix :
– Oui.
Et le couperet tombe, tranchant.
– Mademoiselle Rivière, venez dans mon bureau. Immédiatement.
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C'était le dernier personnage à introduire, on rentre dans le vif du sujet ensuite <3

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Collées
Teen FictionZoé a tagué, Mia était là, Irina s'est battue, et Amélie a volé. Quatre histoires différentes, qui se mêlent et se recoupent jusqu'à n'en former plus qu'une en cette fraîche soirée aux relents de magie.