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Je m'étire et mets en route ma musique avant d'aller me préparer, comme mon rituel matinal l'exige. Quand je descends les escaliers pour rejoindre la cuisine, je m'attends à voir mon frère assis sur l'un des tabourets de la cuisine en attendant son bol et ses céréales, mais la radio est allumée et des rires me parviennent du milieu des marches. Je m'arrête sur le seuil de la cuisine et un doux sourire s'installe sur mon visage alors que mes parents sont en pleine valse. Mon père est penché à l'oreille de ma mère et lui glisse quelques mots que je n'arrive pas à entendre, mais cela fait rire ma mère qui ne peut s'empêcher d'embrasser son mari sur les lèvres. Ce tableau matinal, et hélas si rare en ce moment, est très agréable, si agréable que j'hésite un instant à sauter le petit-déjeuner pour ne pas gâcher leur moment. Malgré tout, j'ai envie de profiter moi aussi de mes parents, alors je rentre dans la pièce et pose mon téléphone sur la banque de la cuisine.

– Bonjour.

Tous les deux se lâchent et me regardent en souriant.

– Bonjour mon lapin.

Mon père vient me prendre dans ses bras et m'embrasse dans les cheveux. Toujours d'aussi bonne humeur, il porte sa tasse de café à ses lèvres, celle avec écrit « J'aime mon papa » dessus. Je devais avoir quatre ans quand je la lui ai offerte et depuis, il l'utilise dès qu'il en a l'occasion. Pourtant elle est toute sauf jolie, mais elle a soi-disant une valeur très sentimentale. Enfin bref... Sa chemise est un peu débraillée et ressort de son pantalon. Ma mère le réprimande gentiment et le rend plus présentable en ajustant son col et en rentrant elle-même le tissu dans le pantalon en toile de son mari. Lorsque le résultat lui convient, elle lui embrasse la joue.

– Comment ça va Iliana ? Ton entraînement s'est bien passé vendredi, me demande ma maman en remontant ses lunettes sur son nez.

Je passe une main dans mes cheveux en fixant mon verre de jus d'orange.

– Ça va. Frank a toujours la même manie de nous pousser à bout mais on ne va pas le changer maintenant. Par contre, pour ne pas arranger les choses, il a demandé au capitaine de l'équipe masculine de venir lui donner un coup de main. À croire que nous sommes des cas désespérés...

Je bois une gorgée et mon père pince les lèvres.

– Ce n'est pas justement pour « arranger les choses » qu'il a fait venir ce garçon ?

– Ça nous rabaisse encore plus papa. Et puis quoi ? Parce que c'est un mec il est apte à nous faire progresser ?

– Il est peut-être juste très doué. Arrête de voir du sexisme partout ma puce. Tu voulais que tes coéquipières se bougent, ça sera peut-être le cas grâce à lui.

– Ouais.

Je bois d'une traite le reste de mon verre, peu convaincue, et le pose dans l'évier. Je préfère changer de sujet avant que ça me mette de mauvaise humeur. Je crois que le fait que Jace participe à nos entraînements ne fera qu'empirer les choses, mais seul le temps nous le dira.

– Comment ça se passe à la FME sinon ?

Moi ? Un talent pour dévier la conversation ? Naaaan... Ma maman soupire.

– Du boulot et encore du boulot. Entre les rendez-vous et les enregistrements, ça n'arrête pas. Et avec le concours qui se prépare, c'est encore pire.

– Vous allez gérer, comme toujours. Je ne m'en fais pas.

Et puis mes parents sont tellement amoureux de leur boulot que le contraire serait étonnant. Depuis qu'ils se sont associés pour créer la maison de disques Florida Music Entertainment il y a plus de 25 ans, ils n'ont jamais été aussi heureux.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant