8.

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– Allez viens ! Ça va être génial !

Amy, aussi rayonnante qu'à son habitude, est plantée devant ma porte d'entrée depuis une demi-heure pour me convaincre de l'accompagner au match des garçons. Pour la énième fois, j'essuie sa demande par un refus.

– J'ai encore des révisions à faire pour la dissertation de lundi. D'ailleurs, c'est ce que tu devrais faire : réviser !

Je la gronde comme une enfant alors que je sais que c'est déjà peine perdue. De un, Amy Artins fait partie de cette seconde élite que je hais : celle qui regroupe ceux dotés d'une mémoire photographique, faisant de mon amie une élève en haut du classement à chaque bulletin, et ce en ne lisant son cours qu'une seule fois, à la veille des examens. Et de deux, une Amy déterminée, c'était une Amy qu'on ne peut faire changer d'avis. Or, dans le cas présent, elle est plus motivée que jamais à m'entraîner dans son cabriolet.

– Amy, tu dois comprendre que tout le monde n'a pas tes facilités...

– Tu déconnes ? Tu as toujours de bonnes notes !

– Parce que je travaille, je commente d'un air austère. Sans un minimum d'acharnement de ma part, je peux dire adieu à mes projets d'université.

– A quoi bon faire des études alors qu'on est née pour devenir une star de la chanson, tu veux bien me le dire ? Tu es faite pour chanter, aller à l'université pour te bourrer le crâne avec des connaissances autres que musicales ne changera pas ce fait.

Amy croit dur comme fer que mon avenir est déjà tout dessiné : je suis vouée à avoir une carrière florissante en tant que chanteuse et musicienne, à être connue dans chaque pays de la planète et à gagner beaucoup d'argent afin de lui offrir des cadeaux beaucoup trop onéreux pour être acceptables. Ce dernier aspect m'a toujours fait rire, surtout qu'il ne ressemble en rien à Amy. Elle ne se sert pas des gens, elle serait au contraire du genre à se passer la corde au cou si cela peut sauver les gens qu'elle aime.

– Alors Iliiiiiii... S'il-te-plaît, accompagne-moi !

– Tu n'as pas besoin d'être accompagnée pour mater ton mec, je me moque cyniquement.

– Eh, c'est pas pour ça que j'y vais !

Je hausse un sourcil peu convaincu. Elle ne dupe personne avec son air faussement angélique et surtout pas moi, pas avec tout ce que je sais sur elle et sur son amour pour les beaux garçons luisants de sueur.

– Bon, pas exclusivement pour ça, finit-elle par me concéder. Le truc, c'est que tu me manques.

– On se voit presque tous les jours ! Je m'exclame en soulignant l'absurdité de ses paroles.

– Oui, tu es là physiquement mais moi je te parle de ça.

Elle tapote ma tempe du bout de son index.

– Depuis quelques temps, j'ai l'impression que tu me confies moins ce que tu ressens.

Son sourire se fane, faisant naître en moi un profond sentiment de culpabilité. Le fait est qu'en effet, j'ai plus tendance à refouler ce que je ressens en ce moment, parce que j'ai du mal à en parler mais aussi parce que quand je le voudrais, Josh apparaît toujours dans son champ de vision et je passe au second plan. Je sais que ce n'est pas bien – j'ai toujours pensé que la jalousie en amitié était néfaste, en amour aussi d'ailleurs – mais c'est réel, je commence sérieusement à être jalouse de Josh qui accapare mon amie beaucoup trop à mon goût. Amy sent mon trouble et pose sa main sur mon épaule.

– Iliana, tu sais bien comment ça marche : tu me dis ce que tu as à dire, j'écoute sans broncher et ensuite on va de l'avant. On a toujours fonctionné comme ça.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant