Je suis éveillée avant même que mon réveil ne sonne, me préparant mentalement à affronter une nouvelle année scolaire. Et je ne suis pas prête. Je voudrais que le temps s'arrête et que l'été continue, qu'il ne se finisse jamais. Non pas qu'il ait été plus attrayant que mes vacances passées mais penser aux heures interminables de cours, à cette dernière année décisive pour mon futur, cela me fout les jetons. Je ne sais pas encore ce que je veux faire, je ne l'ai jamais su. Peut-être dans le sport ? Je ne suis pas sportive même si je m'adonne au beach-volley. A moins que le domaine de la musique me convienne mieux ? On m'a toujours dit que c'était dans mes gènes et que j'avais un réel talent pour ça. Sans doute. Après tout, même ma cousine Erika qui ne me porte pas dans son cœur l'a avoué une fois. Pas directement, mais elle l'a dit, une fois de trop. Maintenant, à chaque fois que nous nous voyons, j'ai tendance à lui rappeler ce souvenir pour la faire enrager. Cela marche à chaque fois : cette fille est trop crédule et entre dans mon jeu à tous les coups – cela devient lassant à la fin.Je secoue la tête pour revenir au véritable problème : l'heure qui s'affiche sur mon réveil. Il reste exactement huit minutes avant qu'il ne sonne et mon ventre se tord.
Je n'ai pas envie d'y aller...
Je me réinstalle sur le dos en fixant le plafond blanc immaculé de ma chambre et laisse mon esprit vagabonder où bon lui semble. Il faut que je profite encore de ces huit minutes pour me laisser aller à rêver, sans limites, si ce n'est le temps qui s'égrène et qui me sortira bien assez tôt de ma torpeur. Et comme très souvent, c'est la même prière qui prime. Je veux que pour une fois dans ma vie, quelque chose d'exceptionnel m'arrive à moi, quelque chose qui sorte des limites que je m'étais fixées lors de mon entrée au lycée et qui me fasse échapper à cette spirale infernale dans laquelle je suis depuis trop longtemps enfermée, car chaque année c'est la même routine : travail/bonnes notes, beach-volley/matchs perdus, mes amies/extraverties, et moi... seulement moi. Chaque année je souhaite trouver le courage de changer de voie mais je n'y parviens jamais. Pourquoi ? Parce que mes habitudes sont bien ancrées et que j'ai trop peur de quitter la route que je me suis imposée. Emprunter cet autre chemin rocailleux et tellement sombre, je n'en ai pas le courage. Et pourtant, Dieu sait que je essayé maintes et maintes fois, pour finir par me raviser et me laisser retomber dans cette spirale infernale.
Je soupire.Pourquoi cette année serait différente des autres ?
Énième coup d'œil à mon réveil. Trois minutes. Trois minutes auxquelles je ne ferai pas le plaisir d'attendre : j'ai besoin de m'occuper l'esprit si je ne veux pas commencer mon année avec pessimisme. J'allume donc mon portable – éteint pour raison de mauvaises ondes – et mets de la musique, un autre rituel entrant dans le tableau « Habitudes bien ancrées ». Good Bye My Lover résonne désormais dans mes oreilles alors que je me lève pour rejoindre ma salle de bain. Je fixe mon lit avec tristesse : on croirait que cet adieu lui est entièrement consacré. Cette pensée m'amuse et me rend triste à la fois.
Non, je ne veux pas te quitter...
Je désactive mon réveil en le toisant avec arrogance. Au moins, il n'aura pas fait de ravages aujourd'hui. Il est donc sept heures moins une lorsque je quitte ma chambre. Tant pis pour le réveil un peu brutal pour ma famille, je mets la musique à fond et me déshabille pour m'installer sous l'eau chaude en espérant qu'elle m'aidera à me détendre. Plus les minutes passent, plus mes muscles se relâchent et je deviens sereine. Rien de mieux pour entamer une journée qu'un peu de bonne musique et d'eau chaude. Quand j'ai terminé de me réveiller comme il se doit – et accessoirement de me laver – je sors du carré de douche et me sèche à l'aide d'un peignoir et d'une serviette pour mes cheveux. Je me frictionne vigoureusement le corps puis, tournant le dos à mon ennemi juré alias le miroir mural prêt de l'entrée, j'enfile mes vêtements. Mais, comme très souvent, je manque de volonté et risque un œil dans sa direction. Je ne sais pas vraiment si c'est par courage ou simplement pour me faire du mal, mais je n'arrive jamais à m'en empêcher. Je crois surtout que je veux essayer de comprendre la façon dont me voient les gens et ce qui pourrait les pousser à s'intéresser à une fille comme moi. Mais hélas, je ne trouve jamais rien. Je déteste mon corps, comme la majorité des filles je crois, sauf que j'ai des raisons bien valables de ne pas compter cette partie de moi comme un atout. Je n'aime rien chez moi, du moins physiquement, si ce n'est mes yeux verts. J'ai ceux de ma maman et de mon frère, et même si quelque part hériter de ceux de mon père, d'un bleu si profond, tient du rêve, je me contente très bien de mes jolis iris. Sinon, je suis beaucoup trop grande – le dicton « Plus c'est petit plus c'est mignon » n'a pas été inventé pour rien – et ensuite, je suis... Comment dirait ma maman déjà ? Ah oui : enrobée. Ce mot est seulement un terme poli pour qualifier les gens gros sans les blesser à mon humble avis, ce qui en soi ne fait que renforcer le complexe, mais ma mère ne me laisse jamais me qualifier de la sorte en sa présence car selon elle, c'est se dénigrer alors que je n'ai aucune raison de le faire. Mais c'est faux. Pourquoi se leurrer ? Je ne suis pas la fille qui se trouve obèse parce qu'elle ne passe plus dans sa taille 36. Non. Je suis ce genre de personne qui veut voir la réalité en face et sans détours, et pour le coup, c'est plutôt que j'ai abandonné ma taille 40 pour la 42 depuis quelques années déjà. Ça fait mal sur le coup, mais on s'y habitue. On s'habitue à devoir regarder les vêtements placés au plus bas de la pile, à être ignorée ou à lire le dégoût et la moquerie dans les yeux des gens quand on se change dans les vestiaires, même si on rentre son ventre. C'est comme ça. C'est juste la vie d'aujourd'hui et je me dois de l'accepter si je ne veux pas tomber encore, pour cette fois ne plus jamais me relever.
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Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)
Roman d'amourPour la deuxième fois, venez découvrir, ou redécouvrir, l'histoire d'Iliana Harrington, lycéenne en quête d'identité face aux diktats de la société. Ayant connu trop tôt le revers de la médaille, cette jeune fille "enrobée" a perdu toute foi en l'h...