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Enfermée depuis une bonne heure dans la salle de bain, j'inspecte une énième fois mon corps, à la recherche des dernières traces de cire ou de poils récalcitrants sur une zone très précise de mon anatomie. Jace ne m'a jamais fait aucune réflexion sur mon épilation, là, en bas, mais j'avais envie que tout soit parfait, clair, net, précis. Après tout, j'ai de beaux sous-vêtements, alors il est normal que ce qu'il y a en-dessous soit un minimum présentable, pas vrai ? Je pouffe en revoyant la tête de Jace quand je lui ai dit que je devais retourner à la douche, à notre retour du restaurant. Je le voyais, il était prêt à tout donner, m'embrassant comme un mort de faim et frottant sans cesse son érection contre mon bas-ventre, mais j'ai dû dire stop. Il m'avait dévisagé, puis avait pris un air effaré, comme s'il était un enfant à qui je venais de voler sa sucette. Il avait essayé de me faire changer d'avis, devenant plus vorace et plus pressant en me menant vers le lit, mais avant qu'il parvienne à ses fins, j'avais réussi à me soustraire de son emprise en courant jusqu'à la salle de bain pour lui échapper. Il avait frappé de longues minutes à la porte, me suppliant de lui ouvrir et en me promettant de me faire prendre mon pied comme jamais, mais j'avais résisté à la tentation. Il avait fini par capituler en râlant et quelques minutes plus tard, j'avais entendu ma voix planer dans la suite, me faisant comprendre que Jace s'était amouraché de mon cadeau. Cela m'avait fait plaisir. Maintenant encore, la musique continue de tourner en boucle et je chantonne en me passant enfin l'ensemble Victoria's Secret. Dans la glace de la salle de bain, je me regarde d'un œil perplexe. Est-ce que je vais vraiment faire ça ? Je me mords la lèvre et triture le chouchou qui pend à mon poignet de façon nerveuse. Et si cela ne lui plaît pas ? Je me détourne de la glace et avant de changer d'avis, je passe délicatement la robe empruntée à mon « placard secret ». Je me retrouve alors en robe blazer noire m'arrivant mi-cuisses. Les cheveux lissés et revenus en arrière en une queue de cheval plutôt stricte, je suis méconnaissable. Et encore, je n'ai pas terminé mon maquillage. J'essaie de me rappeler les conseils maquillage d'Amy en sortant ma trousse. Elle m'a aidé à m'entraîner pour obtenir un regard charbonneux et sexy à souhait. J'espère juste que le résultat sera aussi réussi que lorsqu'elle était là. J'opte alors pour un smoky dans les tons marron et cuivre. J'applique ensuite une légère ligne d'eye-lineur. C'est une vraie plaie ce truc ! En plus, je ne peux pas me rater, sinon je devrai recommencer mon fard à paupières ! Rrrrrh... Quelle galère ! Heureusement, les heures d'entraînement intensifs avec Amy ont porté leurs fruits et lorsque je suis fin prête, j'arrive même à me trouver... passable. Bon, OK, jo... Je me trouve... jo... Même dans mes pensées, j'ai du mal à le dire. Mais ce n'est pas grave, parce que le principal, c'est que Jace le pense, lui. Je passe mes escarpins noirs et, après un long soupir, je déverrouille la porte. 

La musique devient plus forte. Je m'attends à trouver Jace assis à côté de la porte, ou sur le lit, mais il n'est à aucun des deux endroits. Je me dirige alors vers le salon privé de la suite. Il est assis sur le canapé matelassé, la tête renversée et les yeux clos, comme transporté par la musique. C'est pour cela que, lorsque je me plante devant lui, il ne réagit pas. Cela me laisse le temps de me préparer psychologiquement à sa réaction. Est-ce qu'il va aimer ? Est-ce qu'il va se terrer dans le silence ? Est-ce qu'il va me sauter dessus ? Le cours de mes pensées se brouille lorsque je suis happée par deux iris profonds et terriblement envoûtants. J'entrouvre les lèvres pour pouvoir mieux respirer et, lentement, comme un fauve prêt à sauter sur sa proie, il se lève du canapé pour s'avancer vers moi. Son visage est impénétrable. Je n'ai aucune idée de l'effet que je lui fais, sauf quand, sans me prévenir, il passe ses dents contre ma mâchoire, lâchant au passage une plainte presque douloureuse :

– Merde, tu... 

Ses mots se meurent à la barrière de ses lèvres si appétissantes. Je ne peux détourner le regard de leur courbe délicieuse, du léger pli qui barre sa lippe si charnue. L'une de ses mains vient enserrer ma taille, une deuxième se pose sur mes fesses. Je lâche malgré moi un gémissement. 

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant