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– Alors, prête ?

Amy replace correctement la sangle de son sac de cours tandis que l'on s'apprête à rentrer en classe.

– J'ai révisé tout le week-end pour ce contrôle, y'a intérêt que je sois prête !

Mon amie lève les yeux aux ciel, totalement désespérée.

– Je parlais de samedi nunuche !

Elle s'empare de mes mains et les serre contre elle en affichant un air de satisfaction et d'euphorie.

– J'arrive pas à croire que tu aies accepté de venir ! Je suis tellement aux anges ! Tu vas voir, on va s'éclater comme jamais ! En plus, la maison de Raph est une tuerie : son père tient une chaîne de restaurants super quottés, ils ont plusieurs étoiles je crois. Son père est un grand chef, je l'ai vu plusieurs fois, il est aussi bienveillant que son fils et en plus il...

La voix d'Amy s'estompe tandis que j'aperçois devant moi un visage suffisant et impérieux surmonté d'une chevelure blonde indomptable. Avec ce que j'ai appris sur son compte, j'arrive même à déceler sur ses traits et dans la crispation de ses épaules une certaine colère qui peine à rester maîtrisée.

– Il sera là samedi.

Amy me donne un coup d'épaule pour que je lui prête l'attention qu'elle mérite.

– Hein ? Qui ?

– Fais pas la fille qui ne comprend pas, ça ne te ressemble tellement pas...

Après ce que je lui ai révélé lors du match des garçons, je peux bien me permettre de lui parler à cœur ouvert lorsque mes pensées se tournent vers Jace. D'ailleurs, peut-être que je parviendrai à glaner quelques infos ici et là sur lui de la part de ses potes bourrés. Cela comportait quelques risques comme le fait que mon intérêt pour lui arrive jusqu'à ses oreilles, mais il n'appartiendrait qu'à moi de poser les bonnes questions aux bonnes personnes, soit celles qui commençaient à perdre les bases fondamentales de l'Homme, comme savoir marcher par exemple. 

– Toujours aussi subjuguée par lui ?

Hélas pour moi.

Je n'ai pas le temps de répondre car Monsieur Phillips fait son apparition dans une chemise violette qui pourrait en faire tomber plus d'un dans les pommes. Il nous invite à prendre place dans la salle et donne les directives concernant notre première dissertation. Ainsi, comme si nous n'étions toujours pas au courant, les antisèches sont interdites, avoir ses cours à portée de main également. Concernant la triche, Monsieur Phillips nous laisse entendre qu'il saura nous faire passer l'envie de recommencer si l'on doit par mégarde se faire prendre. Je serais sourde si je n'avais pas entendue les grossièretés sortir de la bouche de Jace au fur et à mesure qu'il comprenait que nous avions un contrôle aujourd'hui même. A mon avis, il avait passé un assez mauvais week-end et avait des choses plus importantes à penser, et quand bien même, je ne suis même pas certaine qu'il se serait donné la peine d'ouvrir son cahier de philo – sans nul doute vide – pour réviser. Notre cher professeur de philosophie a malgré tout l'amabilité de nous rappeler la méthodologie de la dissertation, mais j'ai bien peur que cela ne soit pas totalement suffisant pour le faire espérer avoir la moyenne.

– Comme c'est un premier contrôle, on peut le faire à deux ? Demande dans un excès de folie l'un des élèves qui se trouve malgré sa volonté au premier rang.

– J'aime cette jeunesse fougueuse et insouciante, celle qui continue malgré vents et marées à poursuivre des chimères, chantonne Monsieur Phillips avec un sourire rêveur, sourire qui laisse rapidement place à son air aigri habituel. Maintenant sortez une feuille et n'avisez pas de sortir autant d'idioties. Vous avez trois heures.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant