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Deux semaines. Cela faisait deux semaines que Jace ne m'adressait plus la parole. Autant dire que cela m'a donné du temps pour réviser mes cours, et que mes résultats se sont nettement améliorés, mais ce n'est qu'une infime compensation face à l'ignorance de Jace envers moi. Bien qu'Adam m'ait conseillé de laisser le temps arranger les choses, j'essaie d'attirer sans cesse l'attention de Jace. Je prends soin de moi, je tente de sortir du lot en ayant mis à profit mes tenues du placard interdit, mais tout le monde semble l'avoir remarqué sauf lui. Le pire, c'est lorsque j'ai le malheur de le croiser dans le couloir, que je sens son odeur et sa présence, mais que je ne peux pas les saisir. Ou encore lorsque nos regards se croisent et qu'il s'empresse de détourner les yeux, comme si le fait de me voir lui était devenu insupportable. Alors, je n'arrête pas d'y penser, ce qui fait que je ne dors plus beaucoup. J'en profite alors pour travailler mes cours, en perspective de notre examen blanc qui arrive la semaine prochaine, juste avant les vacances de Noël. Je n'ai plus beaucoup d'appétit non plus, et Amy a beau m'assurer que cela va s'arranger, je n'en suis même plus sûre. Ma relation avec Jace s'est tellement dégradée que je n'ai même pas réellement savouré ma victoire au concours de la FME, ni la récupération de mon poste de capitaine dans l'équipe féminine de volley. Donner du temps et de l'espace à quelqu'un, c'est bien beau, mais lorsqu'on ne sait pas combien de temps cela doit durer, c'est une autre histoire, car plutôt que nous rapprocher, cette tentative nous éloigne l'un de l'autre. Comme chaque matin depuis deux semaines, Amy et moi prenons la direction du banc de Lily, Lisa et Elena plutôt que celle de la table de pique-nique, et comme chaque matin depuis deux semaines, je sens mon cœur se meurtrir un peu plus. Amy me voit lorgner en direction de Jace qui, comme chaque matin depuis deux semaines, n'écoute et ne réagit pas aux discussions de ses amis, le regard perdu dans le vide et comme... éteint.

– C'est bon, y'en a marre.

Décidée, je change de trajectoire et fonce vers Jace et la bande. Amy n'essaie même pas de m'en empêcher : je ne cesse de lui rabâcher la même chose, soit que Jace me manque et que je suis persuadée que cette histoire de distance est débile. Elle doit se dire que ce n'était qu'une question de temps avant que je craque et aille retrouver mon beau blond. Raph est le premier à remarquer mon arrivée et hoche la tête comme pour m'encourager à aller jusqu'au bout de mon initiative. A mon avis, Amy n'est pas la seule ayant eu le droit à de grands discours sur la complexité de l'amour et les bêtises qu'il nous fait faire... Sans plus attendre, je tends les doigts vers le blond. Je ne peux plus attendre une minute de plus, car ne plus le toucher a été une pure torture. Lorsque mes doigts se referment sur son biceps, je sens tout mon manque refluer et j'ai l'impression de respirer de nouveau correctement. Le blond lève la tête vers moi et me jette un regard surpris avant de me laisser l'entraîner docilement à l'écart. C'est étonnant, je m'attendais à ce qu'il montre de la résistance, mais il n'en est rien. J'ai tellement réfléchi à ce que je lui dirais s'il acceptait de m'écouter un jour que je n'ai même pas à tergiverser et me lance dans ma tirade :

- Je sais que tu ne veux pas me parler, alors c'est moi qui vais le faire. Je suis désolée Jace. Je n'aurais jamais dû m'occuper de ce qui ne me regardait pas mais je voulais seulement te rendre heureux. Je sais que ça te fait mal d'être aussi éloigné de ta mère – même si tu dis le contraire – et je voulais arranger les choses pour que tu puisses n'avoir aucun regret plus tard, mais j'ai eu tort. Toi, tu ne m'as jamais forcé à te révéler quoi que ce soit de personnel, tu as toujours respecté ma volonté lorsque cela touchait à des parties trop intimes de ma vie, mais moi je ne l'ai pas fait, j'ai dépassé les bornes et je comprends que tu m'en veuilles. Mais ne me déteste pas. Je t'en prie, ne me déteste pas.

Avec un peu d'appréhension, je m'approche de lui jusqu'à ce que nos poitrines se touchent et colle mon front contre son torse en espérant qu'il ne me repoussera pas. Je retiens mon souffle et, lorsque je me rends compte qu'il n'a pas bougé d'un pouce, je m'en trouve soulagée. Malgré tout, je n'ose toujours pas affronter son regard. Ses yeux n'ont jamais su mentir, et j'ai peur que contrairement à son corps, ils me montrent que je ne suis pas la bienvenue contre lui.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant