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Plus le temps passe, plus le réveillon de Noël me devient pesant. Beaucoup de gens affectionnent les fêtes de fin d'année, car elles sont l'occasion de se réunir en famille, de partager un repas tous ensemble afin de se remémorer les souvenirs de l'année qui vient de passer. Le problème, c'est que je ne connais pas vraiment ma famille. Mes parents sont toujours occupés avec leur travail et ont tendance à se couper du reste du monde à cause de ça. Ils ont emménagé en Floride avant la naissance d'Adam, mettant encore plus de distance avec leur famille respective, et leur réussite professionnelle a bien souvent créée la jalousie dans les rangs. C'est pour ça que ma famille se constitue essentiellement de mes parents, de mon frère et de la famille de Theo. Il est l'un des rares cousins que j'aime. Quant à mes grands-parents, ils sont tous décédés quand j'étais petite, soit de vieillesse, soit à cause d'une maladie, si bien que je n'ai aucun souvenir d'eux. Le cancer est une vraie plaie.

Bref, Noël est l'une des rares occasions où je me retrouve à table avec ces inconnus que d'autres appellent plus communément « famille ». Debout au milieu du salon, une robe émeraude m'arrivant jusqu'aux genoux, j'observe d'un œil distrait les parents d'Erika, ma chère et tendre cousine, commencer à vanter les mérites de leur fille, si belle et si intelligente, et surtout, si polie. A les entendre, j'ai l'impression qu'ils peignent le portrait d'une autre fille. Moi, je la caractérise plutôt comme une peste qui s'amuse à rabaisser les autres pour se placer sur un piédestal. Rien de quoi se vanter en soi. Je pique une coupe de champagne sur la table et viens m'assoir à côté d'Adam, qui semble aussi ravi que moi par ces festivités.

– Qu'est-ce qu'on peut être faux-cul bordel. On ne les aime même pas ces gens, grogne-t-il en lançant une nouvelle partie de Fifa.

Mes parents lui ont demandé de lâcher sa console, mais il a menacé de se barrer s'ils l'empêchaient de jouer. Ils n'ont pas insisté. Je lui tapote l'épaule pour lui donner raison.

– Tu aurais dû passer le réveillon avec Emma, ou l'inviter ici. Ça aurait un peu égayé la soirée.

– Elle est très famille, elle aurait pas pu venir ici en la laissant passer les fêtes sans elle. Et puis, sa famille a plutôt du mal à m'encadrer alors...

Le passé de mon frère l'a précédé, entre heures de colle et bagarres à répétition. Ainsi, la famille d'Emma n'est pas trop enthousiaste à l'idée qu'elle soit amoureuse de ce genre de "bad boy". Je le plains, tout comme Emma ; je n'ose pas imaginer ce que l'on ressent quand notre famille n'accepte pas la personne qu'on aime. Une chance, Jace a obtenu les faveurs de tout le monde, même d'Adam. Il a suffi qu'il prouve qu'il était capable de me protéger bec et ongle pour que mon frère consente à notre relation. J'en suis heureuse.

Erika qui jusque-là fanfaronnait devant mes parents vient nous rejoindre, un petit sourire hautain aux lèvres. Sa bouche est lourdement maquillée, tout comme sa face de rat, et lorsqu'elle prend la parole avec sa voix nasillarde, je manque de m'étrangler.

– Alors les losers, quoi de beau dans votre vie ?

D'un regard entendu, Adam et moi nous mettons d'accord pour garder le silence, l'air blasé. J'ai déjà envie de la claquer. Il ne manque plus qu'elle commence à raconter sa vie pour que cette soirée perde vraiment tout son intérêt. Heureusement que Theo ne va pas tarder, parce que je ne tiendrai pas longtemps sans une distraction de ce nom. J'adorerais envoyer un message à Jace pour qu'il vienne aussi à mon secours, mais je sais qu'il accourrait en laissant en plan sa famille, et ce ne serait pas bien. Alors je garde une distance de sécurité avec mon téléphone pour ne pas être trop tentée.

– Passe-moi une manette.

Je déteste le foot, mais pas plus qu'Erika et sa tête de dinde. Adam qui sait que je suis complètement nulle me cède la manette sans même broncher, comme s'il comprenait mon besoin d'échapper au discours moralisateur et vantard de notre cousine. Il lance une nouvelle partie, me recommandant une équipe et les joueurs qu'il serait bon de faire jouer pendant le match. Je suis ses directives, n'y connaissant strictement rien. Theo et ses parents arrivent au moment où je me prends un huitième but, me sauvant de ce match catastrophique et des critiques d'Erika quant à ma nullité en jeux vidéo. Je peine de plus à plus à garder mon calme, mais une seule étreinte de la part de mon cousin m'aide à me détendre considérablement. Il jette un œil à ma cousine qui, à chaque fois qu'elle le voit, fait ressortir sa poitrine et bat des cils aussi vite que les ailes d'un colibri. Pas d'inceste là-dedans : Theo est mon cousin du côté maternel, tandis qu'Erika la fille du frère de mon père. Toujours est-il que ses yeux de merlan frits me donnent envie de gerber.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant