Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)

23.

Pour la mi-novembre, il fait un temps plus que magnifique, le soleil imprégnant mon pull rouge de ses rayons éclatants. Je laisse même ma tête se renverser pour accueillir leur chaleur, le sourire aux lèvres. J'ai peut-être l'air idiot, mais pour la première fois depuis longtemps, je me sens parfaitement bien. Aucun ombre au tableau. Aucune. Tout me réussit et je m'en réjouie, tout comme le fait de retrouver Jace. Depuis notre visite à la FME, nous n'avions pas pu nous revoir, Jace ayant apparemment des choses à régler chez lui avec sa famille. J'ai préféré ne pas creuser plus loin, lui répondant que je comprenais, bien qu'il me manquât. Je suis devenue nunuche, je m'en rends bien compte, mais Jace O'Connor est de loin la drogue la plus addictive que je connaisse, bien je n'ai jamais consommé de drogue de ma vie, alors bon... Toujours est-il que je suis accro, voilà. Il était une drogue douce et chaude, qui faisait battre mon cœur plus vite et me donnait l'impression d'être invincible. Un coup de klaxon me fait revenir sur la terre ferme et je souris en apercevant le clinquant cabriolet de ma meilleure-amie s'avancer dans ma rue. Je ramasse mon sac de cours et lui adresse un signe de main qu'elle me rend avant de se garer devant moi.

– Salut Poulette ! Monte, l'interrogatoire va commencer.

Elle se frotte les mains en arborant un air conspirateur. Je secoue la tête et je me décide à prendre place dans l'habitacle, décapoté pour l'occasion. Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangée, mais je vais être mangée, ça, rien n'est plus sûr.

– Aloooooooors ?! T'as pas des trucs à dire à ta petite Amy d'amour ?

Je suis prise d'un rire nerveux et me gratte l'intérieur des bras en passant mes lunettes de soleil.

– Heu... Nan.

Blasée, Amy fait passer sa chevelure bouclée sur son épaule gauche et me jauge de ses prunelles chocolat.

– Alors moi je dois te décrire mes parties de jambes en l'air et pas toi ? C'est totalement injuste Ili ! Alors passe à table, ou je t'assure que la sentence sera terrible !

Elle tente de prendre une inflexion gutturale mais n'y parvient pas vraiment, ce qui me fait éclater de rire, et elle aussi par la même occasion. L'atmosphère s'étant allégée, je me mords la lèvre et lui demande :

– Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?

Elle joue avec ses sourcils et frappe sur son volant comme s'il s'agissait d'un tambour.

– Tout !

– Le contraire m'aurait étonné.

Le trajet se passe plutôt vite, et je dois admettre que pouvoir aborder ce sujet aussi facilement avec Amy est plaisant. Bien sûr, je garde quelques éléments pour moi, mais je la mets au courant de la majorité des faits, soit la douceur de Jace, l'attention qu'il portait à mon bien-être, la sensation indescriptible d'être liée corps et âme à celui qu'on aime. Mon récit prend fin au moment d'arriver sur le parking du lycée. Dès qu'Amy a coupé le contact, elle s'empresse de me prendre dans ses bras, presque émue.

– Bébé Ili grandit tellement vite. Tu voles de tes propres ailes maintenant...

Je lui caresse le dos en secouant la tête, amusée par son attitude maternelle.

– J'aurai toujours besoin de toi. Tu sais, le maquillage, tout ça...

– Compte sur moi ! Tu sais bien que c'est mon rayon ! Et puis, pareil, si t'as envie de pimenter un peu les choses au lit, je peux...

Je plaque ma main contre sa bouche pour la faire taire.

– OK Amy, stop.

J'ouvre la portière et commence à marcher en direction du lycée. Comme prévu, mon amie me rattrape en un clin d'œil, prenant mon bras entre le sien, l'air enjoué.