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Le réveil sonne et c'est l'une des rares journées où je n'appréhende pas d'aller en cours. J'ai sérieusement réfléchi à tout ce qui s'est passé depuis la rentrée avec Jace et j'en ai conclu quelque chose de très simple : j'étais une idiote au même titre que lui. Je m'étais persuadée qu'il agirait comme... comme on avait agi avec moi au collège et j'ai retranscris en lui l'attitude mauvaise et mesquine qu'on avait pu avoir à mon égard au point de me tromper moi-même. Bon, ce mec a quelque chose de louche, c'est certain, et il s'était montré plutôt violent dans ses paroles, mais au fond, je suis presque convaincue qu'il cache quelque chose de plus complexe que de la méchanceté pure. La piste la plus probable concernant son état, c'est cette Anna, mais aussi l'absence de ses parents. Il a dû se passer quelque chose de plutôt grave pour qu'il sente le besoin irrépressible de détruire ceux qui tentent de se rapprocher de ses secrets. Si tel est le cas, je dois être aussi folle que le pense Jace pour vouloir en apprendre plus sur ce sujet. Je ne sais pas réellement pourquoi je suis soudainement obnubilée par ça – par lui – mais j'ai bien remarqué – et j'en suis désolée pour moi-même – que je n'ai pas arrêté de tourner le problème dans tous les sens et que je n'ai pensé à rien d'autre de toute la journée de la veille. Amy a raison, j'ai en moi cette énergie qui me pousse à m'intéresser aux âmes opprimées et finalement, je me dis que Jace en est peut-être une. Difficile à se figurer au premier abord – même extrêmement difficile – mais pas impossible. Certain cachent très bien leurs sentiments, j'en sais moi-même quelque chose.

Alors que je commence mollement à me déshabiller, mon portable vibre à deux reprises. J'aperçois que j'ai un message d'Amy la traîtresse et un autre de Frank. Je suis un moment sur mes gardes. C'est plutôt rare de recevoir un SMS de sa part. Souvent, ça n'augure rien de bon.

– Que me vaut l'honneur de votre message monsieur le tortionnaire ?

Je ris à moitié en appuyant sur la notification. Voilà un nouveau surnom qui plairait sans nul doute à Amy. Je me crispe quand je lis le message de mon coach. Il veut que je prévienne l'équipe que les entraînements mixtes commenceront ce vendredi et qu'ils dureront sur les créneaux horaires des filles et des garçons.

– Deux heures et demi d'entraînement ? Il veut me tuer ou quoi ?!

Je sais bien que le Floride's Beach-Volley Tour est un événements à ne pas prendre à la légère mais tout de même ! J'en connais quelques-unes qui ne seront pas ravies de cette nouvelle. Et en plus, c'est moi qui vais devoir leur annoncer ! Ce n'était pas compliqué de le rappeler à l'équipe après la fin du match samedi ! Mais non, à la place, Frank a préféré nous passer un savon ! Quel con ! En parlant de ça, c'est avec soulagement que mon nez s'est remis de ses blessures. Je n'ai qu'un léger bleu, ce qui est plutôt facile à masquer. Plus de peur que de mal.

Je ronchonne en me débarrassant de mes derniers vêtements et je passe sous la douche après un rapide coup d'œil au message d'Amy. Encore une fois, elle s'excuse de m'avoir laissé tomber comme une vieille chaussette samedi. Finalement, ça avait été un mal pour un bien. J'avais pu percevoir une autre facette chez Jace, une sorte de... faille. Je ne sais pas, quand il me parlait avec son attitude désinvolte, j'ai senti qu'il y avait quelque chose de plus profond. Je me méprends sans doute – sûrement – mais j'étais bien décidée à me faire ma véritable opinion sur lui. Ne jamais faire aux autres ce qu'on n'aimerait pas qu'on nous fasse hein ? Eh bien, c'était le moment de ne pas négliger Jace simplement par le fait qu'il me semblait peu recommandable. Je me devais à moi-même de respecter mes convictions ou bien ce serait malhonnête. Pour en revenir à Amy, elle avait quand même eu l'amabilité de m'appeler dans la soirée pour se plier en excuses, encore et encore. Je mets ma musique en route avant de passer sous l'eau et de me savonner. Queen empli la salle de bain de son rythme entraînant, me laissant quelques minutes de répit au beau milieu de mes préoccupations qui, à intervalles réguliers, me semblent foireuses. Et puis je repense à Frank et à son message. Je me demande si j'ai le numéro de toutes les filles de l'équipe. Pour Mary et Emily, elles sont dans mon lycée alors je pourrai les prévenir de vive voix, par contre pour les autres... Je crois qu'Amy m'avait parlée d'une discussion de groupe sur Facebook avec toutes les filles. N'ayant aucun réseau social – plus par choix que par contrainte parentale – je pourrai mandater Amy pour leur envoyer un message via Facebook. Je lui demanderai quand elle viendra me prendre tout à l'heure. Je sors de la douche et me sèche en quatrième vitesse, toujours pour m'empêcher de guetter les moindres imperfections de mon corps dans le miroir. Cette fois, je tiens le coup et je m'échappe de la salle de bain sans prêter attention à mon ennemi juré. Je gonfle la poitrine face à cette petite victoire. Bon OK, ça ne peut pas vraiment être considéré comme une victoire parce que je ne peux toujours pas m'assumer, mais au moins, je ne me suis pas lancé de regard dégoûté, c'est déjà ça. Après avoir enfilé le pull bleu du lycée et mon jean, je passe la bretelle de mon sac de cours sur mon épaule et je descends les escaliers. La maison est baignée dans le silence. La cuisine est complètement vide. C'est étrange qu'Adam ne soit pas levé. Peut-être qu'il n'a pas cours ce matin. Je prends une pomme et croque dedans en attendant qu'Amy arrive, en réprimant de temps à autre un bâillement. Ce n'est que le début de la semaine et je suis exténuée.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant