La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]

14/ MON GRAND-FRÈRE DE SUBSTITUTION

Ici, la vie te cogne à tour de bras
Je me dis qu'il faut qu'on veille les uns sur les autres

PDV IRIS

Comme prévu, Hakim m'attendait au volant de son Audi. Je montais du côté passager. Il me lança un petit sourire et démarra.

-Comment tu te sens ? Me demanda-t-il alors que nous étions arrêtés à un feu rouge.

J'haussais les épaules.

-Disons que je pensais en avoir fini avec tout ça, dis-je.

Il prit ma main dans la sienne et la serra. Dix minutes plus tard, Hakim se gara sur le parking et nous descendîmes. J'allais me présenter à l'accueil.

-Bonjour, je suis Iris Samaras, j'ai rendez-vous avec le docteur Saliba.

La secrétaire chercha dans son registre puis confirma mon rendez-vous. Elle me donna le numéro de l'étage et m'indiqua la position de la salle d'attente. Je fis signe à Hakim qui était resté en retrait. Nous primes l'ascenseur pour monter quatre étages avant de débouler au niveau 4.

-Merci d'être venu Hakim, dis-je en me tournant vers lui alors que nous sortions de l'ascenseur.

Il passa son bras autour de mes épaules alors que nous marchions jusqu'à la salle d'attente.

M'asseoir dans cette salle d'attente ne me fit pas sentir mieux. C'était pire. Le stress. L'angoisse du résultat. L'angoisse de l'attente. Je me retrouvais projetée des mois et des années en arrière. Bien sûr, si j'en avais parlé autour de moi, je n'aurai jamais eu à affronter cela toute seule. Je tentais de ne pas y penser et plantais mon regard sur la pile de magazine datant de plus 10 ans posée sur la table basse de la salle d'attente. Au bout d'un temps qui me sembla une éternité, un homme arriva :

-Mlle Samaras ?

Je me levais, suivis d'Hakim et nous suivîmes le médecin jusqu'à son bureau. Il nous serra la main.

-Bonjour, je suis le docteur Saliba. Mon confrère grec m'a envoyé votre dossier que j'ai étudié avant votre venue. Si je comprends bien vous êtes là pour des séances de dialyse après que le traitement de votre insuffisance rénale organique ai échoué.

J'acquiesçais.

-C'est ça oui.

-Au vu de votre dernier bilan, la dialyse devrait régler rapidement ce problème. Est-ce que vous savez en quoi consiste une dialyse ?

J'hochais la tête.

-Non, pas vraiment.

Il acquiesça et ouvrit un tiroir de son bureau avant d'en sortir une brochure sur la dialyse. Il commença ensuite à m'expliquer clairement en détail en quoi consistait les séances de dialyse.

-Tout d'abord la dialyse devient nécessaire lorsque votre vie est rendue difficile par des symptômes comme la fatigue, les maux de tête ou encore la perte de l'appétit. Lors de vos séances, vous serez allongés dans un lit pendant que la dialyse débarrasse votre sang des déchets et de l'eau accumulés en excès dans votre corps. Les séances durent entre 4 et 5 heures et doivent être renouvelés environ 3 fois par semaine. Dans votre cas, je pense qu'on débutera par 2 séances et on avisera en fonction de l'évolution.

Je crois bien que la seule chose que j'avais retenu de son explication, c'était que les séances duraient 4 à 5 heures. J'en avais déjà marre avant de commencer.

-Elle peut venir accompagnée à ses séances ? Demanda alors Hakim qui parlait pour la première fois.

Le médecin sourit.

-Oui, c'est même fortement conseillé au vu de la durée d'une séance. Si elle est seule, nous recommandons d'apporter une occupation comme un livre ou de la musique.

Je savais déjà ce qu'avait Hakim en tête et cela me dérangeait. Je savais qu'il voulait organiser une sorte de planning et chacun des gars m'accompagnerait à tour de rôle. J'avais l'impression d'être un poids, un fardeau. Moi qui avait toujours voulu être indépendante, voilà qu'aujourd'hui je dépendais de mon frère et de ses amis.

-Je vous propose que les deux séances de dialyse soit au même jour chaque semaine. A vous de choisir.

-Le lundi et le jeudi, dis-je sur un coup de tête sans réfléchir, en prenant au hasard deux jours de la semaine espacés.

Le docteur Saliba prit note.

-13h00 à chaque fois ?

J'acquiesçais. C'était pas comme si j'avais vraiment le choix de refuser.

Le médecin m'expliqua encore deux-trois choses puis nous sortîmes du bureau. Personne ne parla jusqu'à ce que l'on sorte de l'hôpital.

-Ecoute Iris, commença Hakim d'une voix apaisée que je ne lui connaissais pas. Je sais que t'aime pas dépendre des autres. Que t'aime pas l'idée qu'on t'accompagne à tour de rôle parce que tu penses être un fardeau. Mais, écoute-moi bien, je me répéterai pas, on est une famille ok ? Et une famille ça se soutient dans les bons et mauvais moments. Là, c'est un mauvais moment et t'as besoin de nous. Y a pas de fierté qui tienne, pigé ?

J'esquissais un sourire face au discours du kabyle. Evidemment, j'étais consciente de la chance que j'avais de tous les avoir mais ma fierté était bien présente aussi.

-Je sais Hakim et je vous remercierais jamais assez.

Il s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Il me serra contre lui et jamais je n'oserais lui dire à quel point sa présence me faisait du bien.

-Tu veux aller graille quelque part ?

J'hochais la tête et nous rejoignîmes sa voiture. Hakim roula une vingtaine de minutes jusqu'à un MacDo. Il se gara sur le parking et nous descendîmes. Nous passâmes commande et allâmes nous asseoir près d'une fenêtre dans un coin tranquille.

-Merci Hakim, dis-je en sortant mon téléphone de ma poche.

-C'est normal, t'es la famille, répondit Hakim.

Nous discutons encore un peu puis les commandes arrivent. J'avais commandé des nuggets et des frites tandis qu'Hakim avait pris trois hamburgers et une grande frite. Il rigola de mes nuggets. J'avais l'habitude. Déjà quand j'étais plus jeune et que je prenais des nuggets au MacDo, Hakim et Idriss se foutaient de moi. Soit disant si on va au Mac Do, c'est pour prendre des hamburgers ! Alors expliquez-moi pourquoi ils proposent des nuggets hein ?! Ce souvenir me provoqua un petit pincement au cœur en repensant à cette période.

-Sinon ça te plait ton taf à la bibli ?

J'hochais la tête

-C'est vraiment super et ma patronne est sympa.

Au même moment, je me rappelais que je devais faire un shooting pour Mona. J'attrapais mon téléphone et lui envoyais un message pour lui demander l'adresse de la séance. Elle me répondit presque aussitôt et me proposa même de passer maintenant si je suis libre.

-Dis Hakim, tu pourrais me déposer quelque part après ?

-Bien sûr !

Je le remerciais. Nous terminâmes de manger puis Hakim me déposa à l'adresse donnée par Mona. Alors que j'allais sortir de la voiture, Hakim lâcha :

-Je sais que tu caches un truc Iris.

Mon cœur s'emballa. Je ne me retournais pas et sortis de la voiture.