40/ FLASHBACK : NOUVEL AN

1.2K 39 1
                                    

Si Dieu le veut en t'enlevant tes peurs, je n'ai plus d'doutes dans le fond
J'sais pas pourquoi on parle du cœur, vu que moi je ressens tout dans le ventre
Quand tu tournes dans le vent


PDV IDRISS

Nous étions le 31 décembre 2012 et dans quelques heures nous serions en 2013. Je savais pas trop comment allait être cette nouvelle année. Je flippais un peu en réalité. Je ne savais pas comment allait évoluer ma relation avec Iris. On ne s'était pas revu depuis son anniversaire. On s'était juste parlé par message. J'avais l'impression qu'elle m'évitait. Ses excuses se résumaient à voir Ken, voir ses amis ou ses devoirs. J'étais sûr qu'elle me mentait et j'avais peur d'en savoir la raison.

-Wesh mec ! Je te sers une bière ? Me demanda Deen en me sortant de mes pensées.

J'acquiesçais et le marseillais me tendit une bière.

-Nek est pas encore là ? Questionna Moh.

-Nan, il vient avec Iris, répondit Hakim.

Comment mon frère savait ça ? Pourquoi je n'étais pas au courant ? Est-ce qu'il avait des contacts avec Iris que je n'avais pas ?

Je me tapais le front. Je devais pas devenir parano. Fallait que j'arrête tout ça là. Je commençais à me faire flipper.

Pour me changer les idées, je décidais d'aller aider Deen qui avait entrepris de devenir cuisinier pour la soirée. Le marseillais était en train de mettre des petits fours sur une plaque de cuisson. Ouais, bon, j'avoue, le mot cuisine est « largement » exagéré. Je l'aidais puis enfourner moi-même la plaque dans le four.

A 20h00, une foule de personne arriva. Je cherchais Iris du regard. Ou Ken. Mais surtout Iris. J'essayais de me frayer un chemin parmi les gens quand quelqu'un me tira et me força presque à m'asseoir sur le canapé du salon. Je me retournais vers mon « agresseur » aka Théo.

-Tu cherchais quoi ?

J'haussais les épaules à la recherche d'une excuse potable.

-Ken, dis-je.

Théo me dit qu'il ne l'avait pas encore vu et entama une discussion. J'écoutais d'une oreille tout en laissant mon regard divaguer dans la foule à la recherche de ma grecque. Mais rien. Je regardais mon téléphone pour voir si elle m'avait envoyé un message mais rien, nada.

La musique s'intensifia et bientôt je n'entendais plus ce que Théo me racontait. Ça m'arrangeait un peu. Comme je ne tenais plus, je me levais et entrepris de parcourir l'appartement de Deen. Toujours rien.

Alors que je revenais dans l'entrée de l'appartement, je tombais sur Ken. Ce dernier me sourit et me tchéqua. J'hésitais à poser la question qui se débattait dans ma bouche.

-Iris est pas avec toi ?

Il fronça d'abord les sourcils puis hocha la tête.

-Finalement, elle est avec ses potes. On s'est engueulé.

Il n'attendit pas ma réponse et partit. Je sortis mon téléphone et me connectais sur Instagram. Je passais en revue toutes les stories de Samy, Mehdi et Ilyes. Elle n'y était pas. Dans aucune. Mon cœur s'emballa. Elle avait menti à Ken.

Je me fis des centaines de films avant de finalement repenser au fait que Ken avait évoqué une dispute entre eux. Une idée me vint et j'espérais que ce serait la bonne. J'attrapais ma veste et sortis incognito de l'appartement en claquant la porte. Le bruit ne résonna pas à cause de la musique. Je dévalais les escaliers de l'immeuble puis sortis et continuais de courir dans la rue. Finalement, quand j'arrivais devant le parc j'étais tout essoufflé. Je m'arrêtais quelques instants pour reprendre ma respiration puis repris mon chemin. Je traversais le parc. Le froid m'avait saisit depuis que j'étais sorti de l'immeuble. Au bout de quelques minutes, j'étais devant le bâtiment en ruine. Je levais les yeux et je la vis. Ses jambes pendaient dans le vide. Elle était là. Mon cœur se calma peu à peu, l'ayant retrouvé. Je montais les escaliers quatre à quatre. Une fois sur le toit, elle était dos à moi. Je savais qu'elle m'avait entendu arriver. Je n'avais pas était particulièrement discret. J'avançais doucement. Son regard était rivée vers l'horizon. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle observait mais elle semblait plongée dans ses pensées.

Lorsque je fus à sa hauteur, je m'accroupis puis m'assit au sol laissant mes jambes tomber dans le vide. Elle ne tourna pas la tête vers moi. Je sus que quelque chose n'allait pas. Je pris sa main gauche dans la mienne et la serrais. Elle était gelée.

-Tu m'évites, dis-je alors.

J'avais jamais été très doué pour entamer une conversation. Là, je savais que j'aurai pas dû dire ça. Ces trois mots sonnaient comme un reproche dans ma bouche. Ça en était peut-être un mais je ne voulais pas qu'elle pense que j'étais là pour régler mes comptes. Je voulais la voir. Je voulais sentir son regard sur moi. Je voulais la prendre dans mes bras. Je voulais la sentir contre moi.

-Je sais, avoua-t-elle au bout de cinq minutes comme si elle avait cherché une réponse adéquate depuis tout ce temps.

-Pourquoi ?

Elle baissa la tête et retira sa main de la mienne.

Là, j'étais persuadé que ça n'allait pas.

Encore une fois, le silence s'installa et je la voyais réfléchir à comment m'annoncer la suite.

-J'ai réfléchi, commença-t-elle. J'ai vraiment réfléchi à tout, à nous, à mon frère...et je...je sais pas Idriss. Sa voix se brisa et mon cœur suivit dans la seconde. J'ai 17 ans, tu vas en avoir 23 dans un mois. Je veux dire, moi, je suis qu'une gamine et je dois profiter de la vie et toi, tu es déjà un adulte depuis longtemps. Peut-être qu'un jour tu voudras te poser sérieusement et moi, peut-être que ça sera trop tôt et...

Elle ne finit pas sa phrase. Malgré la noirceur, je voyais que ses yeux brillaient, remplis de larmes. Mon cœur en avait pris un coup.

-T'es la gamine que j'aime, dis-je d'une voix brisée semblable à la sienne.

-Idriss...je suis mineure.

-Et alors ? Demandais-je en commençant sérieusement à perdre patience.

J'avais dû mal à comprendre où elle voulait en venir. J'étais amoureux d'elle comme jamais je ne l'avais été. Elle m'aimait aussi. Alors où était le problème ?

-Tu pourrais aller en prison ! S'exclama-t-elle en élevant la voix ce qui me surpris.

Elle replia ses jambes contre elle et se leva. Je me levais à mon tour pour lui faire face.

-Je t'aime Iris.

J'avais été trop con de penser que ces trois mots auraient pu changer son expression. Elle ne bougea pas d'un poil. Les larmes étaient toujours au bord de ses yeux mais aucune n'avait coulé.

Pas encore.

-Alors, tu vas me quitter ?

Elle haussa les épaules.

-Le 31 décembre ?

-ça aurait été le 5 Mars ou le 8 Septembre, ça aurait changé quelque chose ? S'emporta-t-elle.

-Je te comprends pas Iris, lâchais-je d'une voix lasse et triste.

Cette fois-ci, une première larme roula sur sa joue.

-J'essaie de faire tout ce qu'il faut pour protéger Ken, pour pas qu'il souffre.

Je savais que sa phrase avait un double sens. Je ne savais cependant pas lequel ou du moins j'espérais me tromper. Je savais qu'elle était mal de faire ça à Ken. Mais me quitter n'était pas la putain de solution.

Alors que j'allais répliquer quelque chose, les cloches retentirent douze fois et on entendit un feu d'artifice.

-Au revoir Idriss.

Iris tourna les talons et partit. Je n'avais plus la force. Mes muscles ne répondaient pas et mes jambes ne voulaient pas avancer vers elle pour la retenir et l'embrasser. Mes yeux me piquèrent et je me rendis compte que je pleurais.

Il était minuit.

Nous étions le 1er  janvier 2013.

Je venais de me faire quitter par ma copine.

Bonne année en perspective.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant