55/ QUESTION SUIVANTE

1.1K 41 4
                                    

Question d'honneur, hors de question de se donner
Même question monnaie, la question ne peut pas se poser
Question suivante, question de se connaître
Les réponses ont des questions pour ça qu'faut pas s'en poser


PDV IRIS

J'agissais tel un automate. J'étais entrée dans ce commissariat dix minutes plus tôt. Je m'étais présentée à l'accueil et j'avais attendu quelques minutes le temps qu'une femme vienne me voir me demande de la suivre. Je traversais actuellement le poste de police, le regard rivé sur le sol, les mains dans les poches. Pendant le trajet, j'avais eu le temps de me ronger les ongles jusqu'au sang. La policière me conduit jusqu'à une salle située au bout d'un couloir sombre. Elle m'indiqua d'entrer et de m'asseoir sur la chaise dos la plus proche. Elle laissa la porte ouverte et partit alors que je m'asseyais. Mes jambes se mirent automatiquement à trembler.

Pendant le temps où je fus seule, j'eus le temps d'observer la salle. J'aurai pu dire que je détaillais la décoration mais c'était un commissariat pas Ikea. La vérité était que la salle était peu illuminé. Un seul néon parcourait le plafond qui n'était pas peint. Je remarquais d'ailleurs que le mur non plus n'était pas peint, on voyait encore les briques. Ça donnait encore moins envie maintenant, déjà que bon, on pouvait dire que venir ici était une réelle envie.

Au cours de ma vie, j'étais déjà rentrée dans un commissariat. Probablement bien trop de fois que nécessaire. La plupart du temps c'était pour accompagner un des gars venir chercher les autres en cellule. On ressortait peu de temps après et ils recommençaient leur connerie. A l'époque, ça les faisait marrer de faire chier les flics.

« On emmerde les poulets ! » comme ils aimaient dire.

Moi, je rigolais et en même temps j'étais un peu désespérée. Lol. Un petit sourire prit place sur mes lèvres. Malheureusement, il disparut aussi que la policière revint. Elle ferma la porte et vint se placer face à moi, de l'autre côté de la petite table blanche. Elle posa un gobelet recyclable que je devinais rempli d'eau au vu de la couleur. Je doutais fortement que ce soit de la vodka, même si à cet instant la vodka m'aurait probablement plus aidé que cette foutue eau froide.

Je remarquais qu'elle avait apporté un carnet qui semblait vierge ainsi qu'un stylo.

-On va y aller doucement, me dit-elle pour ne pas me brusquer.

Dommage. Je voulais tout le contraire. Je voulais que ça se passe vite. Je voulais en finir le plus possible. Je voulais sortir d'ici, de ce cauchemar pour plonger dans ma couette. Ensuite j'irai voir Ken, je m'excuserai et je lui dirai que je l'aime plus que ma propre vie puis après, j'irai voir Idriss. A lui aussi je lui dirai que je l'aime et que je peux pas vivre sans lui. Que ces derniers mois sans lui avaient été durs et que je m'en voulais d'avoir mis de la distance entre nous.

Seulement, le fait était que pour le moment j'étais coincée ici.

-Vous êtes bien Iris Thalia Athénaïs Samaras, née le 12 décembre 1996 à Nice ?

Elle aurait au moins pu vérifier avant, pensais-je. Néanmoins, j'acquiesçais. J'étais bien cette personne-là même si j'aurai bien voulu être quelqu'un d'autre en cet instant.

-Vos parents se nomment Nicolas et Helena Samaras ?

J'hochais la tête. Mon poing droit se serra à l'entente de leurs noms.

-Quand a commencé la violence de votre père à votre égard ?

Mon cœur se serra et ma gorge se noua. Je pensais être prête. Je pensais que l'heure passée entre l'appartement et le commissariat m'avait suffisamment préparé. Je pensais que les mots sortiraient finalement qu'après tout ce n'était que des mots, qu'ils avait juste à franchir la barrière de ma bouche. Mais c'était plus compliqué que ça. Parler, dire ces mots, c'était me rappeler, c'était revivre ces mots. C'était revoir sa main me frapper, ma tête heurter tel ou tel mur.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant