Comme si ça pouvait m'porter malheur de croire à mon propre bonheur
Je crois qu'ça m'fait peur tellement j'ai souffert
PDV IDRISS
L'après-midi chez Ken s'était transformé en soirée. Les gars avaient appelé des gens et finalement l'appartement de mon reuf était blindé de monde. Cela faisait plus d'une demi-heure que je cherchais Iris du regard en vain. Elle avait subitement disparu. Je me levais du canapé sur lequel j'étais assis depuis bien trop longtemps et entreprit de la chercher. Je tentais de me frayer un chemin à travers la foule. Je dus froncer les yeux pour voir clair à cause de la fumée qui emplissait l'habitation. Heureusement qu'il n'y avait pas de détecteur de fumée. Je jetais un coup d'œil à la cuisine mais à part Doums en train de se rouler un joint et Moh en train d'apprendre à comment bien le rouler, nada. Je longeais le couloir menant à la chambre qu'elle avait occupée quelques années plus tôt. Alors, que j'étais à quelques mètres de la porte j'entendais des voix. La sienne. Je l'aurai reconnu entre mille. Sa voix si douce. Si calme. Et une autre voix grave. Celle d'Hakim. Mon frère.
-Nek le montre peut-être pas mais il s'inquiète pour toi, dit la voix de mon frère.
Je me postais contre le mur et ne pus m'empêcher d'écouter la conversation.
-Il devrait pas, répliqua la voix énervée d'Iris.
-Ecoute Iris, t'es comme ma reuss et je sais que tu nous caches quelque chose.
-Pourquoi tu crois ça ?
-T'es pas comme avant, t'as changé, tu racontes rien, tu parles plus...
Ma petite-amie soupira tellement fort que je l'entendis du couloir. Dans le même temps, je tournais la tête en direction du salon en espérant que personne ne me voit jouer les espions.
-Bien sûr que j'ai changé ! S'emporta Iris. J'ai failli crever !
La voix de la grecque se brisa. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle avait fait de grands gestes en parlant et que maintenant elle se cachait le visage.
-Steuplait, laisse-moi Hakim.
J'entendis des pas et en déduisis que mon frère allait sortir de la chambre. Je me tournais donc vers la porte des toilettes. Quand Hakim fut dans le couloir, ma main était sur la poignée de la porte des chiottes.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Me demanda-t-il en haussant un sourcil.
Je montrais les toilettes. Il émit un petit rire puis partit. J'attendis qu'il soit hors de mon champ de vision pour entrer dans la chambre d'Iris. Je fermais la porte à clé derrière moi pour que personne ne nous surprenne. Je la trouvais assise par terre devant la porte-fenêtre donnant sur Paris. Je m'assis derrière elle et entoura mes bras autour de son corps.
-Je suis désolé mais j'ai entendu la fin de ta conversation, avouais-je. Est-ce qu'Hakim a raison ?
Elle posa sa main sur la mienne. Je la sentis hésiter un moment.
-Oui.
Je ne répondis pas. Je savais que je devais lui laisser du temps. Du temps pour réfléchir. Du temps pour tout nous dire. Du temps pour avouer la vérité. Du temps pour savoir comment s'y prendre. J'aurai voulu la rassurer, lui dire que quoi qu'elle dise je ne serai pas en colère, je ne lui en voudrais et pas et je ne la détesterai pas. Tout simplement parce que je l'aimais bien trop pour la détester. Mais je savais que malgré ce que je pourrais lui dire, elle me contredirait.
Alors je ne dis rien et me contenta de la serrer contre moi.
-Je m'en veux tellement de vous cacher toutes ces choses, finit-elle par dire. Je voudrais tout vous dire mais je peux vraiment pas tout vous dire d'un coup. Ça serait trop pour moi et trop de choses à encaisser pour vous. Je...
-Tu nous caches combien de trucs ?
Il y eut un blanc, un long blanc durant lequel j'espérais qu'elle ne compte pas tout ce qu'elle nous cachait.
-A Ken et aux autres, 4 trucs. A toi, 2.
Quatre ?! Mais comment on peut garder autant de choses pour soit ?
-Tu me fais peur Iris, lâchais-je. Ça va te bouffer tout ces secrets, tu peux pas continuer comme ça.
Elle baissa la tête.
-Je sais.
-C'est quoi les deux trucs que je sais et que les autres savent pas ?
-Toi. Et mon père.
Ces simples mots suffirent à me faire comprendre. Notre relation et le fait que son père la battait. Je savais que rien que ces deux trucs allaient faire vriller Ken. Je savais que lorsque Ken apprendrait la vérité sur Iris et moi, je le perdrais. Je perdrais mon ami, mon meilleur ami, mon kho, je le savais. Je le savais mais j'aimais Iris. C'était indéniable. Je ne pouvais rien faire contre ça. Je l'avais déjà perdu une fois, je ne pouvais pas la perdre une deuxième.
Nous restâmes comme ça un long moment, l'un contre l'autre face à la capitale. Personne ne vint nous déranger. Nous étions dans notre bulle. Rien que tous les deux. J'aurais voulu que tout s'arrête. Je respirais son odeur dans le creux de son cou. Je souris en me rendant compte que son odeur n'avait pas changé. Elle n'avait pas changé de shampooing. Pastèque.
Quand je sentis sa respiration ralentir, je compris qu'elle s'était endormie dans mes bras. Je ne bougeais plus pour ne pas la réveiller. Je plongeais dans mes pensées. Je repensais à ces deux années passées loin d'elle. Bien sûr, je n'allais pas mentir en disant que j'avais vu d'autres filles. J'en avais vu pleins pour être honnête mais aucune ne parvenait à me faire oublier Iris. Aucune ne lui arrivait à la cheville. Aucune ne pouvait la remplacer. C'était Iris. Ça sera toujours Iris. Si il n'y avait pas eu tant de choses contre notre relation, j'aurais voulu lui dire qu'elle était la femme de ma vie et que je me voyais marié avec elle dans quelques années et que je nous voyais parents. Je rêvais tellement de pouvoir l'appeler Mme Akrour. Je rêvais de la voir mère. Mère de mes enfants. Je rêvais de voir la tête de nos enfants. Ils auraient ses yeux bleus et ma peau mat. Seulement, je savais que ça ne se passerait probablement pas comme ça. Je savais que dès l'instant où Ken découvrirait notre relation rien ne serait plus pareil. Tout sera différent. Je n'en voulais pas à Ken. Il était évidemment que si moi-même j'avais eu une sœur, je n'aurais pas accepté qu'un de mes potes sorte avec elle. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je n'avais pas le droit.
J'aimais Iris. C'était peut-être mal, c'était peut-être bien. Peu importe. Je l'aimais.
![](https://img.wattpad.com/cover/215138000-288-k593805.jpg)
VOUS LISEZ
La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
ФанфикIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...