Je t'emmènerai un de ces quatre
Dans le village de mon grand-père, là-haut c'est calme
Tu seras belle comme les éclats de soleil dans les Cyclades
PDV IRIS
Le taxi s'arrêta en haut de la route. Sacha paya le chauffeur et nous descendîmes avec nos bagages en main. La voiture démarra, nous laissant admirer la vue. Un vent chaud nous fouetta la peau. Le soleil était à son zénith. Sacha se tourna vers moi.
-Je pense que je vais aller directement chez mes parents.
J'acquiesçais.
-Ok. Tu me tiens au courant.
Il m'embrassa la joue puis fit volte-face pour partir dans la direction opposée à celle que j'allais prendre. Une question me brûlait les lèvres mais je ne voulais pas prendre le risque de lui demander maintenant, pour ne pas le déstabiliser avant qu'il ne parle avec ses parents. Je le regardais s'éloigner jusqu'à ce qu'il disparaisse. Je partis dans la direction de la maison de ma grand-mère. Cela faisait six jours que Sacha nous avait avoué qu'il était gay et qu'il avait annoncé son départ pour la Grèce. Six jours pendant lesquels je m'étais demandée si je ne faisais pas une erreur en partant. Six jours pendant lesquels Mona ne m'avait adressé que très peu la parole. Elle m'en voulait. Elle m'en voulait de partir comme ça. Elle m'en voulait de ne pas assez lui parler, de ne pas assez me confier à elle. J'aurai aimé qu'elle vienne avec nous pour qu'on se réconcilie mais elle avait des créations à rendre pour la fin de la semaine. Durant ces six jours, j'avais eu ma dernière dialyse. J'avais informé mon médecin de mon voyage en Grèce. Il m'avait avoué être réticent mais j'avais insisté en lui disant que c'était très important pour moi.
Je fis quasiment le tour du village à pied jusqu'à me trouver devant la maison du bonheur, la maison de ma grand-mère. C'était une petite maison typique de la Grèce. Une maison blanche, des volets bleus et des fleurs qui s'évadaient sur les murs blancs. C'était la maison la plus chaleureuse que j'avais connu dans ma vie. Une maison où le bonheur était une odeur, une personne et une vue.
Je souris à la vue de la petite maison puis poussais le portillon bleu. Je marchais sur l'allée de pavés bordée par des rosiers menant à la porte d'entrée. J'allais lever le bras pour frapper à la porte mais celle-ci s'ouvrit à la volée. Ma grand-mère apparut devant moi un grand sourire sur ses lèvres. Elle me prit dans ses bras et je lâchais mes bagages au sol. Notre câlin durant plusieurs minutes. J'humais son odeur. Elle avait la même depuis toujours. Une odeur d'abricot.
Notre étreinte prit fin et ma Giagia m'invita à entrer. A l'intérieur, rien n'avait vraiment changé depuis que j'étais partie quelques mois plus tôt. La maison était toujours aussi accueillante et chaleureuse. Une odeur de pancake émanait de la cuisine et je souris. Ma Giagia savait que j'adorais les pancakes au petit-déjeuner. Je laissais mes bagages devant l'escalier menant à l'étage et me dirigeais vers la cuisine. Ma grand-mère me fit signe de m'asseoir à la table de la cuisine. Elle posa l'assiette de pancake devant moi ainsi qu'une tasse. Je choisis la saveur de mon thé puis elle versa de l'eau bouillante dans la tasse. C'était ainsi que j'aimais passer mon temps avec elle. Manger des pancakes, boire un thé et discuter. Discuter de tout. Avec Giagia, je n'avais aucun tabou. Elle savait tout de moi. Je lui avais raconté mon histoire avec Idriss, la vérité sur mon père, la vérité sur mon accident et la vérité sur ma venue en Grèce il y a deux ans.
-Alors dis-moi, je suppose que tu n'es pas uniquement venue parce que je te manquais, me dit-elle.
J'esquissais un petit sourire. Avec Giagia, je n'avais pas besoin de forcément parler pour qu'elle comprenne ce qui se tramait.
-Ken l'a découvert, lâchais-je.
Ma grand-mère attrapa mes mains et les serra dans les siennes. Elle m'offrit un sourire rassurant et bienveillant. Malgré tout, je savais que ma relation avec Ken était au plus bas et je ne savais pas comment j'allais faire pour rattraper tout ce merdier.
-Tu veux que je lui parle ?
Je secouais la tête.
-Non. Je veux régler ça moi-même.
Elle acquiesça. Pendant que nous mangions les pancakes, je lui racontais un peu plus en détail ce fameux soir où mon frère avait découvert la vérité.
-Ken se rendra compte qu'il a été idiot, tenta de me rassurer ma Giagia.
J'avais peu d'espoir. Ken était quelqu'un de borné, comme moi. Il ne changeait pas souvent d'avis et quand il le faisait, il gardait tout de même à l'esprit les épisodes précédents.
-Et avec Idriss, comment ça se passe ?
Je baissais la tête. Je me rendis compte à quel point j'étais idiote aussi. J'avais perdu mon frère quand il avait appris la vérité mais j'avais aussi repoussé Idriss. Idriss, qui n'avait rien demandé. Idriss, qui était là pour moi. Idriss, qui m'avait toujours soutenu.
Je l'avais rejeté.
-J'ai pris mes distances pour réfléchir.
-Ce garçon t'aime, n'est-ce pas ?
-Oui, dis-je le cœur serré.
-Tu l'aimes aussi ?
-Oui.
-Ken est son meilleur ami ?
J'acquiesçais de nouveau.
-Alors soyez heureux ensemble. Si il vous voit heureux, alors Ken le sera aussi.
J'appréciais l'optimisme de ma grand-mère. Seulement, vue de l'intérieur, l'histoire ne semblait pas si simple.
-Que veux-tu faire quand tu auras déposer tes bagages dans la chambre ? Me demanda-t-elle.
J'haussais les épaules. Je la vis sourire et je sus qu'elle avait déjà une idée derrière la tête. J'avais déjà hâte. Ma Giagia avait toujours des bonnes idées en matière d'occupation. Je lui faisais confiance pour ça. Je finis mon thé puis pendant qu'elle mettait les tasses et les cuillères dans le lave-vaisselle, je montais à l'étage avec ma valise et mon sac en bandoulière. A l'étage, j'avançais jusqu'à la porte située au bout du couloir. C'était une porte blanche avec des photos de la Grèce collaient dessus. J'abaissais la poignée et ouvris. Je souris en voyant que rien n'avait changé depuis mon départ. Cette chambre avait été mon lieu de vie pendant les deux ans où j'étais ici. La grande baie vitrée donnant sur un balcon et plus particulièrement sur la mer était ouverte. Le léger vent faisait virevolter les longs rideaux blancs. Je posais ma valise au bout du lit et l'ouvris. Je sortis les choses les plus utiles à commencer par mon appareil photo. Aussitôt, je pris une photo de la vue qui s'offrait à moi bien que je l'aie déjà vu des centaines de fois et prises des dizaines de fois. Je ne me lassais pas de cette vue.
Cette vue sur la mer avait le pouvoir de tout me faire oublier.
Cette vue sur l'infini bleuté avait le pouvoir de m'apaiser.
Cette vue sur l'horizon bleu avait le pouvoir de me mettre de bonne humeur.
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La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
FanfictionIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...