La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]

2/ UNE SOIRÉE POUR FÊTER

PDV IRIS

Après quasiment deux bonnes heures à ranger, décorer et placer les meubles comme je le souhaitais, je pus enfin me préparer pour la soirée organisée à l'effigie de mon retour. J'étais emballée d'un côté de revoir les gars et d'un autre j'y allais à reculons par peur de le voir, lui. Je pris une bonne et longue douche pour détendre tous mes muscles puis me préparais lentement. Premièrement, je passais une bonne vingtaine de minutes devant mon dressing à me demander ce que j'allais bien pouvoir mettre. Après de longs débats intérieurs, j'optais pour une tenue très simple, une jean noir et un chemisier blanc. J'enfilais mes éternels Converses cette fois-ci blanches puis fit un rapide dernier tour dans la salle de bain pour me maquiller, c'est-à-dire un léger rouge à lèvres, du mascara et un peu de fard à paupières. A 20h30, je sortis du refuge qu'est ma chambre et allais saluer mes colocataires.

-Bonne soirée ! Criais-je en traversant le salon.

Luka était en train de faire des abdos en plein milieu du salon, tandis que Mona était fixée sur l'écran de son ordinateur. Quant à Sacha, il semblait avoir disparu des parages.

Ils me saluèrent et je sortis.

Quinze minutes plus tard, j'étais devant l'immeuble de Ken. J'hésitais un instant. J'avais peur. Putain, ouais, j'avais grave la trouille là. Avec un élan de courage, j'ouvris la porte d'entrée du bâtiment et entrais à l'intérieur. Je montais les quatre étages par les escaliers voulant retarder le moment où je serai le centre de l'attention. Mais une fois devant la porte, je ne pouvais plus faire demi-tour au risque peut-être de croiser un des gars dans les escaliers. Je levais mon bras et portais mon index jusqu'à la sonnette. Il y eut un instant de doute puis la porte s'ouvrit sur mon frère.

Il m'accueillit avec un grand sourire et m'embrassa le front avant de me tirer à l'intérieur de son appartement. Je le suivis (de force) jusque dans le salon où tous les gars étaient réunis dans ce petit espace. Je ne savais même pas où regarder avec tous ce monde. En revanche, j'avais capté dès la première seconde, où je NE devais PAS regarder.

Ils me regardaient tous comme une bête de foire et je me demandais alors si je devais dire quelque chose ou si l'un d'entre eux allait bouger. Finalement, je fus sauvée par Deen qui s'avança vers moi et me prit dans ses bras. Puis, se fut au tour de Doums qui cria très fort dans mes oreilles :

-Mini Samaras !

Je levais les yeux au ciel alors que Moh, lui, m'ébouriffa les cheveux pour me faire chier. Je grognais en ôtant sa main de mes cheveux.

-Ah ! Je vois que par ici, c'est toujours aussi sensible ! On ne touche toujours pas à la chevelure de Mlle Samaras !

Les gars éclatèrent de rire tandis que Mekra vint me saluer. C'était quelqu'un de discret, de froid et qui paraissait distant. Mais depuis toutes ces années que je le connaissais, j'avais appris à le voir autrement. C'était un mec droit, honnête, intelligent, gentil, sympathique, avec qui j'aimais discuter de tout et n'importe quoi. Hakim avait de nombreux bons conseils. C'était une sorte de deuxième grand frère pour moi, même si je les considérais quasiment tous ainsi. Certains plus que d'autres et certains pas du tout.

Théo aussi était là, avec sa femme. Tous les deux, ils vinrent également me saluer. 2zer était le seul de la bande à être casée. Aline, sa femme, était quelqu'un d'extraordinaire d'autant que je m'en souvienne.

Puis, alors qu'il se tenait en retrait, se contentant seulement d'observer la scène, depuis le début des embrassades, Framal avança vers moi. Sa démarche était peu assurée mais ça, je fus la seule à le remarquer, les gars étant déjà reparti à leur occupation. Il s'arrêta devant moi ne sachant pas quelle attitude adopter. Moi, trouillarde que j'étais, je n'osais même pas le regarder dans les yeux. Il se pencha vers moi et me fit la bise. Ce fut la même bise que m'avait fait les gars mais celle-ci était spéciale, celle-ci me donna des frissons qui parcourent toute mon échine. Celle-ci réveilla mes sens et des souvenirs enfouis. Oui, c'était avec Idriss que j'avais eu une relation deux ans plus tôt. J'étais une gamine, j'avais 17 ans. Il en avait 23, jamais Ken n'aurait cautionné ça. Personne n'avait été au courant et personne ne le saura jamais. Pendant une période, j'avais soupçonné Mekra de se douter de quelque chose, il me posait des questions étranges sur mes relations avec les gars de mon lycée. Puis plus rien du jour au lendemain.

Deen vint rompre ma bulle de souvenirs en m'apportant une bière. Je le remerciais et rejoignis les garçons dans le salon de mon frère.

-Bon alors, dis-nous tout ! Fit Moh tout excité de savoir comment s'était passé mes deux années en Grèce.

J'haussais les épaules ne sachant pas vraiment quoi rencontrer.

-T'as pécho ? Demanda Deen sous le regard froncé de mon frère.

J'éclatais de rire, mes joues devenant tout de même rouge.

Premièrement, je ne voulais pas aborder ce sujet devant mon frère. Deuxièmement, je ne voulais pas aborder ce sujet devant Framal.

Pourtant, je savais qu'ils ne me lâcheraient pas avant que j'ai répondu quelque chose.

-Vite fais mais rien de sérieux, dis-je tout en restant vague.

-C'est qui ? Demanda Moh comme une concierge prête à écouter les ragots du coin.

-C'est un pote maintenant, il s'appelle Luka.

Il y eut un silence puis je sus que Ken avait capté.

-Attends, attends, une minute là, fit mon frère. Luka ? Le mec dans ta coloc' ?

J'acquiesçais.

-Tu comptes vivre avec ton ex ?

Je soufflais déjà d'agacement face à la surprotection de mon frère.

-C'est pas mon ex, on a couché quelques fois ensemble, c'est bon ça va !

Ken se toucha le front et secoua le bras m'indiquant de ne pas donner plus de détails ce qui fit rire tout les gens présents dans l'appartement. Tous sauf deux. Ken et Idriss.

Finalement, l'ambiance se détendit après deux bières. Je racontais mon arrivée en Grèce puis que je pensais avoir trouvé ma voie en quelque sorte. Comme Ken, j'avais toujours aimé lire, alors j'avais décidé d'en faire mon avenir. En Grèce, j'avais suivi un bref cursus pour être traductrice. En attendant, de continuer le cursus ici, à Paris, j'avais trouvé un boulot dans une bibliothèque. Ce job me réjouissait déjà. Etre plongée des jours entiers dans un endroit remplit de livres ne pouvait que m'emplir de joie. Cette joie, cette passion, seul Ken pouvait la comprendre.

Ils me félicitèrent tous puis mon frère augmenta la musique. Vers 23h00, la sonnette retentit et l'appartement de Ken fut envahi par encore plus de gens. Au bout d'un moment, la chaleur me donnant mal à la tête, je sortis sur le balcon. Je pris mon briquet et allumais une cigarette. Alors que je relâchais la fumée pour le deuxième coup, la porte-fenêtre du salon s'ouvrit puis se referma. Quelqu'un se posa sur la rambarde du balcon.

Lui.