44/ LE MANQUE

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L'enfer à l'envers, j'ai la tête en l'air
Y a les morts, y a le manque, y a les mots en l'air
J'veux le bien pour les miens et les mains en l'air

PDV KEN

Allongé sur le dos dans la couchette qui m'était attribuée, je pensais. Les mains derrière la tête, je pensais à Iris. Je pensais à ma sœur, ma petite sœur. Celle qui m'avait blessé et trahie. Celle que j'aimais par-dessus tout. Celle que je ne voulais pas perdre. Je n'avais aucune nouvelle d'elle et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Je m'en voulais d'avoir été aussi cruel mais à chaque fois que j'y repensais, je savais que je n'aurais pas pu réagir autrement. Je n'aurais pas pu réagir bien, avec un simple sourire et des félicitations.

Mon meilleur pote se tapait ma sœur.

Idriss & Iris. Ensemble.

Et pourtant, depuis deux semaines que nous étions là, dans ce bus, je voyais bien qu'Idriss était mal. Au plus mal. Il n'avait plus goût à rien et je voyais bien qu'il se forçait à sourire quand le soir nous montions sur scène.

Petit à petit, tel un idiot, je comprenais qu'il tenait à ma sœur comme à sa propre vie. Je comprenais qu'elle lui manquait. Mais surtout, je comprenais qu'il l'aimait. Comme jamais il n'avait aimé et comme jamais il n'aimerait. Depuis plusieurs jours, j'avais cette envie irrépressible d'aller vers lui, de faire un pas dans sa direction mais à chaque fois, ma foutue fierté reprenait le dessus et je faisais demi-tour. Je me frappais mentalement de ne pas réussir à mettre ma fierté de côté. Je voyais aussi qu'il souffrait que je ne veuille pas lui parler et que je le déteste.

C'était mon meilleur pote. Je ne l'avais jamais vu ainsi.

Pourtant, rien que l'idée de les imaginer ensemble me faisait vriller. J'en faisais des cauchemars. Ces derniers temps, j'avais rêvé de leur mariage et même de leurs enfants. C'était complètement ridicule et pourtant, ces cauchemars me réveillaient en pleine nuit. J'avais voulu en parler avec un de mes khos mais je ne savais pas à qui en parler et surtout j'avais pleinement conscience que tout ceci était ridicule.

Je savais que la seule chose positive que je pouvais faire, c'était d'aller voir Idriss, de m'excuser et d'accepter sa relation avec Iris.

Et encore...

Si il n'y avait eu que ça. Mais non. Je voulais aussi reparler à Iris. D'une part, parce qu'elle me manquait cruellement et que je voulais la voir et lui parler mais d'autre part, parce que je savais qu'elle me cachait des choses. Des choses qui me feraient vriller, elles aussi. Je ne voulais plus de secrets entre nous. Cependant, bien que je veuille savoir ses secrets, je savais que d'une manière ou d'une autre, ils détruiraient, briseraient quelque chose en moi et en elle.

Ses secrets la faisaient souffrir depuis des années.

Je n'étais pas aveugle à ce point.

Je voulais retrouver ma petite sœur. Celle qui venait me réveiller le dimanche matin en sautant sur mon lit. Celle qui me faisait d'énormes câlins pour me réconforter. Celle qui dormait parfois avec moi quand elle faisait des cauchemars. Celle qui me faisait d'adorables dessins à l'école. Celle qui parlait de moi comme d'un superhéros à ses copains. Celle à qui je faisais de mignonnes petites couettes. Celle qui me prenait la main en la serrant très fort. Celle qui m'avait une fois maquiller pour disait-elle que je ressemble à ses barbies. Celle pour qui je ferais tout. Celle pour qui je n'avais pas tout fait.

Ma petite sœur.

Ma petite déesse grecque.

Mon petit ange.

Mon Iris.

Mon manque.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant