En cas d'déchirure j'irai par un triste matin loin des hommes
Chirurgie réparatrice yeah, j'n'attends rien des autres
Tout le monde est perdu, très peu de vertu, très peu d'ouverture
Je me sens coincé, j'ai besoin d'air pur, un peu de bois c'est qu'au cas où l'hiver dure
PDV KEN
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Au bout de la quatrième fois, le papier de la lettre était inondé de mes larmes. Si je tirais dessus, il allait se déchirer. L'encre avait fini par baver.
J'avais eu l'impression qu'à chaque mois que je lisais mon cœur se brisait en morceaux.
Au final, maintenant mon cœur n'était que poussière.
Il n'en restait plus que des cendres.
Des cendres noires et inertes.
Je n'arrivais plus à réfléchir convenablement.
La seule chose qui arrivait à tilter dans mon esprit c'était que ma sœur avait souffert comme personne et que je n'avais pas été là pour elle, je n'avais rien vu.
Mon père – ce monstre – l'avait battu et insulté et je n'avais rien remarqué.
Mes larmes ne suffisant plus à exprimer ce que je ressentais, je tapais mon poing sur la table en bois. Ce dernier était en sang et me faisait mal. Mais ce n'était rien comparé à la douleur mentale que je ressentais.
La douleur dans mon cœur était bien plus forte.
J'avais mal.
J'étais en colère.
En colère contre moi.
Celle contre Iris disparaissait. Même celle contre Idriss.
Il avait été là quand je ne l'avais pas été. Il l'avait aidé à surmonter tout ça. Il avait son confident et celui qui pansait ses plaies. J'étais furieux qu'il ne m'est rien dit mais je comprenais aussi. Ma sœur le lui avait demandé et il aimait ma sœur. Je supposais qu'à sa place, j'aurai agit de la même façon.
Je ne savais pas quoi faire. Je voudrais la voir et lui dire ô combien j'étais désolée. Cependant, j'avais l'impression que mes excuses ne servaient à rien. Le mal était fait.
Iris avait bel et bien eu cet accident. Elle avait été dans le coma pendant deux semaines. Elle était partie en Grèce. Elle avait affronté ça seule.
Sans moi.
En réalité, il y avait bien une chose que je voulais faire.
Je pliais la lettre et la fourrais dans la poche de ma veste de jogging. Je me levais brusquement de la chaise et sortis de mon appartement. Je dévalais les escaliers de l'immeuble et me mis à courir dans la rue. Je savais où j'allais. J'étais déterminé.
Si je savais que mes excuses n'auraient aucun poids. Je savais que ce que j'allais faire en aurait. J'espérais que je le trouverai et que je pourrais en faire bonne usage.
C'était mon seul moyen.
Le seul moyen de réparer ce qui était encore réparable.
Je n'avais pas été là pour elle quand elle en avait eu le plus besoin. Je voulais l'être maintenant, temps que c'était encore possible.
Lorsque je fus devant le bon immeuble, je composais le code et montais les escaliers quatre à quatre. Devant la porte, je me sentis con car je n'avais pas de clés et étais obligée de frapper.
J'espérais qu'elle ne serait pas là et me rendis compte que je n'avais pas pris le temps de vérifier avant si elle était là.
Trop tard. Je frappais.
Par chance, se fut Mona qui m'ouvrit. Elle écarquilla les yeux en me voyant ne s'attendant probablement pas à ma visite. Je la bousculais légèrement n'ayant pas le temps pour la conversation. Je me dirigeais aussitôt vers sa chambre.
-Elle n'est pas là ! cria Mona en me suivant dans le couloir.
C'était ce que je voulais entendre. Je ne dis rien et entrais dans la chambre en ouvrant la porte à la volée. Je m'accroupis devant le lit et me penchais pour passer ma main sous le lit.
-Tu l'as lu ? demanda Mona.
-Oui !
Quand ma main toucha ce que j'étais venu chercher, je fis venir à moi le sac en papier.
A l'intérieur, comme écrit dans sa lettre, se trouvait le carnet. Les preuves. Tout.
-Ken, souffla Mona. Je crois pas que tu devrais faire ça sans lui en parler.
Je fis volte-face vers la grecque, les joues rouges de colère et les yeux injectés de haine.
-Ecoute Mona ! J'ai rien fait pendant toutes ces années lors je compte bine me rattraper et mettre ce salaud hors d'état de nuire.
J'attrapais le carnet et sortis. Mona était encore sur mes talons pour tenter de raisonner mais je ne l'écoutais déjà plus. J'avais dans mes mains, une chose qui contenait tout le mal que ma sœur avait subi. Une chose que j'aurai voulu brûler et détruire mais c'était tout sauf ce qu'il fallait faire.
Je sortis de l'immeuble vers un endroit que je détestais. J'y avais mis plusieurs fois les pieds pendant mon adolescence. Seulement, cette fois j'étais de l'autre côté. Je n'étais pas l'accusé, celui contre qui on porte plainte. J'étais celui qui porte plainte.
On me fit patienter le temps qu'un agent puisse me recevoir.
Pendant ce lapsus de temps, une partie de la lettre résonna en moi. C'était la pire partie.
Il disait qu'il irait te défoncer, te frapper comme il le faisait avec moi, qu'il aurait dû le faire bien avant. Moi, je voulais pas. Je ne voulais pas qu'il te fasse de mal. Je lui ai interdit de s'approcher de toi. Par « chance », il m'a écouté. J'en ai payé la contrepartie. Je me réconfortais en me disant que je prenais pour toi et que ces coups-là, tu ne les aurais pas. Je n'ai jamais regretté.
Ma sœur avait pris pour moi. Elle avait encaissé les coups à ma place. Ça m'était insupportable de l'imaginer se faire battre à ma place.
J'étais le grand-frère et elle la petite sœur. J'étais censée la protéger et au final. Au final, c'était elle qui m'avait protégé de lui.
J'avais l'impression que jamais, jamais je ne pourrais lui rendre la pareil.
Elle s'était sacrifiée pour moi. Elle avait presque faillit mourir pour moi.
Malgré tout ça, je me rendais compte de la « chance » que j'avais d'avoir Iris comme sœur.
Ma meilleure supportrice.
Ma meilleure protectrice.
Iris.
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La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
Fiksi PenggemarIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...