35~ Danger, assassin

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— Tu as encore un peu de sable dans les cheveux, là, observe Juliette en pointant une mèche près de mon visage.

Je ricane et l'attrape pour la débarrasser des restes collants, que même la bonne heure de douche et le brossage de Nora n'ont pas réussi à enlever.

— C'était pas la meilleur de mes idées, fais-je part avec un sourire qui démentit formidablement mon affirmation. 

La jeune fille hoche la tête de bas en haut en prenant une grand bouchée de haricots.

— Au moins tu sais t'y prendre pour mettre l'ambiance, remarque Corentin en désignant la salle d'un geste de la main avant de tousser bruyamment dans son poing.

Deux heures que nous avons quitté la plage et il crache encore du sable, ce qui ne l'empêche pas d'aborder un sourire qui lui monte jusqu'aux oreilles.

— Ah ça oui ! convient Juliette en faisant voler sa fourchette. Mais heureusement que j'ai réussi à ramasser ce qu'il nous fallait entre temps, on aurait été bien embêtés sinon. Les plages, c'est pas de partout qu'on en trouve !

J'approuve, souriant piteusement

— Pour le sable tu peux toujours demander à Ielle, observe Corentin en frottant ma main pour en enlever des restes collés. 

C'est un calvaire ce truc, impossible de s'en débarrasser.

— Ou à Adama, elle peste depuis deux heures parce qu'elle arrive pas à tout enlever de ses cheveux !

Et nous nous retournons tous les trois vers Capucine qui débarque, sourire aux lèvres et plateau en main. Louise et Martin à ses côtés, elle nous regarde avec une complicité qui me fait presque retomber quelques jours en arrière.

Presque...

— On peut s'asseoir avec vous ?

Juliette les dévisages tous les trois. Connaissant son regard inquisiteur, je n'aimerais pas être à leur place.
La jeune fille finit par accepter leur présence en se poussant un peu, et c'est Corentin qui se charge de répondre :

— Bien-sûr !

Je regarde son sourire accueillant. Identique à lui-même, il ne refusera jamais rien à personne. 

Alors les deux les ont acceptés, c'est bien ça ?

— Attendez ! retiens-je en levant le doigt.

Ils me dévisagent tous, le malaise de Capucine est particulièrement palpable. Sa mâchoire tressaute, elle n'arrive pas à me regarder dans les yeux.

Je fais si peur que ça ?

— Qui s'amusait à viser les chaussures ? maugréé-je en inspectant les trois nouveaux arrivants.

Leurs traits se détendent d'un même mouvement. C'est Louise qui se désigne en levant timidement la main.

— Alors tu restes loin de moi, déclaré-je en laissant retomber mes couverts.

Elle sourit et hoche la tête, se plaçant de l'autre côté de Corentin. C'est bien, cette distance nous sera profitable à toute les deux.

Une bonne chose d'établie.

Je retrouve la langue bien pendue de Capucine le temps d'un repas, elle n'a rien perdu de son entrain. Et puis je me demande si c'est elle l'assassin. 
Des paroles pour nous embrouiller et des sourires pour nous attendrir, c'est une bonne stratégie.

Juliette rencontre mon regard songeur de l'autre côté de la table, elle sourit dans le but de me réconforter. Elle doit penser que la présence des filles me pèse, ce qui n'est pas totalement faux au fond. Mais ce n'est pas pour ça que mon regard est voilé.

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