- Le pied gauche devant, souffle Corentin dans mon oreille.
Je souris et serre les poings sur mon pantalon pour retenir mes tremblements.
- Merci du conseil, râlé-je de mauvaise grâce.
Le garçon n'a pas le temps de répliquer que voilà déjà le début de la délégation Drusse.
Alors je souris, je salue, j'embrasse les mains et les joues en inclinant docilement la tête selon toutes les instructions que j'ai réussi à me faire entrer dans la tête cette nuit. Puis vient le tour des Avadiens et enfin, des Bavateliens.Quand le dernier membre de la délégation passe devant moi, après avoir finit de se présenter, je m'autorise à souffler. Je n'ai reconnu personne et personne ne m'a reconnue. Eh bien voilà, c'était pas la peine de stresser !
C'est donc le cœur plus léger que je pars en direction des tentes dressées en l'honneur des étrangers dans le parc. Peut importe que les autres me regardent mal quand je marche au milieu d'eux, peu importe qu'il ne reste que Corentin à mes cotés. Je m'en fou, pour les étrangers je ne suis qu'une candidate comme les autres.
Sauf qu'il ne faut jamais crier victoire trop vite...
- Mademoiselle ? m'interpelle-t-on alors que j'apporte un verre à Corentin en me faufilant dans la foule.
Je m'immobilise. Cette voix à l'accent grave, c'est celle d'un Bavatelien. Je me sens mal soudain...
Je tourne la tête, méfiante, pour me retrouver face à un homme blond au visage sec et fermé. Ses traits sont plissés, partagés entre politesse de surface et quelque chose de plus profond, quelque chose de pas net.
- Que c'est gentil, un verre pour moi ! fait-il en me prenant la coupe des mains.
J'en reste bouche bée.
- Ça fait quelques jours que je suis votre évolution dans la compétition, je dois dire que je suis ravis de faire enfin votre connaissance, poursuit-il distraitement en jouant avec le liquide dans le verre. Vous auriez un peu de temps à m'accorder ?
Mes membres frémissent. Derrière ses airs nochalants, je sais avec certitude que cet homme est une menace pour moi. Mais je suis obligée de bien me comporter donc je dois accepter cette proposition, aussi douteuse soit-elle.
- Bien-sûr ! je réponds poliment en me tordant les mains. Donnez-moi juste le temps de prévenir ma photographe et je vous rejoins...
Ses lèvres se convulsent, il n'est pas ravis de l'idée. Mais je ne lui laisse pas le temps de répliquer en filant chercher Patrina. Hors de question que je reste seule avec lui !
- Patrina, soufflé-je en arrivant devant la photographe. Je vais discuter avec un Bavatelien...
Et je garde la gorge sèche, sachant que l'inviter à nous rejoindre éveillera les soupçons. Heureusement, elle comprend tout à fait ce que je veux.
- Je vous suis, déclare-t-elle en posant son verre pour attraper l'appareil photo pendant à son cou.
Je la remercie d'un signe de tête puis repars dans l'autre sens, avançant lentement mais sûrement vers mon triste destin.
Voler un riche Bavatelien, quelle idée foireuse ! Fallait bien que ça me retombe dessus un jour ou l'autre...- Vous revoilà, s'extasie l'homme en me voyant réapparaître.
Comme si j'avais pu l'oublier...
Il me tend un bras que je regarde un instant, hésitante. Je pourrais le refuser, je pourrais fuir. Je devrais d'ailleurs, c'est ce que j'ai toujours fait.
Mais que je le veuille ou non, je n'en ai plus le droit aujourd'hui. Alors je me vois forcée de passer mon bras contre le sien avant de me laisser entraîner à l'écart.
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Best's game
Genç KurguÇa n'aurait dû être qu'un défi avec son frère. Un nom inoffensif, un sourire faux, des couettes dressées sur sa tête... comme si Gabrielle se faisait des couettes ! Sauf que c'est son nom qui a été sélectionné. Alors elle doit y aller. Passer des...