Best's game

45~ La confiance

— Eliam ?

Ma voix fend à peine le brouahah du vent, ça n'empêche pas tout le monde de m'entendre.
D'Adama, Elya, Anthony, Juliette ou Corentin, je ne sais pas lequel je surprends le plus. Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas Eliam qui s'avance aussitôt à ma rencontre.

Il m'attrape le bras pour m'entraîner loin du boucan de l'hélico, me tirant vers la ville. Je m'attarde un instant sur ceux que nous laissons derrière nous avant de le suivre.

Eh bien, je ne m'attendais pas à une réaction si tranchée !

Nous entrons dans la petite ville sans être suivis et commençons à marcher côte à côte. Nous restons silencieux... enfin, c'est sans compter mon cœur qui s'affole à l'idée de ce que je dois lui confier.

— Tu as bien dormi ? s'enquiert Eliam au bon d'un moment.

— Euh... oui, je réponds mollement, surprise par la banalité de la question. Et toi ?

Il rassemble les mains dans son dos et sourit, le visage levé vers le soleil tapant.

— Très bien.

Il me faut un temps avant de poursuivre.

— J'ai fait une découverte hier.

Ce n'est qu'en le disant à voix haute que ça devient réel.

J'ai réfléchi longtemps avant de me décider à parler au prince, à l'inclure dans mon enquête. Mais c'est mon allié maintenant, je dois m'y faire. Il a raison, nous avons plus de chances de réussir à trouver le traître si nous nous aidons. Alors malgré mes réticences, il faut que je tente le coup.

Et puis... pour ne pas mentir, je suis aussi soulagée de pouvoir me confier. C'est agréable comme sentiment.

... mais peut-être aurais-je dû choisir quelqu'un d'autre pour commencer.

— Que le second prince de Marath est une tête brûlée qui s'amuse à mettre sa vie en danger juste pour le plaisir ? me prend de court le garçon en m'interrompant, d'un ton tout à fait égal. Qu'il s'invente une vie pour échapper aux tourments que lui causent sa famille ? Qu'il a des amis qui s'amusent à le trahir ?

Eh bien... il sait mettre l'ambiance.

Sa voix est désintéressé, on pourrait croire que rien de tout ça ne compte pour lui. C'est dingue de voir avec quelle facilité il peut manier son intonation pour faire croire ce qu'il veut. J'en viens à douter de sa bonne volonté, ça me refroidie...
Mais je secoue vivement la tête pour m'éclaircir les idées.

C'est pas le moment de me laisser déconcentrer !

— Tu sais parfaitement de quoi je parle.

— C'est vrai... 

Je pousse un soupire.
Il est tout ramollo, c'est décourageant.

— Alors, qu'est-ce que tu as trouvé ?

En tournant la tête vers lui, je remarque que ses points sont serrés. Il est plus attentif qu'il n'y parait. 
Ça me redonne de l'espoir. Je ne suis pas la seule à me faire du soucis pour tout ça désormais.

— J'ai assisté à un échange suspect entre Louise et Martin quand je suis rentrée.

Le garçon plisse les yeux.

— Louise et Martin ?

— Je comprends pas trop non plus, avoué-je. Louise pourquoi pas, mais Martin...

— Et ils se disaient quoi ?

Ne cherchant pas à m'offusquer de son ton autoritaire, je m'occupe de lui relater la scène. Il m'écoute en se tenant le menton, concentré. Pour une fois, il semble prendre quelque chose au sérieux.
Ça change de d'habitude...