51~ L'assassin

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— Bonjour Gabrielle.

Le murmure doucereux du garçon me donne des frissons.
Oh, j'aimerais être partout sauf ici !

Je ne sais pas de quoi cet Aurore est capable. Ce n'est pas Martin, c'est un foutu noble à l'allure de psychopathe dont je ne sais absolument pas les capacités !

J'ai un poignard à la ceinture... un poignard à la ceinture...

J'ai de quoi garder mon came. Je dois garder mon calme !

— Je me demandais quand vous m'honoreriez de votre présence. Voyez-vous, il est difficile de vous approcher...

— Le moment est plutôt mal choisi pour les reproches, répliqué-je sèchement.

Il ne sourit pas. Non, il est trop hautain pour ça. Et moi, je me demande pourquoi il cherchait à m'approcher.

— C'est irrespectueux de répondre...

— Il est aussi mal choisi pour les politesses.

Énervé, le garçon serre les poings. On dirait un gosse, je l'ai déjà mis en rogne. Peut-être qu'il se laissera battre facilement finalement...

— Martin, dégage, soufflé-je.

Les yeux rivés sur Henry-Louis, je le vois tourner la tête vers le garçon. Martin nous regarde tour à tour, sans hésiter plus longtemps pour partir en courant.

Bien. Il ne me gênera pas. Je peux prendre les choses en main désormais.

— Je dois avouer que tu me déçois, critiqué-je en levant les mains. Oh, pas pour cette histoire de poison (parce que pour que Martin soit impliqué et qu'il ai aussi tenté de recruter Louise, c'est bien ça qu'il doit tenir dans les mains). Je ne sais pas à quels loisirs vous vous livrez, vous, les Aurores. Ça vous regarde. Mais impliquer un pauvre Crépuscule dans ton affaire, c'est pas très honorable...

Henry-Louis serre plus fort les points.

— Ton avis...

Eh bien, je l'ai assez énervé pour qu'il se laisse aller au tutoiement ? Amusant.

— C'était parce que tu ne voulais pas te salir les mains à cueillir des plantes ou juste parce que t'es nul en botanique ? le coupé-je en avançant de quelques pas.

— Je te conseille de t'arrêter !

La voix du garçon se fait assez menaçante pour me faire obéir.

— C'est... c'est vraiment dommage d'en arriver là, regrette-t-il sincèrement. Peut-être aurais-je pu te mettre dans le coup il y a quelques jours. Mais maintenant que tu t'es accoquinée avec le... prince... la situation se complique...

Je serre les poings, geste instinctif quand on commence à parler de ma relation avec Eliam sur ce ton —allez savoir pourquoi. Et puis je n'aime pas vraiment la manière dont cet imbécile crache le mot "prince".

— Quoique... reprend-t-il en plissant les yeux. Peut-être qu'une somme assez importante pourrait te faire changer de camps...

Oh bien, de la corruption maintenant ! 

Ses yeux froids m'inspectent, détectant mon approbation. Et si il me proposait ça il y a quelques semaines, je l'aurais donnée sans hésiter. Seulement, je ne suis plus la même qu'il y a quelques semaines...

— Je ne mange pas de ce pain là, refusé-je fermement.

Mon instinct ne s'oppose plus à mes paroles. Très bien, je semble avoir gagné quelques miettes d'héroïsme ces derniers jours.

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