52~ Au revoir

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L'après-midi est passée, terriblement longue.
Le Palais a été passé au peigne fin, on nous a confinés dans nos chambres pour laisser les gardes faire leur travail.
Comme si ils pouvaient trouver quelque chose qui sorte de l'ordinaire, comme si leur ridicule inspection pouvait servir à quelque chose !

Le seul assassin assez idiot pour se montrer a été maîtrisé. Et si il y a toujours un Loup-Gris au Palais, ce n'était certainement pas le moment qu'il choisirait pour agir. Ils nous cloîtraient entre quatre murs pour rien, me laissant à ruminer furieusement, tournant en rond comme une lionne en cage.

Au lieu de poursuivre mon enquête, j'ai été obligée de m'isoler dans ma chambre, à me chauffer les méninges sans que que rien ne me vienne de productif. J'ai juste réussi à me faire encore plus douter.

Plus j'y réfléchis, moins je pense qu'Henry-Louis est un révolutionnaire. Il voulait le trône, il ne défendait que sa famille. Et puis il dénigrait les Nuits. 
Ça veut donc dire que le véritable danger est loin d'être écarté.

J'ai dîné avec Nora et Patrina. C'était étrange, ce repas à trois. Mais pas désagréable.
Patrina n'a pas soufflé mot, comme à son habitude, alors Nora parlait pour deux. Inquiète pour moi, elle me répétait que tout allait bien se passer. Les gardes menaient l'enquête, ils s'occupaient de notre sécurité. Je n'avais rien à craindre, selon elle.

Je crois qu'elle ne voyait pas les grimaces que j'esquissais. C'est Patrina qui les voyait. Elle sait qu'on reste en danger, elle. Un danger plus profond que les folies meurtrières d'un petit nobliau. Oh oui, elle sait beaucoup de choses. Sauf qu'elle ne m'apprendra rien. Face à son implacable neutralité, j'ai décidé de jeter l'éponge.

Je tourne la lettre en papier entre mes doigts, une lettre rédigée par l'organisateur du jeu à destination de chaque participant. Il nous apprend que la journée de demain sera banalisée. Nous pourrons ressortir de nos chambres dans la matinée, il nous assure que le danger a été écarté. Et puis Athelios viendra même nous rendre visite.
Le prince va jouer la mascotte, il rassurera les autres. Mais je sais que le message que j'aurai à lui porter sera tout autre.

Ce n'était pas le Loup.

Je soupire longuement en relisant les dernières lignes de la lettre. 

"Bien que votre sécurité soit assurée, vous êtes est autorisés à quitter le Palais si vous vous sentez menacés."

Je détourne les yeux.

Qui partiront ?

Ce luxe m'étant interdit, mon avis devient partagé. J'ai à la fois envie que les autres rentrent chez eux, qu'ils fuient le traître, mais j'ai aussi peur de me retrouver toute seule. Et si cette dernière pensée est égoïste, c'est bien celle qui prédomine.

Voleuse dans l'âme, pas vrai ?

Je souris ironiquement en regardant la lune. Des trahisons et des attentats de partout, c'est pas si différent que chez moi.

Martin partira. Il s'est fait manipulé, il en a trop vu pour rester. Nous nous sommes arrangés pour pas trop l'impliquer dans nos explications mais il risque gros si on venait à apprendre le rôle qu'il a joué dans l'affaire. Si il ne part pas demain, c'est que c'est lui le Loup.

Mon sourire s'étire à cette pensée. Oh, c'est une façon comme une autre de faire le trie dans les candidats. Peu importe combien resteront, l'un sera là pour tuer. Du moins, si c'est vraiment ce qui est prévu...

Je ferme lassement les yeux, l'âme en berne. Elle est bien loin d'être finie cette histoire...

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