59~ Un bon coup de pied au cul !

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— Ça va ? 

Je rouvre brusquement les yeux, réveillée, et me retourne du côté de la porte entrouverte pour voir Corentin avancer vers mon lit.
Nora va fermer derrière lui, un sourire sur les lèvres. Je la fusille du regard.
Quelle traîtresse celle-là...

— Non.

Et je tourne le visage vers le plafond.
Qu'il parte, je veux être seule ce soir.

J'entends quand même des pas se rapprocher de mon lit.
Étrange, Corentin n'est pas du genre à insister pourtant.

— Ta main...

Je ferme les yeux en serrant un peu plus fort mon badage contre mon ventre.
Si en plus c'est pour me parler de ça...

Le garçon s'agite à côté de moi, mal à l'aise.

— J'ai passé la matinée à l'infirmerie, m'informe-t-il. Je voulais te voir, mais ils m'ont dit que tu n'étais pas en état...

Oh oui, j'étais mal au point. Et ça n'a pas changé alors qu'il me laisse tranquille !

— Je me suis fait du souci...

— Ça servait à rien. Je suis en vie, tu vois ?

Je laisse ma voix retentir dans ma cage thoracique, rauque et grondante.
Il va comprendre qu'il me gonfle maintenant ?

Visiblement non. Il continue à danser sur ses pieds comme un pingouin, mais ne part toujours pas.

— T'as pas raté grand chose, aujourd'hui.

Ça devrait être une bonne nouvelle. Mais si il pouvait savoir à quel point je m'en fou !

— On a passé l'après-midi au musé d'Agwan. Je t'ai apporté les informations qu'ils nous ont données, je crois qu'il faut les apprendre pour après-demain. Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à m'appeler...

— Merci.

Je m'efforce d'être aussi sèche que possible, ne daignant même pas lui accorder un regard.

J'en ai rien à faire de son aide. Déjà, je ne veux pas l'accepter. Et puis je n'en ai même pas besoin !
Je n'ai plus envie de rester en compétition. Je pars à la prochaine élimination et j'essaierai de me débrouiller pour vivre du mieux que je peux à Hiberna, malgré ma main estropiée.
Athelios peut bien m'accorder ça après tout ce que j'ai subit. Qu'il me rende mon frère et qu'on n'en parle plus, je suis lasse de tout ça.

— Qu'est-ce... demande encore Corentin au lieu de me laisser en paix. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Je pousse un long soupire et laisser retomber mon visage vers lui, la joue contre l'oreiller.
Je le regarde de mes yeux vitreux, les lèvres sèches et la joue tirée de ma coupure cicatrisée.

— Je... commencé-je, cherchant une excuse foireuse à lui raconter.

Mais ma voix part toute seule. Et sans que je ne le vois venir, mes yeux se mettent à pleurer.

Eh merde...

— Excuse-moi ! s'horrifie Corentin. Oh non, je ne voulais pas que tu... je ne...

Il bafouille, ne réussissant pas à formuler les excuses appropriées. Oh, il ferait mieux de se taire. Je n'en ai pas besoin !

Je ferme les yeux, tentant de refouler mes larmes. Peine perdu, elles coulent sans me demander mon avis. Des traîtresses elles aussi, même mon corps me trahit !

Alors, au lieu de quitter la pièce comme il devrait le faire, Corentin se rapproche de moi. Il passe une main contre ma joue pour essuyer mes larmes, range mes cheveux derrière mon oreille et prend délicatement ma tête pour la porter contre lui

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