3~ Ne suis-je pas belle ?

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Des cheveux parme, voilà sur quoi s'est porté notre choix. Pas violet sombre ni violet vif. Pas vraiment violet au final. Juste une douce teinte lilas tirant sur le blanc. Une belle couleur qui pourra être assortie à n'importe quelle tenue. Et quand Darwish reprend le soin de mes cheveux crasseux, c'est en fredonnant doucement, satisfaite de l'idée.

Vu l'enthousiasme des deux femmes je pense que je pars bien. Et quand après une longue séance mêlant soins du corps, des cheveux, manucure, épilation et coiffure, j'ai le loisir d'admirer le résultat dans un miroir, ça devient une certitude.
Parce que même dans cette vulgaire serviette beige j'en impose. La coupe est simplement magnifique. Courte, oui. Au dessus de mes épaules. Elle a touché à mes cheveux la grosse framboise... et rien que penser à mon ancienne tignasse blonde me fait frissonner. Des années de galère gaspillées. Mais là... j'ai de quoi sérieusement réviser mon jugement.

Mes cheveux sont légèrement bouclés par le fer. Pour la première fois de leur vie, ils sont brillants, doux, aérés... Mais surtout, ils sont parmes. Et ça fait bien toute la différence.
Je lève les mains pour soupeser les boucles. Elles sont artificielles, elles ne resteront pas longtemps. Mais la couleur sort tant du commun que ce ne sera pas une grosse perte. Même lisses, mes cheveux resteront incroyables.

Oui, Darwish a peut-être la langue trop pendue, mais son œuvre est si belle que j'en oublie tout ce qu'elle a pu dire de désagréable.

- C'est... magnifique, j'articule doucement.

Le regard de la styliste est doux dans le miroir, ravie de sa performance.

- Je... commence-t-elle.

- Je suis bien d'accord ! la coupe une troisième voix.

Nous sursautons, Nora nous prend toutes les deux par surprise en faisant irruption dans la pièce, des tissus de toutes couleurs plein les bras. Son regard est brillant, elle aussi admire le travail de la coiffeuse.

- C'était une bonne idée, approuve finalement la grosse styliste avec ce petit sourire en coin que je lui découvre sincère.

Et me voilà à sourire comme une idiote moi aussi. Ah, une jolie coupe et te voilà sourire Gabrielle ! On va bien vite te perdre...

- Viens Nora, demande Darwish. Montre-moi ce que tu nous as préparé.

Je regarde distraitement les deux femmes commencer à trier les vêtements, toujours absorbée malgré-moi par la jeune fille que je vois dans le reflet du miroir.
Oui, cette coupe est merveilleuse. Un simple mouvement du poignet et la voilà rangée sagement derrière mes oreilles. Des cheveux démêles, ça fait longtemps que je n'en ai pas savouré les bienfaits.

Quand je tourne la tête, m'observant sous toutes les facettes de mes prunelles brunes mises en évidence par la douce couleur parme, je ne vois pas l'une de ces petites fofolles qui grouillent à la télévision, à mon grand soulagement. Oh oui, je suis loin de ces hystériques du Best's Game qui m'horripilent un peu plus chaque années. J'ai l'air calme, j'ai l'air sage, et ça me rassure. Parce qu'avec cette coupe, je n'aurai pas besoin d'en faire trop pour qu'on me voit.

Je viens de gagner une semaine.

- Viens ici ma douce, m'appelle finalement la styliste.

Oui, on est passé d'"anguille" à "ma douce". Je n'ai pas exactement saisis la transition... mais elle est pour le mieux ! Alors c'est avec enthousiasme que je me retourne, mais les sourires amusés des deux femmes chargées de me préparer me douchent bien vite.

Oh, j'ai passé trop de temps à me regarder ?
Je me mets à rougir puis m'approche lentement d'elles, un peu honteuse.

- Ça fait de l'effet une nouvelle coupe, n'est-ce pas ? fait gentiment Nora.

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