Best's game

29~ Bientôt fini...

— En première place, monsieur Eliam ! annonce la belle Isira.

Je ne la regarde pas ce soir, mes yeux sont rivés sur le sol.
C'est ma troisième élimination et c'est celle que je vis le plus mal. Déjà que la dernière fois c'était pas top... dans quel état je vais être la semaine prochaine ?

Si je reste, si je reste. Ce qui est loin d'être joué. Mais loin d'être impossible aussi !

Les yeux perdus dans le noir, je repense à hier soir. Corentin est partit tôt, après un bisou sur la joue qui m'a fait la plus grosse des claques. Il croit en moi, malgré tout. Donc j'y crois aussi maintenant. Je suis tombée bien bas, mais je suis celle qui ploie dans la tempête. Pas celle qui se brise.

J'ai remis mes draps contre la porte-fenêtre pour passer la nuit, je crois que je ne dormirais jamais mieux qu'à cet endroit. J'ai longuement regardé le noir, observé le parc où disparaît Eliam tous les soirs sans chercher à penser à lui. Je n'ai pas pensé au bal, pas pensé aux autres, pas pensé à la suite. Je ne choyais plus que cette ferme résolution que Corentin avait imprimée dans mon cœur, et j'ai juré à lune de rester dans la compétition.

Puis j'ai suivi le cours de ce matin, me murant dans un silence glacial assortit d'un regard de braise pour quiconque me dévisageait. Ils m'ont tous planté un poignard dans le dos hier, et je n'oublie pas les trahisons.

— En seconde place mademoiselle Adama, poursuit la présentatrice avec entraint. Puis monsieur Corentin, mademoiselle Louise,...

Je serre un peu plus fort la main de Juliette. Elle qui est venue manger avec Corentin et moi ce matin, elle qui se fait peu à peu une place dans mon cœur à force de m'épauler. Capucine et Louise m'ont lâchée, j'ai du mal à accorder encore ma confiance sans avoir peur d'être à nouveau laissée de côté. Mais la jeune fille ne désespère pas. Plus les autres s'éloignent de moi, plus elle se rapproche. C'est agréable, vraiment agréable d'avoir son soutient.

— ... monsieur Anthony, mademoiselle Capucine, monsieur Martin, monsieur Henry-Louis, mademoiselle Elya,...

Les noms s'écoulent comme les chances qu'il me restent d'être là pour la prochaine semaine. On en est au neuvième sur treize, il reste quatre places.

— Mademoiselle Juliette,

Trois.

— Mademoiselle Hyacinthe,

Deux.

— Monsieur Dorian,

Un.

— Mademoiselle Gabrielle,

Zéro...

Mes yeux se rivent sur l'écran, se rivent sur mon nom qui s'affiche à la treizième position.

Oh merde, je reste !

Les spectateurs m'ont pardonnée. Ils ont passé l'éponge sur mon absence au bal, mon total manque de distinction, mes performances désastreuses de la semaine et mon désespoir. Ils les ont acceptée, ils me gardent dans la course !

Et tout ça... grâce à Corentin.

Mes yeux courent sur les silhouettes sombres jusqu'à trouver son regard. Son visage, ses joues, ses lèvres qui sourient béatement.

On a réussi, on l'a eu ce sursit !

Et quand les spots se rallument, je ne songe qu'à courir dans ses bras. Je le serre fort contre moi, aussi fort que le demandent mes nerfs à vif.

Je reste pour les cinq prochains jours, mon pari est gagné !

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